S’il n’y avait que des gus dans mon genre la médecine libérale serait dans la rue pour manifester afin de réclamer l’obligation pour chaque citoyen de les consulter au moins deux fois par an, le genre contrôle technique comme pour les bagnoles, car en effet je mets rarement les pieds dans les cabinets médicaux. De plus, notre beau pays ne subirait pas les affres de la contemplation du fameux trou de la SS. La seule fois où j’ai coûté cher à la SS c’était pour un défaut de fabrication de mon cœur, un syndrome de Kent dit Wolf-Parkinson-White (nom des découvreurs) qui se mettait en court-circuit. J’ai eu le plaisir, un soir, de traverser Paris dans un bolide blanc hurlant du SAMU, destination Lariboisière où je fus l’objet d’un grand intérêt : imaginez-vous un beau cas. Bref, notre chirurgie de pointe, coûteuse à souhait, permis à une équipe de fulgurer au laser, via ma fémorale, cet appendice parasite qui aurait pu vous priver à tout jamais des chroniques de votre Taulier. Perspective affreuse et insoutenable.
Mon carnet de santé vous n’en avez rien à cirer, je sais ! Sauf que, en ce jeudi 15 novembre, jour de sortie officielle du Beaujolais Nouveau j’avais inscrit à mon agenda deux rendez-vous pour consulter : le matin à 9 heures pour mes yeux et à 16 heures pour mes dents, soit des trucs que notre SS rembourse avec pingrerie pour des raisons que j’ai du mal à comprendre car les yeux c’est la vieillerie, les dents aussi. Bref, j’en arrive aux faits. Hier matin je prends le métro direction Trocadéro. J’aime être à l’heure donc je suis pile poil devant la porte cochère lorsqu’à mon grand étonnement je constate qu’il n’y a plus l’ombre d’une plaque. Merde ! Vite fait sur le gaz je tripatouille mon IPhone et Google me sauve : le cabinet a traversé la rue, c’est en face. Ouf ! Mon ophtalmo m’accueille, consulte son ordinateur et constate que je n’ai plus mis les pieds chez elle depuis plus de 8 ans. Elle me prend pour un auvergnat mais elle procède tout de même à un petit interrogatoire et comme elle s’inquiète de mon activité je lui parle de mon blog. Banco, cette dame a acheté une vieille ferme dans le Mâconnais et elle aime le vin. L’adresse de mon blog est notée sur mon dossier médical, pas mal, non… J’imagine la tronche des hygiénistes.
Afin de contrer ceux qui m’accuseraient de ne pas chroniquer sur le vin ce matin je me permets de souligner :
1- Mon dentiste Christian est un fou de vin,link
2- Mon ophtalmologiste l’apprécie et se cultive.
Conclusion : là où le Taulier passe il amasse dans ses filets des adeptes du Vin…
Du côté dentaire j’ai eu droit à la totale : piqure et dévitalisation, soit une bouche superbe pour la dégustation. En effet, j’avais aussi noté, après le supplice buccal, sur mon superbe agenda nrf un rendez-vous qui me semblait incontournable :
« LE BEAUJOLAIS NOUVEAU S’EST REVEILLE ! Bernard Pivot et Périco Légasse, du Comité de Défense du Beaujolais, vous convient chaleureusement à la dégustation des meilleurs Beaujolais Nouveaux 2012 en avant-première. Les vignerons seront présents pour parler de leur région ainsi que de leurs vins. Le mercredi 14 Novembre de 16H00 à 19H00 à La Petite Périgourdine (Paris). Cette opération sera à l’image de la région : exigeante, dynamique et conviviale ! LA PETITE PERIGOURDINE : 39 rue des Ecoles 75005 PARIS »
Bref, je fonce avec ma petite auto et, en moins d’une heure chrono, je me joue de tous les embouteillages pour faire Franconville-rue des Ecoles. En plus, une belle place pour me garer devant LA PETITE PERIGOURDINE me tend les bras. Je descends. J’entre dans le troquet : pas un chat. Je consulte ma boîte mail et je constate que c’était hier le pince-fesses de Pivot et de Périco. Changer de lunettes relevait donc de l’urgence absolue sauf que, tout de même, j’étais en droit de penser que le Beaujolais Nouveau ne pouvait être proposé avant la date fatidique. Donc Pivot et Périco ont joué hier les bootleggers. Mais que fait la police de manuel Valls ! Cependant, hormis ce détail légal, ce qui m’étonna plus encore c’était le désert : pas un chat à cette heure. Sans doute que la fête battra son plein dans la nuit ? Est-ce si sûr ? J’en doute car j’ai remarqué que la sortie du Beaujolais Nouveau est passé de la place publique, les bistrots, à la sphère privée : les cavistes. On se retrouve entre soi, on déguste, on discute mais la fête me semble s’être fait la malle. Détrompez-moi !
Je suis donc remonté tristement dans ma petite auto et j’ai mis le cap sur PhiloVino afin d’aller saluer l’ami Jean-Paul BRUN. Un petit coup pour la route, quelques emplettes pour chroniquer et je suis rentré car demain je mets le cap à la première heure sur Bordeaux : la pendule tourne et dans mon métier de médiateur je ne fais pas mon beurre. Du temps de ma jeunesse flamboyante j’aurais pu me payer une nuit blanche avant d’attraper le premier train mais là, aucune tentation de la sorte, la fête a plié bagage, le vin nouveau n’est pas triste, tout juste à mon goût un trop sérieux. Voilà, cette étrange chronique s’achève. Pour l’écrire j’ai carburé au Beaujolais Nouveau de Cyrile Alonso. Une confidence qui va rendre vert Pivot et Périco, j’avais trempé mes lèvres dans le nectar PUR de Cyril depuis belle lurette… Le taulier a toujours plusieurs longueurs d’avance sur la concurrence…