Notre vigneron éploré a encore frappé hier rejoignant certains commentaires pour mettre l’Alonso et son vin PUR au piquet. Y’en a même qu’on dégainé leur marketing. Bref, je me disais, en traversant à vélo les Tuileries pour aller discuter de mes problèmes de petites laiteries : Danone, Lactalis, Bongrain et Cie... à la Maison du Lait, et que j’étais obligé de zigzaguer entre les étals de vendeurs de Tour Eiffel miniature : ils font du bon marketing les bougres. Y sont là au bon endroit, avec le bon produit et ils le vendent. À quel prix je ne sais car j’étais pressé je n’ai pas eu le temps de le demander aux vendeurs. Juste le temps de faire 2 photos. Si j’avais été à Pise c’eut été des Tour de Pise. Bref, j’entends déjà les esthètes pousser des cris d’orfraies : mon dieu que c’est laid ! Et alors, si tous ces grands noirs proposent leurs camelotes aux chalands c’est qu’ils savent que ce sont des clients potentiels. C’est la base de tout commerce : le vendeur va là où se trouve son acheteur. Les autres, il s’en tamponne. Le prix se fixe en fonction du lieu, de la concurrence, du profil des acheteurs potentiels. Il n’y a rien d’immoral, ils sont juste hors légalité car ils font concurrence aux boutiquiers, qui sous les arcades de la rue de Rivoli vendent les mêmes produits, et qui payent loyer, patente et personnel.
Ceci écrit, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Chacun est libre d’acheter ou de ne pas acheter au prix proposé. Alors si le allons-y Alonso ses magnums sérigraphiées à 99€ ses clients les boudent, c’est pour sa pomme. Que certains d’entre vous les qualifient de gogos alors on en revient aux vendeurs de Tour Eiffel. Le vin est une marchandise comme les autres n’en déplaisent à ceux qui en font le sang sacré de la terre. Même ceux-là ils le vendent ou l’achètent le vin et parfois bon prix. Ha, le prix, sa fixation : vaste sujet. Lorsqu’à Venise devant le magasin Gucci deux grands noirs proposaient des copies Gucci aux passants je me disais, certes c’est gros comme une maison, grossière contrefaçon, mais où est le bon prix entre leur camelote à deux balles et le prix canon du vrai ? Tout ça pour dire que l’ami Alonso que j’ai sérieusement allumé en son temps sur son enseigne PUR, il ne trompe personne, il s’adresse à une cible. Il vend à ses clients ce qu’ils recherchent. En plus, pour moi qui le connais il ne bave pas sur ses confrères qui ne suivent pas le même chemin que lui. Il ne dit pas qu’il lave plus blanc que blanc. Depuis l’origine il se situe dans une culture du décalage, de la provoc parfois à deux balles. Et alors c’est péché mortel ?
Du marketing me dit-on ? Voilà bien un mot tarte à la crème dont on entarte le premier contradicteur venu quand on n’a rien à objecter. Moi je m’en tiens à ce qu’est le marketing.
Que dit ce cher Matthew Dickinson ?
« Les vins de marque du nouveau monde affichent des progressions spectaculaires en Grande-Bretagne pendant que la part de marché de la France s’effrite et que les producteurs français semblent incapables d’imposer leurs marques, à l’exception du Champagne.
Une approche marketing structurée s’impose aujourd’hui(…)
- le marketing est une façon de penser qui part du consommateur, s’étend à chaque service de l’entreprise et finalement augmente sa rentabilité tout en offrant de la valeur ajoutée au consommateur ;
- le marketing est une affaire de bon sens ;
- le marketing inclut ce qu’on appelle en anglais les 5 P :
1- Product : le style du vin doit correspondre aux attentes du consommateur
2- Price : doit être fixé en fonction du marché et de la concurrence
3- Promotion : doit être planifiée en incluant la publicité, les opérations au point de vente et les RP
4- Packaging : doit être conçu en fonction des goûts du consommateur et non du producteur
5- Place : les canaux de distribution doivent être sélectionnés en fonctions des objectifs retenus.
Beaucoup font du marketing sans le savoir, et souvent avec succès, d’autres s’adressent à des soi-disant professionnels du marketing qui feraient mieux d’aller vendre des Tour Eiffel aux Tuileries. Le monde du vin, moi qui fréquente en ce moment les Big Brother du lait, n’attire pas la fine fleur de la profession. La calamiteuse campagne des Vignerons Catalans en est un exemple emblématique : comment voulez-vous développer une marque en bradant votre produit à vil prix et ce n’est pas un petit génie autoproclamé du marketing qui changera le cours de l’histoire. Pour faire du marketing il faut faire de belles marges pour les réinvestir versus Nespresso par exemple. J’entends déjà Léon affuter son coupe-coupe. Je m’en tiens là mais j’avais besoin de me lâcher un chouïa. Ça me fait du bien, ça me détend après mes affaires de médiation laitière. Quand j’étais à la SVF mes commerciaux me disaient « ils ne vendent pas du vin les gars d’en bas, ils se contentent d’être toujours deux balles au-dessous de nous... » et la fête continue avec les mêmes.
Pour finir mon dérèglement de comptes, et faire ma petite provoc à deux balles moi qui circule aux bords des trottoirs de Paris qu’y vois-je ? De plus en plus de mecs qui vous tapent de 2 balles et de moins en moins de péripatéticiennes – c’est la faute de l’Internet – et il y a un livre à écrire sur les stratégies développés par les uns, les unes et les autres pour glaner trois sous et pour beaucoup c’est une question de survie : du pire comme ces infirmes parfois mutilés par ceux qui les exploitent au meilleur avec la bonne vieille manche de mecs qui ont un matos pourri (petit ampli sur caddie) qui couvre la nullité de leur interprétation. Samedi dernier après-midi j’ai subi une stratégie inédite : je sortais de chez Orange, un type assis sur un banc m’interpelle pour me taper une pièce. Il a une bonne tronche de cinquantenaire un peu ravagé. Je lui réponds que je cherche la monnaie et lui, du tac au tac, me balance « ce n’est pas d’une petite pièce dont j’ai envie, mais de toi, car j’suis homo ! » Alors je lui réponds en riant que moi j’suis tendance fille mais que je double la mise pour sa franchise. Le type me réponds « j’disais ça pour rigoler ». Peu m’importait si ce SDF faisait le coup à tout le monde, il s’était bien « vendu » et avait obtenu une bonne contrepartie. Ne me traitez pas de cynique, la vie dans la rue n’est pas le pays de Candy alors, comme dans la jungle du buiseness, chacun fait comme il peut. Rien d’amoral dans cette histoire. Rien que la vie que l’on vit. Quel rapport avec le schmilblick me direz-vous ? Réfléchissez-y !