J’adore les mots, leur son, leur origine et la variété de leur signification alors vous comprendrez que, dans ma Vendée crottée, isolée, fermée, Le petit Larousse illustré fut pour moi un compagnon de tous les jours. Avec son côté petit pavé, sa dualité séparée par les pages saumon des locutions latines et étrangères Vanitas vanitatum, et omnis vanitas, d’abord la langue française : les noms communs puis les noms propres, l’histoire et la géographie : les grands hommes, les pays, les départements... mon petit dictionnaire m’accompagnait dans ma boulimie de mots et de connaissances.
Et puis son fameux logo : le pissenlit, avec ses feuilles dent-de-lion, si amères en salade, qu’adoraient les lapins de mémé Marie, sa fleur jaune pétante et ses fameuses aigrettes en boule sur les lesquelles nous aimions souffler. Le « Je sème à tout vent » la fameuse devise due à Émile Reiber, architecte et décorateur français (1826-1893) illustrait bien sa volonté d’ensemencer nos petites têtes. « Le passage du pissenlit à la « semeuse » qui souffle sur les aigrettes du pissenlit est dû à une idée de Georges Moreau (cofondateur de Larousse [1853-1934]). Partant du croquis dessiné par celui-ci, Eugène Grasset (peintre, graveur, illustrateur d’origine suisse [1845-1917]) réalisa en 1890 la première « semeuse »…
Pierre Larousse né d’un père charron-forgeron et d’une mère cabaretière à Toucy dans l’Yonne, brillant élève, boursier de l’Université, revient sitôt ses études faites, en son pays natal à 20 ans à peine, pour être instituteur à l’école primaire supérieure. Pendant trois années il cherchera à renouveler la pédagogie en faisant appel à la curiosité des enfants. Autre temps, autre ambition que celle de faire Polytechnique pour devenir trader.
Et puis, à la maison dans la famille des Larousse il y avait aussi le Cuisine et Vins de France de Curnonsky de maman que je feuilletais pour décrypter les recettes de mon cordon bleue de mère et le Larousse Agricole (première édition en 1921 et la dernière en 2002) de mon père où j’allais enrichir mes maigres connaissances sur les veaux, vaches, cochons, couvées... que je côtoyais à la ferme de mon grand-père. Une anecdote : je croyais encore à 7 ans, l’âge de raison, que les enfants naissaient dans les choux alors que j’avais vu vêler les vaches du pépé Louis.
Selon une tradition bien ancrée chez moi je digresse avant de vous entretenir de la sortie du Grand Larousse du Vin. Rassurez-vous, je ne touche aucun pot de vin de la grande maison de la rue du Montparnasse pour faire de la réclame pour ses ouvrages et ce pour 2 raisons : elle n’en propose pas, et moi je ne bois pas de ce vin-là. Plaisanterie mise à part, nous entamons le dernier trimestre de 2010 qui va aller s’échouer sur les rives des fêtes enguirlandées où il faut trouver des petits paquets à mettre dans les petits souliers. Bonne pioche avec cette nouvelle édition :
- Elle est belle, d’une élégante beauté, du bon goût sans ostentation, un chic assumé avec juste ce qu’il faut d’originalité ;
- Elle est dans l’esprit maison : encyclopédique, donc complète, précise et éducative ;
- Elle est riche d’une iconographie superbe ;
- Elle est comme le vin lui-même une invitation au voyage (Olivier Poussier dans sa préface);
- Elle est d’un bon rapport-qualité/prix : 39,90€ (ça c’est pour faire genre Que Choisir ?);
- Elle a été rédigée par une belle équipe de spécialistes (je cite ceux que je connais : David Cobbold, Michel Dovaz, Sébastien Durand-Viel, Mathilde Hulot...) sous la houlette de Georges Lepré ;
- Elle est d’une lecture ludique et s’adresse aussi bien au néophyte qu’à ceux qui s’estiment des amateurs éclairés ;
- Elle aime bien les vins que j’aime (peu de références commerciales, et c’est bien) : Clos d’Alzeto, Antoine Arena page 351, La Canorgue page 333, Chante-Alouette Ermitage de Michel Chapoutier page 327, Altenberg Bergheim de l’ami Jean-Michel Deiss page 309...
- Une seule critique : un manque essentiel, une béance absolue : aucune référence n’est faite à l’œuvre majeure de la décennie : Cap 2010, le défi des vins français. Désolé, je n’ai pas trouvé mieux !
Voilà, ma messe est dite, et plutôt que de continuer de la chanter je préfère laisser la place aux images :