« Bienvenue au pays du muscadet », indique un panneau à l’entrée du village Le Landreau, dans le vignoble, à une trentaine de kilomètres au sud-est Nantes, où vivent paisiblement 3 000 âmes. C’est là qu’habitait Virgile Porcher, dans une petite maison non loin du centre, depuis deux ans avec son ami Gaëtan, danseur également. »
Virgile Porcher, fauché par une camionnette folle au marché de Noël de Nantes, qui a succombé à ses blessures « Ceinturon de cow-boy, chapeau Stetson noir, cravate texane et santiags aux pieds, « il était heureux quand il dansait » témoigne Iliade. Et il donnait du bonheur aux gens à travers la danse. « C’était toute sa vie. Il était très professionnel. Il avait la danse dans la peau. Il aimait ça, raconte Iliade, les sanglots dans la voix. Il avait une telle joie de vivre. C’est moche ce qui lui est arrivé, ainsi qu’à ses proches. »
Stéphanie LAMBERT dans Ouest-France, avec justesse et humanité, raconte la mort brutale et forcément injuste d’un innocent. link
Alors moi le vieux baby-boomer, né en 1948, je lui dédie ces extraits de « Nous les enfants de 1948» de Capucine Vignaux consacré au be-bop et aux beatniks des années 50. Je sortais à peine du berceau.
« Les jeunes d’alors sont bien décidés à s’amuser et à profiter de la vie. Survivre, ils l’ont déjà fait : maintenant c’est de vivre qu’il s’agit. Et ce, au rythme du jazz de la Nouvelle-Orléans, du boogie-woogie (« buji-wouji » pour les plus vieux) et du be-bop. Ils montent de petites formations, ménageant à chacun un solo et improvisant avec audace. Mais la jeunesse jazzy est partagée…
- Les sages ceux qui écoutent le « Panorama du jazz américain » de Sim Copans sur Paris-Inter,
- Les « sauvages » qui y voient une « musique libre » et qui ont saccagé l’Olympia.
« Le be-bop, on l’écoute avec un sérieux confinant à la déférence, ou bien on le danse en couple, vêtu de blue-jeans et baskets. Les filles sont parfois en jupe ample ou bien droite, longue et fendue jusqu’aux hanches. Pour les conservateurs, le jazz n’est pas une musique sensuelle mais « sexuelle », et ses artistes n’arrivent pas à la cheville des musiciens classique […]
« Il faut vivre vite car « si tu t’imagines, fillette fillette xa va xa va durer toujours la saison des za, la saison des za, saison des amours […] ce que tu te goures… » Chantait Gréco d’après le poème de Queneau. Lemarque et Mouloudji prêtent leur voix à Prévert, Queneau et Vian […] Au club Saint-Germain, au tabou, au Flore, on cache moins son homosexualité, et on ne respecte sûrement pas l’ordonnance de 1949 interdisant aux hommes de danser ensemble. »
Vous avait-il parlé de son souhait de donner ses organes ?
ESTELLE PORCHER sa sœur : Pas à moi, mais il en avait parlé à l’une de ses proches amies. Cette volonté d’aider, ça lui ressemble tellement. Il est mort, mais quelqu’un va vivre grâce à lui. L’hôpital de Nantes nous a dit que seulement 39 personnes avaient donné leurs organes cette année. C’est cette image qu’il faut garder de lui, quelqu’un prêt à tout pour aider les autres. Virgile était un trésor.