Avec son sens aigu du bruit médiatique, volant la vedette au discret groupe Auchan www.driveauchan.fr qui pratique la chose depuis un moment, l’enseigne Leclerc s’accapare « l’innovation » drive-in avec www.leclercdrive.fr en s’appuyant comme Auchan sur une offre en ligne. En cela rien de très innovant, le génie d’Edouard Leclerc fut, entre autre, de comprendre avant tout le monde que les peuplades des cités et des zones pavillonnaires, hors de chez eux en semaine, voudraient expédier les courses du samedi ou en soirée dans de nouveaux temples où ils trouveraient tout sous la main. Souvenir du premier hangar-foutoir de Leclerc à la Roche-sur-Yon. Et puis, Carrefour formata le modèle hypermarché. Je ne vais pas vous refaire l’histoire de la GD mais, au lieu d’être piétonnier le client devient motorisé. Alors sa charge utile est fonction du volume de son coffre, de son frigo, de son congélo, et sa capacité de stockage. Bref, il paye le kérosène et tout le monde se fout alors de l’emprunte carbone. Pousser le caddie devient un loisir dans la savane des grands centres commerciaux et les tentaculaires zones commerciales. En famille on s’y ennuie le dimanche en errant chez Ikea, chez Pantashoop, Kiabi, Leroy-Merlin et on mange chez Flunch ou Mac Do.
Comme l’urbanisme commercial, grâce à la connerie récurrente de nos législateurs, devint la plus belle pompe à finances de nos élus, nous eûmes droit à toutes ces horreurs bubonesques à l’entrée de nos villes et de nos villages. Nos grands épiciers grimpèrent au firmament des grandes fortunes par la grâce d’une règle simple celle du grand nombre. Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes, ce fut la Saint Barthélémy du petit commerce et de l’artisanat de bouche (certains l’avaient bien cherché vu le niveau de la qualité et du service dans leurs boutiques). Un seul îlot de résistance : Paris ! Le grand Jacques, touché pour une fois par la grâce, nous épargnait l’invasion. Hormis le Carrefour d’Auteuil et les Géant Casino du XIIIe survivance des folies des érecteurs de tours de ce quartier devenu Chinatown, les Grands prédateurs se tenaient à la lisière au bord du périphérique. Le parisien adore prendre sa petite auto pour se ruer vers la Normandie le vendredi soir (surtout depuis les RTT si décriées mais fort prisées) il répugne à aller se faire chier, se payer les voies sur berges, bouchonner, pour aller faire ses courses chez les banlieusards de la petite ceinture. Après un coup de déprime le petit commerce alimentaire grâce aux nouveaux épiciers asiatiques ou maghrébins reprit des couleurs. La résistance paya puisque depuis quelques années les grands prédateurs se battent comme des chiffonniers pour faire le trottoir. Les enseignes de proximité poussent comme des champignons.
Mais tel n’est pas mon propos de ce matin. L’irruption du commerce en ligne allait-il révolutionner la distribution des produits alimentaires ? Auchan (Auchan Direct,), Carrefour (Ooshop.com), Casino (Cdiscount, MonSuperCasino) et Cora (Houra.fr) y ont cru mais le problème épineux et couteux de la logistique du dernier kilomètre a sérieusement douché ces espoirs. Il suffit de voir ces pauvres livreurs dans leur petite camionnette se débattre pour se garer au plus prêt, décharger leurs caissons, les transbahuter jusqu’à la bonne cage d’escalier, carillonner, encombrer l’ascenseur, le bloquer même, la galère quoi ! Même topo pour Coursengo : livraison à domicile après les courses faites par le consommateur. Donc, retour aux sources : faire accroire au consommateur qu’il gagne du temps en se contentant après commande sur le Net en venant les récupérer avec sa petite auto à un entrepôt.
J’ai trouvé sur le Net les impressions d’une nénette (j’ai corrigé les fautes d’orthographe) forum aufeminin.com
« J'ai testé le Leclerc drive in aujourd'hui (Auchan le fait aussi je crois)
Bon je ne peux pas blairer M-E Leclerc (ça m'a un peu freiné pour me rendre dans sa boutique...) mais c'est vraiment ultra pratique qd tu as un petit que tu balades
1 le site fonctionne bien : j'ai pas mis 2 plombes à faire ma première commande.
2 tu arrives sur place, on te met tes courses dans le coffre de ta voiture, tu repars
3 c'est un service gratuit
4 c'est plus rapide et plus flexible que la livraison à domicile
5 les dates de péremption sont : pouce levé
Seul bémol, il y a un peu moins de choix qu'en magasin, mais bon il y a qd même pour chaque produit : une ou deux marques phare, la marque Leclerc, une marque ... tout ça en plusieurs contenance.
Il y avait surtout des mamans avec des sièges auto à l'arrière, ça m'a pas dépaysé.
C'est pas de la pub, c'est juste pour vous conseiller d'essayer si vous en avez un près de chez vous... »
J’adore la notion de gratuité : c’est un coût caché, donc apparemment indolore, puisque c’est vous qui payez.
Article du Parisien
« Ce nouveau mode de consommation connaît un succès certain : environ 200 commandes par jour à l'Express Drive de Meaux. « Cela évite de faire la queue dans les magasins et de perdre du temps à choisir les articles dans les rayons », explique Michel Delpech, à Plessis-l'Evêque. Ce jeune retraité, qui l'utilise pour la première fois, fait encore figure d'exception à Meaux. Effectivement, la clientèle se compose surtout de jeunes mères de famille et de couples d'actifs pour qui le temps est compté. « Notre cible, ce sont les 25-40 ans des catégories socioprofessionnelles supérieures », indique Pascal Henry. Comme partout ailleurs, le pic de fréquentation se situe aux heures de sortie des bureaux. « Nous possédons notre propre stock et une équipe de quinze personnes dont douze embauches » Chaque centre Express Drive fonctionne en autonomie par rapport au supermarché de la même marque. « Nous possédons notre propre stock et une équipe de quinze personnes dont douze embauches », souligne Laurent Julien, directeur du drive meldois. Si les rayons du magasin classique ne sont donc pas dépouillés de leurs articles, le sont-ils de leurs clients ? « Non. C'est une nouvelle clientèle que nous touchons mais elle peut avoir à compléter ses achats au magasin car nous disposons de moins de produits », confie un employé. Autre particularité de la commande à distance : les internautes achètent en plus grande quantité. Les sacs de l’Express Drive semblent moitié plus remplis que ceux qui sortent du magasin. »
Pour en finir avec ce concept vieux comme les années 50 et qui nous vient des rois des gros culs dans leurs grosses bagnoles : le ciné, hamburgers et coke, j’en reviens au vin. C’est lourd une bouteille de vin, 6 bouteilles c’est limite, au-dessus c’est mission impossible. Alors en dehors de la GD et du HD et bien sûr des cavistes que font nos chers consommateurs pour acquérir des bouteilles en nombre conséquent :
- l’achat à la propriété en assurant soi-même l’enlèvement ou par correspondance ;
- les salons où le client enlève mais la vigneron approche le produit ;
- l’achat Internet sur des sites spécialisés avec livraison au client.
- les dépôts ou entrepôts...
- les brocantes, les foires et marchés...
Et si le drive-in, en des lieux d’accès facile, ouvert à des heures décalées où dans nos belles villes la circulation est fluide était un service à rendre aux acheteurs de toutes les formes de commerce pour récupérer ses beaux cols. Qui s’y colle ?