Ayant connu Coluche lors de la création des Restos du Cœur je suis sûr qu’il aurait mouillé le maillot, même à la Vente des Hospices de Beaune, pour son association. Sur le principe même de cette vente de charité toutes les opinions sont admissibles mais, que je sache, les enchérisseurs sont, par construction, des gens qui en ont les moyens. Donc, soit l’on condamne ou l’on désapprouve et l’on n’y va pas ; soit, comme moi, qui ne suis pas particulièrement séduit par le charity Buiseness, l’on se risque à traduire son ressenti de cet exercice. Une petite précision technique : le tonneau de cette année : 500 litres était d’une contenance double de celui mis en vente d’ordinaire pour marquer le 150ième anniversaire donc ça ramène l’enchère à la hauteur du record précédent. Pour alimenter la réflexion, sortir du pur commentaire, je vous propose un beau texte de Pierre de Jean Olivi franciscain du Languedoc né à Sérignan en 1248, à propos du nécessaire et du superflu.
« L’excès dans l’utilisation des choses doit être évalué en fonction de la diversité des choses utilisables. En effet, il en existe certaines, dont nous avons abondamment et fréquemment besoin, qui peuvent être aisément conservées et qui de fait le sont habituellement, comme par exemple le pain et le vin. Il y en a d’autres dont nous avons fréquemment besoin en quantité modérée, mais qui ne peuvent être conservées aisément et que l’on peut obtenir que par leur génération continuelle comme, par exemple, les produits du potager. Il existe également des choses dont nous n’avons besoin que rarement et en petites quantités, comme l’huile et les céréales. Et puis il y a les choses dont la conservation, plus que celle de beaucoup d’autres, revêt un caractère de richesse, et contraste, même du point de vue des laïcs et selon l’usage commun, avec la privation propre à la pauvreté : il s’agit de la conservation du grain dans les magasins et du vin dans les caves, et non celle de l’huile et du bois, à moins que l’huile n’équivaille en quantité et en prix au blé et au vin »
Bernard de Clairvaux condamnait l’opulence en tant que blocage improductif des ressources et en tant que spectacle dont l’objectif était d’augmenter les recettes des seigneurs qu'ils thésaurisaient.
« Il y a une certaine adresse à semer l’argent qui le multiplie ; on le dépense pour l’augmenter, et la profusion produit l’abondance. La vue de ces vanités somptueuses et surprenantes incite les spectateurs à offrir plutôt leur argent que leurs prières à Dieu. Ainsi les richesses enlèvent les richesses, et l’argent attire l’argent. Et ne sais d’où vient que plus on voit de richesses, plus on est porté à offrir les siennes »