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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 00:09

Je vais sûrement choquer les adeptes de la dégustation de haute école mais lorsque je lis sous la plume de l’académicien des années 50 Georges Duhamel le texte suivant je sors de suite mon « mauvais garçon » Boudard, Alphonse de son prénom.

 

« La France est un des rares pays où des esprits clairvoyants s’efforcent de sauver encore certaines merveilles dont elle est, moralement et matériellement, la gardienne apostolique. Parmi les arts et les artisanats qui forcent au respect les multitudes étrangères, déjà conquises par les impératifs des civilisations vulgaires, l’art du vin, pour menacé qu’il soit dans le reste du monde, demeure un art français, un art qui inspire le respect, même aux ignorants, même aux gloutons des plus basses catégories. Qu’une vraie bouteille de vin français arrive au bout du monde sans trop de dommage, et elle sera regardée, avant d’être bue, comme le véritable et respectable symbole de la communion entre gens hautement civilisés. »  

La langue de Boudard à une autre saveur :

 

« Une messe de Monseigneur Lefebvre, je ne peux pas mieux comparer. Il débouchait soigneux la bouteille. Il versait. Son verre il le tenait toujours à la base. Là, il frimait l’aspect, la couleur. Un vin c’est pas comme un homme politique, rare que ça vous trompe à l’apparence. Il reniflait ensuite et déjà il savait tout. Plus rien à apprendre. Enfin il poursuivait son office... dodelinait, tournait le liquide précieux dans le guindal. Voilà, la haute technicité du lichailleur d’élite... le coude fixe, la pogne preste, hop ! première gorgée... il la laissait couler... qu’elle prépare la route... la seconde, celle-là, il se la gardait dans la bouche. Si c’était un bon petit cru, ça se lisait dans ses yeux. Il avait un certain sourire qui lui... je peux pas dire enluminait la face, elle y était déjà... rubiconde, éclatante... toutes sortes de rougeurs... sur les joues, le pif, jusqu’aux esgourdes. C’était pas l’hypocrite alcoolique, il annonçait ses penchants en effigie.

- Alors ?

Il interrogeait Félicien. A propos, là, d’un picrate dont il avait reçu deux ou trois bouteilles. Un petit vin de la Drôme... d’un producteur modeste de ses amis... un vieux copain de l’avant-dernière.

Ils avaient fait ensemble les Eparges de 1916... je ne sais plus quelle autre bataille...

Fameux ! »

 

« Le banquet des léopards » Table Ronde 1980

 

« Alphonse Boudard est né à Paris en 1925 de père inconnu. Mineure et sans ressource, sa mère le confie dès sa naissance à une famille de paysans de Bellegarde, en pleine forêt d’Orléans. Il grandit là comme « un petit clébard », entre Blanche et Auguste, un ancien de la grande guerre, taciturne, laconique, bourru et affectueux, qui ponctue ses journées besogneuses et silencieuses de courtes tirades telles que « Tchon, fi de garce, v’là t’y pas l’Alphonse qui s’ramène ». Son premier langage fut donc celui des Carnutes, alors que lui-même semblait promis au difficile statut d’ouvrier agricole, à la vie de petit paysan ou de cul-terreux si vous préférez. » puis ce sont les apaches de la Butte aux Cailles, la Résistance puis c’est ensuite sa période sombre lire la suite avec un grand expert de la langue verte : André Pousse ICI link 

 

Alphonse Boudard à propos de son passé trouble

Bains de minuit - 13/05/1988 - 08min11s

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