Bonsoir chère Sandrine Blanchard,
Si j’ose m’adresser une nouvelle fois à vous, qui rappelez-vous aviez complaisamment tendu le micro au Professeur Président de Inca Dominique Maraninchi qui affirmait sans rougir « Le vin est un alcool, donc cancérigène » et que, bien sûr, le premier verre de vin nous précipitait la tête la première dans l’addiction la plus noire et était le plus sûr chemin pour choper ce foutu chancre, c’est pour vous faire part de ma surprise. Que dis-je de ma stupéfaction ! J’en suis tout tourneboulé. Mon étonnement est à son comble. Je suis proche de l’attrition.
En effet, dans ma boîte électronique de ce jour, à 12 :08, votre employeur : l’ancien austère journal Le Monde auquel je suis abonné via la Toile m’a dragué, m’a aguiché, m’a enjôlé, m’a alléché, avec une réclame pour une VENTE PRIVÉE de VINS&CHAMPAGNES du 6 au 12 décembre 2010. Exclusivité Le Monde.fr qu’ils disaient et même jusqu’à 50% de réduction qu’ils annonçaient. Donc, vous voilà par ce biais devenu, à votre corps défendant peut-être, « vendeuse de vins », ce qui entre nous soi-dit n’est pas un plus sot métier que de vendre du papier imprimé. Moi, pour ne rien vous cacher je trouve ça plutôt bien votre petit magasin de vins tout près de chez moi – pour mes lecteurs je précise que le Monde est logé au 80 Bd Auguste Blanqui et moi au 24 Bd St Jacques. Ces 2 boulevards sont bout à bout mais le premier est dans le 13e et le second dans le 14e, donc je suis à
300 mètres du siège – et je vous imagine, chère Sandrine, conseillant les clients sur les accords mets-vins.
Mais bon je plaisante, je galèje et mon ami Hervé va me reprocher de profiter de l’occasion pour sournoisement placer mon plan drague. Revenons à vous, chère Sandrine Blanchard grande-prêtresse de notre Santé Publique, dites-nous qu’en pensez-vous ? Si vous désapprouvez cette VENTE PRIVÉE peut-être pourriez-vous pondre dans les colonnes du Monde un de ces papiers dont vous avez le secret. Vous savez dans le style : moi j’ai une éthique, je ne fréquente pas ces affreux pinardiers qui veulent pervertir notre belle jeunesse avec leurs fruits défendus. Un truc bien senti qui plairait tant à tous vos amis les grands protecteurs de notre santé qui nous disent de bouger, de faire ceci mais de ne pas faire cela, de ne pas manger de ceci ou de cela, ou bien je ne sais plus trop quoi si bien qu’à la fin de tout ça on n’en a la tête farcie et qu’y’se pourrait bien qu’on se mette en arrêt-maladie.
Donc chère Sandrine Blanchard, tout en étant désolé de vous avoir accolé, même avec des guillemets, cette horrible étiquette de « vendeuse de vins », et en ne pensant pas une seule seconde que vous fussiez complice de ce vil commerce, vous pourriez tout de même faire un petit geste de repentance en prenant la peine un jour de venir voir en leur terroir – vous savez la terre où poussent les pieds de vigne qui font le raisin qui pressé et fermenté donne ce foutu vin que vous vouez aux gémonies – les femmes et les hommes qui y travaillent. Peut-être qu’après ce petit voyage sur la terre vous pourriez descendre plus aisément de votre Olympe médicale et écrire des papiers plus équitables.
J’en ai fini de mon ironie et vous prie de recevoir mes saluts de voisin du Monde.
Jacques Berthomeau