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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 00:09

À pied, à cheval ou en voiture et, bien sûr, pour se rendre au-delà des mers, en avion, le Beaujolais Nouveau, inondait villes et villages, animait de grandes libations joyeuses, s’imposait, gagnait chaque année des adeptes, s’installait comme une marque mondiale et rien ne semblait arrêter sa résistible ascension. Success story incontestable mais le ver était dans le fruit, l’image s’est brouillée, la répétitivité a lassé, le goût de banane a pris un goût d’artificiel, ce fut la curée : on brulait ce que l’on avait dit  adorer. Les temps difficiles s’installaient dans le Beaujolais.

 

Rappelez-vous, le 19 février 2010 je titrais Le Beaujolais « Grand Corps Malade » : je m’auto-missionne... Et j’écrivais : « Que le beau vignoble du Beaujolais soit un « Grand Corps Malade » j’en suis bien d’accord mais, sans prendre la distance un peu froide qu’affiche encore trop souvent le corps médical face à la souffrance morale de ses patients, il me semble qu’il faut se garder d’en rester à une telle approche purement compassionnelle. Avoir de l’empathie, j’en ai et je ne fais pas parti de ceux qui couvrent le Beaujolais d’opprobre,  ne doit pas conduire ni à une forme de globalisation des problèmes qui se posent, ni à s’enfermer dans une victimisation du produit. La recherche de « coupables » peut rassurer mais elle n’apporte guère de lumière au diagnostic (...)

 

« C’est donc avec mon petit balluchon que je me porte volontaire pour « aider » avec ma méthode semelles de crêpe, pas pour « assister », le Beaujolais n’a pas besoin de béquilles, d’infirmiers  ou de docteurs miracles – ce qui ne signifie pas pour autant que les conséquences sociales des difficultés ne doivent pas être traitées avec les moyens adéquats – mais d’un accoucheur de décisions. Le salut – c’est mon côté vendéen qui ressort – du Beaujolais viendra de l’intérieur, de ses propres forces. C’est donc à dessein que j’ai titré ma chronique « Grand Corps Malade » en référence à ce grand garçon sympa qui a su, avec ses propres forces, surmonter son handicap lié à son accident pour « réussir ».

 

Suite à cet appel j’ai rencontré beaucoup de sympathie mais pour le reste, l’essentiel, une forme d’indifférence, de silence gêné. J’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur et j’ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin en remettant le métier sur l’ouvrage à chaque fois que l’occasion se présentait. Et puis, à Lyon, au SHIRA, en février, j’ai rencontré une petite poignée des 15 du Beaujolais d’Expressions d’Origine. Alors, dans ma petite tête je me suis dit que c’était par là, au-delà même de cette initiative, que passerait le renouveau du Beaujolais. D’où l’idée d’une rencontre les pieds dans les vignes de cette belle région. Pas facile de rassembler tout un petit monde éparpillé et occupé mais je suis passé à l’acte à l’occasion de la Beaujoloise. Nous devions être 5 ou 6, nous ne fûmes que deux mais mon coéquipier était de grande qualité. David Cobbold a livré dans les 5 du Vin, non pas son ordonnance, mais un point de vue plein de pertinence. (lire ici link). Désolé pour la Biojolaise je n'ai pas eu le temps d'y aller, la prochaine fois je m'organiserai autrement... L1000836.JPG

Comme je suis immodeste pour ma part j’estime que ma proposition d’aller en Beaujolais change tout. En effet, jusqu’ici le Beaujolais, sous les Tam-tams du Nouveau, dans la grisaille de novembre débarquait chez nous. Coupé de ses racines il est devenu un produit qui fleurait bon le marketing : les Brasseurs n’avaient-ils pas eux-aussi leur bière de printemps. L’authenticité du Beaujolais Nouveau se diluait dans la grande mer des produits qui la clament sans la posséder dans le style du camembert le Rustique qui a un goût de l’authentique avec son vrai lait pasteurisé. Alors, quelle est la contre-image ? Elle est dans la réalité physique de la belle région du Beaujolais. Lors de la Beaujoloise, certes sous un soleil resplendissant, ça éclaboussait les yeux. Mais, il y avait un bémol, ceux qui étaient là étaient déjà des convaincus. Le Beaujolais a besoin d’aller au-delà de ces cercles et de ces chapelles pour s’adresser à la fois à un public plus large et surtout à des prescripteurs venus de contrées lointaines.

 

Que faire ? Faire au printemps : les Beaux jours du Beaujolais, opération sœur des Grands Jours de Bourgogne, et pourquoi pas en alternance, où pourraient voisiner de vrais professionnels, des grands et moins grands amateurs mais aussi des hommes et des femmes en recherche de nouveaux espaces qui seraient accueillis, guidés pour découvrir le Beaujolais sous toutes ses facettes. Cette région est belle mais elle a besoin de réinvestir dans son vignoble pour qu’il puisse relever ses défis. Patience et longueur de temps : l’important pour l’heure est de réamorcer le cercle vertueux avec l’existant le plus attractif, le plus dynamique, le plus moteur. S’appuyer sur le noyau des réussites ce n’est pas faire injure à ceux qui sont dans la difficulté mais tout simplement mettre en avant ses cartes maîtresses, les jouer à bon escient. Faire plaisir à tout le monde c’est prendre le risque de rester dans un PPCD qui n’attirera pas grand monde en donnant une image floutée et sans relief.

 

Dans notre monde tel qu’il est, il faut choisir un parti, s’y tenir, durer, s’appuyer sur ses points forts, travailler à réduire ses handicaps, dire ce que l’on est vraiment, sans fard ni repentance. Croyez-moi, sur le Net, avec nos petits moyens, nous serons nombreux à relayer le parler vrai du Beaujolais. De ses racines populaires, tant vantées par son héraut Bernard Pivot, ce vin du Beaujolais dans tous ses états, si joyeux, si simple et de bon goût, si convivial, mais aussi l’égal de beaucoup qui se haussent du col, capable de remettre à sa place du beau linge, est le prototype du vin moderne qui, j’en suis persuadé, va retrouver sa place. Encore faut-il que les hommes et les femmes de cette belle région se retrouvent sur l’essentiel pour nous proposer les Beaux jours du Beaujolais. Croyez ma vieille expérience de « Raid Ader » des crises, croire en soi-même, accepter sa diversité, se retrouver sur des chantiers communs, sont les meilleurs ingrédients pour vivre ensemble et rebâtir...

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