Il n’y a pas que le vin dans ma vie. Souvent j’ai vu certains sourire lorsque je m’échinais à tenter de capter l’attention sur mes histoires laitières. Tu nous gonfle Berthomeau ce n’est pas parce que tu fais le médiateur dans le terroir profond que les questions que tu soulèves sont importantes. Soigne ton ego Berthomeau… » Ben oui, et voilà que l’actualité claque le bec
La nouvelle est tombée hier matin au comité central d’entreprise extraordinaire à Paris : Candia envisage de fermer trois sites, dont celui du Lude (Sarthe), qui emploie 190 salariés. La fermeture serait programmée en 2014. Un comité d’entreprise doit se tenir au Lude vendredi 9 novembre. Les deux autres sites, Saint-Yorre (Allier) et Vienne (Isère), seraient concernés par la fermeture. 313 postes sont menacés au total. Pour les non-initiés Candia est la propriété du groupe coopératif SODIAAL qui a cédé le contrôle de sa marque Yoplait au groupe américain General Mills 51% de Yoplait dont 50% par le Fonds PAI de Paribas pour un prix de 800 millions d’euros. Sodiaal, qui a repris Entremont, emploie près de 7.000 salariés en France et travaille avec plus de 12.000 producteurs de lait auprès desquels il récupère le lait pour le transformer.
Le groupe Sodiaal a donc programmé «le regroupement de la production de la société Candia sur cinq sites de conditionnement de lait de consommation à l'horizon 2014, au lieu de huit actuellement», afin «de renforcer» l'entreprise dans le secteur du lait de consommation qui «voit, année après année, sa compétitivité se dégrader face à la concurrence européenne».
Le Lude c’est dans la Sarthe. C’est le pays de mon amie Magot avec qui je déjeune aujourd’hui, étrange coïncidence. J’y suis allé un dimanche à la foire aux plantes qui se tenait sur les pelouses du château. En arrivant au Lude, en contre-bas, sur les bords du Loir, j’ai vu cette usine enclavée dans l’agglomération. Elle est là depuis 1910 je crois. Rude coup pour cette petite ville mais, sans vouloir jouer les oracles, c’est ce que j’ai pensé sur le moment : c’était inscrit dans ce que j’observais au cours de ma mission. La concentration des outils, liée à la concurrence sauvage induite par la Grande Distribution, condamnait cette usine en ce lieu si paisible et si champêtre.
Pour Gervais Bergeot, secrétaire du syndicat CFDT agroalimentaire de la Sarthe, «C’est un coup très dur. 180 licenciements sur un territoire où l’emploi souffre beaucoup depuis des années… Le reclassement des salariés va être très compliqué. L’usine est enclavée en ville, en bord de Loir. On voit mal comment on pourrait y implanter une nouvelle activité. Le seul point positif, c’est qu’on a un peu de temps, jusqu’en 2014, pour travailler au reclassement des salariés. On pense notamment au bassin d’emploi de Sablé, où il y a Bel. Au niveau régional, la CFDT va contacter la personne en charge du redressement productif à la préfecture de Région, pour que l’État nous vienne en aide. »
Le second site qui va fermer ses portes je le connais aussi puisqu’il s’agit de celui de Vienne dans l’Isère dont mon Ministre, Louis Mermaz, était le maire. Il en était fier et vous vous doutez bien que nous surveillions à l’époque son devenir comme du lait sur le feu. Candia est implanté à Vienne depuis 1965. « On s'attendait à une restructuration, mais pas de cette ampleur » a confié à l'AFP Yvon Gérard, délégué syndical central CFDT chez Candia.
La filiale de Sodiaal subit de plein fouet les effets de la « guerre du lait " » en Europe. « Si notre chiffre d'affaires se maintient à 1,2 milliard d'euros, nos marges se réduisent alors que nous n'arrivons pas à répercuter la hausse des prix du carburant, des emballages et autres matières premières. Nous devrions être dans le rouge en 2012 » assure M. Vandoni DG de Candia.
« Depuis quelques années, la grande distribution fait appel à des laits produits hors de nos frontières, en particulier du lait allemand vendu sous marque distributeur (MDD), pour faire pression sur les prix ", explique M. Gérard délégué CFDT. « Celui d'une brique de lait UHT de base n'a quasiment pas bougé en une décennie à 55 ou 57 centimes », affirme M. Vandoni. Et, en début d'année 2012, sous la pression des concurrents, Candia a concédé une baisse de 12 % à 15 % du prix des laits vendus sous MDD (ils comptent pour 70 % du marché français).
Parmi ces agressifs rivaux, il y a le français Lactalis avec sa marque Lactel mais aussi l'allemand Muh. Ce dernier, qui a dégagé un chiffre d'affaires de 680 millions d'euros en 2011 et vient de fusionner avec le danois Arla Foods, s'est développé en vendant du lait UHT aux chaînes de hard-discompte allemandes comme Lidl ou Aldi. « Nos plus grands sites produisent 300 millions de litres », explique M. Vandoni, alors que l'usine de Muh, à quelques encablures de la frontière luxembourgeoise, peut produire 1,4 milliard de litres par an. La capacité des sites de Villefranche et de Saint-Yorre, entrés dans le groupe Sodiaal il y a deux ou trois ans au gré de rachats successifs, sont respectivement de 15 millions et de 80 millions. Le site du Lude aurait, lui, pour désavantage de ne produire que des briques de lait et pas de bouteilles. » Nous gardons les sites "europerformants ». Nous voulons saturer les sites et assurer un équilibre géographique pour maintenir la collecte de lait, souligne encore M. Vandoni. Nous nous préparons à la fin des quotas laitiers prévus en 2015. La compétition sera alors encore renforcée. » (source Le Monde)
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, élu de la Sarthe, va recevoir ce vendredi au Mans des représentants du personnel du site de Lude à l'issue d'un comité d'entreprise, pour apprécier l'ensemble du dossier et ensuite nous exprimerons la position que nous aurons défini ensemble », a déclaré à l'AFP le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot.
Ma réserve et mon devoir de réserve ne me permettent pas d’aller au-delà de ce pur constat mais permettez-moi quand même de regretter que les petites voix qui tentent d’alerter ceux qui nous gouvernent, ceux d’avant comme ceux d’après, ne soient pas entendues. Ça ne changerait pas forcément le cours des choses mais ça permettrait d’anticiper, de prévenir les consommateurs que leur comportement d’achat « au moins cher du moins cher » est le vecteur le plus puissant de la destruction de leurs emplois.
La désindustrialisation de notre beau pays, et dans les IAA c’est patent, est intimement liée aux problèmes de sourcing des usines : coûts de collecte et taille des outils et au comportement des consommateurs. La fin des quotas laitiers va bouleverser la carte laitière de ce pays. De plus les usines ça pue et ça pollue. Enfin, qui se soucie d’où vient sa brique de lait UHT ? Ce qui compte c’est le prix, ce qui peut se comprendre en ces temps de budgets serrés, et les prix cassés font des dégâts en bas justement. Arrêtons de chouiner ! Soyons un plus citoyens ! Désolé pour ceux qui ne boivent pas de lait, c’est mon cas, mais je suis un gros consommateur de fromages et de laitages que je fais moi-même avec bien sûr du lait.
Et pendant ce temps-là « Comme toujours, F.M*. accueille chacun à l’entrée dela Villa d’Este, à la descente de la Maserati Gran Turismo qui nous a exfiltré de l’aéroport, le pilote (à ce niveau, ce n’est plus un chauffeur) a fait vite, mais on ne dit pas combien. En pleine forme, minci, bonne mine, M fait plaisir à voir, la bonne humeur est un cadeau. L’hélicoptère d’un participant se pose sur les pelouses, ce n’est même pas un vacarme, surtout pas une surprise. Le Riva d’un autre s’arrache du ponton avec quelques invités à bord, le gros bourdon du V8 américain s’estompe déjà… » Putain le Réservoir d’Idées va déborder même si pour l’heure c’est plutôt du kérosène qu’il y a dans le réservoir… Vive l’emprunte carbone mais quand on aime on ne s’attache pas à ce genre de détail si mesquin. Au fait, est-ce que l’un des participants ne serait-il pas venu en montgolfière ? Amen…
* Il ne s'agit pas de François Mitterrand bien sûr