Pour qui, comme moi sur I-télé il y a quelques années, s’est retrouvé en face du dénommé Durand dans une émission a pu constater l’absolue suffisance du bonhomme et son incommensurable j’m’en foutisme. Les Guignols de l’Info lui ont, en leur temps, à juste raison, taillé le seul costard qu’il méritait, celui qui sied à un j’en foutre, un j’en foutre rien. Ce type est un ramier de la pire espèce : l’arrogante.
Que ce bouffon postmoderne, dans son habituelle syntaxe approximative, qualifiât les vins bios de dégueulasses, dans une émission de télévision du Service Public – que je finance comme vous tous par l’impôt – consacrée au réchauffement climatique avec l’ex-Mammouth Jospinien, relève de la vacuité de sa pensée qu’il compense par le recours systématique à des petites phrases qui se veulent provocatrices. Durand est à l’image de la télévision d’aujourd’hui : creux, frimeur et racoleur.
Quand j’ai vu sur notre blog des 5 routards – pas mal comme appellation Catherine, je m’imagine bien dans la peau de Peter Fonda ou de Denis Hopper en Harley, avec une veste à franges et des santiags, filant sur la route 66 – que Christine Ontivero avait pris la peine de lui écrire, en l’interrogeant « Savez-vous que la plupart des plus grands vignerons français et étrangers produisent leurs vins avec des raisins issus de l'agriculture biologique? » je me suis dit : « c’est vraiment lui faire trop d’honneur que de laisser supposer une seule seconde qu’il puisse savoir... » puis j’ai ajouté, dans ma petite Ford intérieure, « en plus elle perd son temps... »
Et puis, réflexion faite – ici, contrairement à la crèmerie d’Arlette, on réfléchit – à la lecture des noms cités par Christine Ontivero « Cazes à Rivesaltes, Domaine Zind-Humbrecht en Alsace, Alphonse Mellot à Sancerre, Domaine Huet à Vouvray, Domaine des Roches Neuves à Saumur, Chapoutier dans la Vallée du Rhône, Anne Claude Leflaive à Puligny Montrachet, François Chidaine à Montlouis sur Loire, Château Fonroque à St Emilion, Domaine St André de Figuière à La Londe les Maures, Pontet Canet à Pauillac, Domaine Singla dans le Roussillon dont les vins viennent de rentrer à l’Elysée… » j’ai goûté avec délice la honte fondant sur le beau costar du Durand. Ses copains ont du le vanner grave dans les dîners en ville : « Guillaume t’es vraiment trop... tu t’es salement vautré... allons comment as-tu pu zapper Michel Chapoutier... tu sais le braille sur les étiquettes d’Ermitage, ignorer Alphonse Mellot... tu sais c’est lui qui, au moment des présidentielles... non tu ne sais pas... et patati et patata »
Encore heureux que Christine n’ait pas cité Aubert de Vilaine et la Romanée-Conti, ou Nicolas Joly et la Coulée de Serrant, car là, pour notre pauvre Durand c’était l’abomination de la désolation, l’aurait même été la risée du plus petit grouillot de la rédaction. Pour un buveur d’étiquettes de son acabit se faire tacler de la sorte relève d’une forme civile d’excommunication des cités du Livre Rouge – le Who’s who –. Le voilà pris en flagrant délit d’ignorance crasse. Carton rouge ! Exclusion. Ainsi va la vie de ceux qui se prennent pour des stars alors qu’ils ne sont que de simples haut-parleurs ânonnant des fiches préparées par une batterie de petites mains sous-payées. C’est vraiment Vérigoud !
Attention, que ceux d’entrevous qui n’apprécient les vins bio que du bout des lèvres ne prennent pas trop vite le parti du Durand des beaux quartiers car le qualificatif de dégueulasse il pourrait bien le leur servir sans autre forme de procès lors d’une émission du même tonneau que celle de ses consœurs d’Envoyé Spécial. Je l’imagine fort bien balancer à un digne représentant de l’INAO « mais votre vin bourré de pesticides il est dégueulasse... » L’important pour Durand c’est d’être dans le sens du vent.
Même si, en remettant le Durand à sa juste place : dans les cintres, je passe un peu de baume sur vos blessures je sais bien qu’en ce moment nous ne sommes pas vraiment gâtés, et par les gars et les filles de la Télé, et par la Sandrine Blanchard du boulevard Auguste Blanqui, et par tout les couards qui s’abritent derrière la loi Evin. Pour vous consoler je vais faire une confidence : croyez-moi Durand il est proprement imbuvable !
PS. à l’attention de mes compagnons routards, Michel et Hervé, qui pourraient s’estimer rudoyés par mon franc-parler à propos de l’opération Beaujolais « Grand Corps Malade » : je souhaite leur faire comprendre que, avec toute l’amitié et le respect que j’ai pour eux, comme je suis en « mission » - auto-missionné certes – mon intérêt prioritaire est de faire remonter de la « base » du matériau. Ce qui a déjà commencé. Délivrer une ordonnance, comme le font les médecins d’aujourd’hui, vite fait bien fait sur le gaz, c’est souvent ne s’attaquer qu’aux symptômes plutôt qu’aux causes. Dans mes missions semelles de crêpe je prends plutôt le profil médecin de campagne. En effet, c’est plus chiant d’aller à l’AG de la coopérative de Moulin à Vent que de déguster au château des Jacques, mais ainsi va la vie du missionnaire (un jour l’ami Robert Skalli m’avait qualifié de moine civil pour un portrait de Catherine Bernard dans la Tribune). Bref les gars vous me prenez comme je suis, chiant et tourné vers l’objectif que je me suis fixé. Nos pays, et pas seulement le Beaujolais, et pas seulement pour le vin, comme l’aurait dit le Général il y a pour notre vieux Pays une « ardente obligation » de se colleter à leurs problèmes qui, s’ils étaient si simples à régler, ne seraient pas face à nous. Comme l’aurait dit Pierre Dac « si tout le monde faisait du bon y’aurait pas de mauvais... »
