Je suis frappé lorsque je parcours les papiers de ceux qui ont « dédiés » leur vie à la fréquentation quotidienne – du moins je l’espère – des tables de la Haute-Cuisine pour que le peuple des gastronomes sache où aller se restaurer sans dilapider son pactole, par l’indigence des quelques lignes consacrées au vin qu’ils disent avoir bu avec la cotriade de plats qu’ils se sont tassés dans le jabot. Le doute me rongeait sur leurs compétences autoproclamées sur le versant liquide de leur art jusqu’à l’instant où je suis tombé – comme on tombe amoureux – sur la phrase d’un Balzac fort dubitatif sur le cumul gastronomie/œnophilie chez le même individu.
« Boire et manger exigent des qualités différentes, quelquefois opposées. (...) L’homme est trop imparfait pour cumuler des penchants aussi nobles. »
De là à affirmer que les critiques gastronomiques ont pour le vin un goût médiocre c’est un pas que je peux franchir sans problème en soulignant que, bien évidemment, il existe des exceptions. Reste que la carence dans le domaine de la critique des cartes de vins des restaurants est entière et qu’elle favorise une forme de maltraitance à l’égard de notre beau nectar. Bombardez-moi d’acerbes critiques ! Réclamez ma tête sur une pique ! Faites-moi lapider par le syndicat des critiques gastronomiques ! Faites ce que vous voulez mais commentez !