Ma chronique de ce matin, où je m’étonne de la saillie de Jamie Goode avec ses 90% des vins sont de la merde me vaut des réactions indignées du milieu. M’a-t-on lu dans le milieu des critiques de vin ? Ai-je écrit que Jamie Goode était un j’en foutre, un rigolo, un type pas sérieux ? La réponse est non. Incidemment, j’ai seulement fait état d’une opinion du Sieur Pousson qui n’engage que lui. Comment aurais-je pu d’ailleurs formuler un quelconque jugement de valeur sur ce blogueur anglais que je ne connais pas, que je n’ai jamais lu ? Ce que je conteste, quelles que soient les intentions de Jamie Goode, bonnes ou contestables d’ailleurs, c’est la grossièreté et la facilité de son affirmation. C’est d’autant plus grave que ce monsieur est sérieux. J’ai écrit : « Ce qui m’horripile c’est la suffisance et la grossièreté de ce type de propos. Pour qui se prend-il se garçon ? Libre à lui d’éreinter, d’assassiner, d’écrire pique pendre sur les vins qu’il déguste, en les citant. C’est dans la logique de la critique. » donc je ne vois pas pourquoi certains critiques ou autes volent à son secours. Je pense que Jamie Goode est assez grand et intelligent pour se défendre ou justifier ses propos
Je respecte toutes les opinions argumentées, j’accepte toutes les critiques qui me sont faites sur ce que j’écris mais je ne vois pas au nom de quoi je n’aurais pas le droit de d’écrire que les propos de James Goode sont critiquables. Entre gens sérieux et de bonne compagnie ça ne se fait pas m’objecte-t-on ? James Goode a-t-il vraiment réfléchi à la portée de sa saillie sur ceux qui font ces vins de merde ? Un minimum de respect et de savoir-vivre ne nuit pas dans les relations humaines surtout de la part de gens, comme lui et moi, qui travaillons le cul bien calé sur nos chaises, bien au chaud. Libre à nous de penser et d’écrire ce que nous voulons mais un peu de retenue me semble la moindre des choses : nous vivons tous sur la bête y compris sur les vins de la masse. Non je ne me sens pas solidaire du milieu, l’outrance et l’injustice sont dans son propos sur 90% des vins sont de la merde, et sont du côté de Jamie Goode. Laver son linge sale en famille ne m’intéresse pas car mieux vaut alors éviter de l’étaler au grand jour en se laissant aller à des facilités de langage.
Ce faisant je ne défend aucun pré-carré, j’ai été et reste très critique à l’endroit de beaucoup de vin Français mis sur le marché «Sous les grandes ombrelles que sont nos appellations d’origine contrôlée, surtout sous celles qui jouissent de la plus grande notoriété, s’abritent des vins moyens voire indignes de l’appellation. Succès aidant ou pression d’une demande momentanée une grande part de nos vins de pays, petits nouveaux dans la cour, se sont laissés aller, comme certains de leurs grands frères AOC, à confondre rendement administré, moyenne arithmétique, et qualité du produit. » Je rappelle aussi à nos amis anglais que j’avais écrit à propos de notre attitude sur leur marché, et ils avaient beaucoup apprécié « Et pourquoi on a pris raclée à Azincourt? Mon but, sous cette interrogation qu’on ne pose plus à son père en revenant de l’école, c’est de bien cerner les causes de nos revers et qu’à Azincourt ce sont nos certitudes et notre suffisance qui nous ont vaincu, bien plus que les archers anglais… »
Attention, chers amis critiques anglais, de ne pas tomber dans le même travers que nous, de vous comporter en vaches sacrées qui peuvent tout se permettre sans avoir à se justifier. L’impérialisme de la langue anglaise ne change rien à l’affaire, « Messieurs, l'Angleterre est une île, et je devrais m'arrêter là... » C'est ainsi qu'André Siegfried, l'un des pères de la politologie moderne, commençait jadis son cours d'histoire britannique à la Sorbonne. Je respecte ce pays, libre à lui de s’inscrire dans l’Histoire de l’Europe selon le libre-arbitre de ses citoyens mais il n’est,pas plus que la France d’ailleurs, le centre du monde du vin. Anglais et Français devrions nous inscrire à des cours d’humilité dans le domaine du vin ce qui serait une forme moderne d’Entente Cordiale.
Pour conclure : si la plume de Jamie Goode a dérapée, ça arrive a tout le monde de déraper, même à un flegmatique anglais, il ne lui reste qu'une chose simple à faire c'est de dire désolé, sorry quoi... et plus personne n'en fera tout un fromage qui pue, moi le premier...