C’est un inédit de Rabelais écrit en tchèque du début du XVIe siècle : « Traité du bon usage de vin » lequel est grand ð perpétuel pour ébaudir âme ð corps ð contre diverses maladies de membres extérieurs ð intérieurs composé au profit d’enlumineurs de museaux par maître Alcofribas, l’architiclin du Grand Pantagruel . Ce traité est tiré des livres du médecin et éminent savant Rabelais à Lyon pour que tout être de raison, lisant ou entendant, se réjouisse grandement. Afin que si bel esprit, loin de tomber dans l’oubli, profite aux hommes et soit l’honneur des Tchèques, cet ouvrage est publié par Martin Carchesius, clerc du chancelier de Prague, en l’An de grâce MDCXXII.
« Sachez cependant qu’il ne faut pas mêler le vin avec des éléments autres que ceux sus-nommés et qu’il y a lieu de craindre le pire à agir autrement. Le premier de ces éléments terribles est l’eau, laquelle, comme il sera démontré, menace souvent la vie. Mais il est des paltoquets qui versent de l’eau sur le marc en disant : vin de marc. Tudieu ! Par cet acte horrifique ils provoquent la grattelle*, la pépie*, les scrofules et la courante. D’autres versent de l’eau dans des tonnelets et cruchons sans mo dire ; que ces oiseaux funestes servent de repas aux corbeaux ! Songez à Godefroy de Bouillon qui ordonna à la veille d’une bataille qu’on envoie aux mahométans une coupe de vin ondoyé : ayant perdu toute vigueur, ces derniers furent massacrés sans résistance aucune.
Le deuxième de ces éléments est la gent féminine en mal de bonnet de nuit qui ne recule devant rien pour conduire les buveurs émérites devant l’autel. Force anecdotes épouvantables circulent sur des harpies de cette espèce qui mirent le grappin sur un homme et la grappe lui interdirent ; c’est pourquoi les très zélés prévôts de la confrérie des buveurs disent les plus avisés : le vin comble la femme quand l’homme en boit, et c’est tant vrai qu’il n’a besoin pour ce faire ni de bonnet de nuit, ni de cornes. »
* la galle
* induration de la muqueuse de la langue