Je vous dois la vérité, sauf à de rares exceptions, je ne crois pas à l’efficacité des pétitions. Elles ne dérangent guère ceux à qui l’on veut faire rendre gorge. Ce qui compte, et le Net permet de maintenir la pression, c’est de mettre vraiment l’opinion publique dans sa poche. Les gens aiment toujours voir David défier Goliath, et ils adorent aussi les beaux gestes, le côté chevaleresque.
Dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire de la TNT de l’Hermitage – j’aime, c’est un titre qui pète – face aux grisoulloux érecteurs de cette antenne, les chevau-légers que nous sommes se voyaient opposer, par les gardiens sourcilleux des petits vignerons qui font des vins nature pour les parisiens éclairés, un péché originel : les grands « latifundiaires » Jaboulet et Chapoutier, en l’occurrence un certain Michel et la prénommée Caroline, souillaient le paysage avec d’arrogantes inscriptions publicitaires.
J’avoue que ces réclames, inscrites dans le paysage de la colline de l’Hermitage, au temps du chemin de fer, je les voyais comme le Dubon… Dubonnet… des vieux pignons d’immeubles de Paris…des traces d’un autre âge… le témoignage d’un temps où les gens trouvaient ça normal et même beau. À trop vouloir effacer les scories du passé le risque est grand de perdre un peu la mémoire. Mais, mon esthétique et mon goût de l’Histoire n’entraient pas en ligne de compte et, bien évidemment, je pouvais me mettre dans la peau, et comprendre les objections, de ceux qui s’étonnaient d’une telle présence. Don’t act !
Et puis, alors que je besognais face à mon écran, hier au soir à 22H27 tombait dans ma boîte à mails la missive suivante : « Pour l’aimable information de mes amis, je me permets de vous faire passer une info concernant le problème d’érection d’une antenne TNT en haut de l’Hermitage. Je propose donc pour qu’on soit crédible en parlant de la protection du site et de pollution visuelle que nous (Chapoutier et Jaboulet) démontions les murs publicitaires en échange du déplacement de quelques mètres du projet d’antenne TNT » Michel.
Y était joint un courrier à l’ensemble des vignerons concernés :
Bonsoir Caroline, bonsoir à tous,
Ok pour moi de me ranger dans cette logique, mais il va falloir que les maisons Jaboulet et Chapoutier soient cohérentes avec cette demande et avec la volonté collective : c'est-à-dire que nous montrions l’exemple.
Aujourd’hui le classement se heurte au problème des murs publicitaires qui ne sont pas des murs de soutien. Lors de la construction du chemin de fer, au XIXème siècle, seuls des murs de soutien ont été peints à but publicitaires. Puis, dans la première moitié du XXème siècle, des murs purement publicitaires ont été montés et ceux-là n’avaient aucune activité de soutien des terrasses. Ce sont justement ces murs plus récents et purement publicitaires qui causent problème au classement. De plus on est en position de faiblesse lorsqu’on essaie de défendre une pollution visuelle par l’antenne alors que nous maintenons nos murs.
Je propose donc que dans cette tractation, pour obtenir gain de cause, et déplacer le lieu d’implantation de l’antenne, que nous proposions le démontage de nos murs publicitaires (qui ne sont pas des murs de soutien). Nous serons cohérents avec notre logique et les maisons Jaboulet et Chapoutier amèneront ainsi leur pierre à l’édifice pour ce projet.
Je propose qu’on avance ainsi et enfin cette solution devrait satisfaire tout le monde.
Viniquement à tous et que la joie sois dans les cœurs…
Michel CHAPOUTIER
Que voulez-vous, moi je trouve que ça a du panache et je dis bravo Michel !
Pour autant rien n’est gagné, le combat reste à mener, mais la proposition de Michel Chapoutier met du beurre dans nos épinards. Restons mobilisés ! L’exemple cité ce matin dans ma chronique du combat gagné par le gérant de la « Dinée » à Port—Lauragais contre les mammouths des autoroutes est la preuve que rien n’est jamais perdu d’avance et qu’il ne faut pas baisser les bras. Et que l’on ne vienne pas m’objecter que nous sommes contre le progrès, que ces minuscules batailles sont d’arrière-garde. Je n’ai aucun goût particulier pour ceux qui sont contre tout et le contraire de tout et surtout lorsqu’il s’agit de leur jardin. En revanche, et je sais de quoi je parle, les soi-disant justifications techniques pour poser des horreurs ici et pas ailleurs relèvent bien souvent de la pure escroquerie intellectuelle et de bonnes raisons bien économiques.
Enfin pour ceux qui douteraient encore de l’utilité des commentaires je joins ce message de Michel Chapoutier :
De plus c'est quand même les commentaires de ton blog qui ont contribué à me faire faire prendre cette proposition.
Envoyé par BlackBerry
Michel Chapoutier