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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 00:09

Avant d’être un papy tout court, je suis un papivore, j’aime le papier imprimé et plus particulièrement les cahiers d’écoliers, les vrais, les de brouillons surtout car ils gardent un parfum de simplicité, ce je ne sais quoi de liberté qui permet d’y jeter des idées, des bouts de phrases, des petits rien, des adresses, le numéro de téléphone du plombier, la date de naissance de sa fiancée... J’en ai des tas, des jaunes, des bleus, des rouges, des verts, toujours des avec des grands carreaux plein d’interlignes, qui attendent sagement, bien empilés, de trouver leur utilité. Ce qui me plaît dans ces cahiers c’est leur côté beauté brute, non apprêté mais sans pour autant être ni ascétique, ni janséniste. Ils sont natures, avec des aspérités, des grains, des défauts, des je ne sais quoi qui donnent envie de les toucher, de les caresser, de les sentir, de les déflorer. Tout le contraire du papier glacé, lisse, clinique, drap de soie qui m’apparaît toujours n’être que le réceptacle de « trop belle pour moi » lointaines, irréelles, si peu charnelles...  Caillou-9281.JPG

LeRouge&leBlanc, la revue trimestrielle qui taille sa route sur des chemins de traverse plutôt que sur les autoroutes, avec sa ligne graphique épurée, sa mise en page limpide, sa note rouge en seul contre-point du noir et blanc de ses textes et de ses photos, entre pour moi dans la même catégorie que mes fameux cahiers. Elle donne envie mais pas une envie de la consommer vite fait bien fait sur le gaz, goulument, de la feuilleter d’un œil distrait avant de l’oublier sur la table basse face au canapé qui fait face à la télé, non c’est une envie de la déguster en prenant le temps, son temps, de la mettre sur sa table de chevet puis de la ranger soigneusement avec ses sœurs sur le rayonnage prévu à cet effet. Dit d’une manière plus triviale : elle n’est pas de celle qu’on abandonne dans une salle d’attente de dentiste ; on la stocke pour l’hiver comme les pots de confiture.  Caillou-9282.JPG

Je sais, je sais, vous m’attendez au détour d’un des nombreux virages du chemin de traverse que j’emprunte pour me dire la bouche en cœur : « tout ça c’est bien beau Berthomeau, tu nous joues du violon avec tes histoires de cahier de brouillon, tu nous enfumes avec tes mots sur la beauté formelle de la revue LeRouge&leBlanc mais nous ce qui nous intéresse c’est le fond. Objection retenue chers lecteurs mais avant de vous répondre permettez-moi d’objecter moi aussi : en quoi mon point de vue sur le fond a-t-il de l’importance ? Après tout ce ne serait que le mien et il ne pèse pas plus lourd que le vôtre. Pour découvrir une revue pour la connaître, se faire une opinion, le meilleur moyen reste de l’acquérir, de l’acheter, d’investir ici 12€. Ce n’est un secret pour personne les gars de la revue LeRouge&leBlanc ne mettent pas leur drapeau dans leur poche, ils affichent la couleur sans ostentation mais avec une tranquille détermination. Allez les voir sur leur site www.lerougeetlevin.com . Pour ceux qui veulent savoir où ils mettent les pieds je vous donne à lire comment la revue se présente.

 

« LeRouge&leBlanc est une revue animée par une équipe, un groupe à la fois divers et lié par un projet commun, par son goût du vin et des gens qui le font. Un goût que nous aimons par-dessus tout partager.

Créé en 1983 par une poignée d’amateurs de vin pleins de passion mais aussi de questions et d’exigences, LeRouge&leBlanc est né d’une envie collective d’approfondir des informations souvent incomplètes ou insatisfaisantes - voire truquées -, et de parler du vin librement.

Librement, c’est-à-dire sans qu’aucune pression ne vienne empêcher de dire ce qu’on pense et de penser ce qu’on dit. Cela paraissait aux fondateurs et nous parait encore aujourd’hui assez rare pour nécessiter un travail en profondeur et, dans le prolongement, l'édition d’une revue à petit budget mais à projet fort, avec le seul soutien de ses abonnés.

Le projet était et reste de refuser la standardisation des goûts, avec la conviction qu’à terme « la force du vignoble français, et de tout vignoble, réside dans l’expression la plus accomplie de chaque terroir ».

Un tel projet conduit à développer un point de vue critique sur tout ce qui affaiblit, masque ou détruit le terroir dans le vin : non-culture et traitements chimiques de la vigne, clones productifs, gros rendements, vendanges à la machine, levurage, enzymage, chaptalisation, filtration et sulfitage abusifs, etc. Et, à l’inverse, à s’intéresser à tout ce qui relève d’une démarche qualitative, notamment la culture biologique et la biodynamie, sans exclusive ni « militantisme ».

 

Pour en revenir à mes fameux cahiers de brouillon grands carreaux il est un espace dont je ne vous ai pas parlé c’est la Marge, cette étroite colonne, tout à gauche, délimitée par un liseré rouge. À quoi sert-elle dans un cahier brouillon ? À priori à rien car, contrairement aux feuillets officiels où elle est le lieu des annotations, des remarques du correcteur, la marge d’un cahier de brouillon est un espace sans destination. Je ne sais pas si vous suivez les méandres de mon chemin de traverse mais l’échalier n’est pas loin : la Marge pour moi c’est l’Espace de Liberté. Alors j’estime que ce qui s’y écrit n’a pas à être noté. Qu’importe si le contenu de la revue adopte des angles qui ne sont pas les miens, prend des partis que je ne partage pas dans leur totalité, m’agace parfois, m’indiffère jamais. LeRouge&leBlanc participe à l’extension du domaine du vin et ça mérite pour moi plus que du respect, de la considération. Il n’y a pas de petits chantiers, agir à la marge fait souvent plus avancer les choses que le tam-tam officiel. Reste à ne pas confondre la Marge et la marginalité, et là les gars de la revue LeRouge&leBlanc évitent les écueils d’une bien-pensance élitiste délayée dans la bonne conscience des bobos.

Alors comme le disent nos voisins suisses dans la Tribune de Genève : «  Dans la grande et pas toujours respirable famille de la presse œnophile, exigez LeRouge&leBlanc. Voilà un magazine palpitant, sans pub ni reproche, qui depuis un quart de siècle arpente le vignoble français, mais pas seulement. 4 numéros par an, une expertise libre et pertinente, une indépendance passionnée… » Bonne route à vous les gars – ça manque un peu de filles à mon goût  –, et comme c’est un petit vendéen, expert en chemin de traverse, qui vous le dit, soyez persuadés qu’il vaut mieux souvent prendre son temps, faire quelques détours, se tromper aussi, que de foncer tête baissée dans les belles lignes droites qui ne mènent à rien, sauf à l’ennui de l’uniformité des opinions.

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commentaires

A
<br /> <br /> Heureux abonné, ce que je préfère est, comme dit Jacques, et que l'on soit d'accord ou pas avec leurs articles, que "...les gars de la revue LeRouge&leBlanc évitent les écueils d’une<br /> bien-pensance élitiste délayée dans la bonne conscience des bobos.".<br /> <br /> <br /> Pas toujours facile.... Ce magazine est pour moi une respiration dans la presse du vin.<br /> Santé et salutations ! <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> S’agit-il de la même revue que celle où écrivait l’excellent Pierre Casamayor, publiée sur du papier de type recyclé (jaunâtre et<br /> apparemment sans chlore), et traitant souvent d’un seul sujet par numéro, in illo tempore ? Je me souviens (vieux con) d’un exemplaire dédié au Cornas, dans les années ’80 (au tout<br /> début) mais avant l’avènement de Guigal et des Côtes-Rôties, qui ont entraîné les autres appellations de la rive droite dans leur succès. Ils avaient déjà compris que les 60-70 ha de vignes (à<br /> l’époque) de ce coin d’Ardèche valaient la peine de traverser le Rhône à Tournon.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Michel, tu me fends le coeur ! Attaquer ce sublime nectar, ce bonheur de l’honnête homme, j’ai nommé le whisky de malt ! Tu<br /> dois être tombé sous le charme de Martine Lafitte (Domaine de Boingnères à Labastide d’Armagnac) : elle aussi vitupère contre ce régal calédonien, avec une mauvaise foi « magis quam<br /> Punica ». Bon, d’accord, ses « Folle Blanche » sont sublimes, mais est-ce une raison pour jouer à la Carthaginoise ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Même si aucune pub n’apparaît dans les colonnes, ne peut-on pas imaginer que certains producteurs, ou certaines régions, ou certains<br /> types de produits soutiennent la revue ? Et les grosses maisons qui possèdent maintenant les distilleries écossaises (la pupart du temps) auraient les moyens de le faire. Par ailleurs, de<br /> plus en plus de gens s’intéressent au malt à présent (c’est aussi une forme de snobisme, j’en conviens) et cela apporte donc des lecteurs.<br /> <br /> <br /> Ne les traîne donc pas dans la ... tourbe !<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Etant un adepte de LeRouge&LeBlanc à 100 % et bien que Jacques Berthomeau le relève très brévement au passage "...sans pub ni reproche...", il faut le mettre davantage en évidence.<br /> Connaissez-vous une autre revue spécialisée qui parvient depuis 27 ans à tenir un si bon niveau sans publicité du tout ?<br /> <br /> <br /> Il y a dans son contenu une indépendance de point de vue, j'irais même jusqu'à dire, une sévérité chronique, par exemple, dans les notes accordées. Dans le N° 97 que j'ai sous les yeux, contenant<br /> tous les meilleurs Chablis, aucun n'atteint le 16,5/20 accordé à l'Anodine, ce Collioure rouge 2008 du Domaine Bruno Duchêne. Pour les nombreux Chablis 2007 analysés, les 2 meilleurs plafonnent à<br /> 15/20.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je me suis abonné récemment à la revue Le Rouge & Le Blanc par militantisme, histoire, en bon vieux brisquard journaliste que je suis, de défendre une presse libre de pub et courageuse. Et je<br /> ne suis pas mécontent de mon action car en plus, ma région de prédilection, grand Sud en général, n'est jamais oubliée. On y parle aussi bien de vins du Veneto et de vins d'Auvergne, que de<br /> Bordeaux et d'Alsace. J'aime cette diversité. J'aime moins que l'on consacre tant de pages aux alcools de grain (whisky en l'occurrence), mais là c'est une affaire de goût puisque je connais<br /> beaucoup d'amateurs de vins qui vont faire le voyage en Écosse. Bref, si la revue continue de défendre en priorité le jus de la treile je serais heureux de l'acheter, de la la lire... et de la<br /> garder dans ma bibliothèque. Et comme le dis Jacques, leur site est très bien foutu !<br /> <br /> <br /> <br />
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