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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 00:09

 

« Des tripes & des lettres »pour commettre un tel opus il fallait réunir un triumvirat de choc : celui qui fait, celui qui écrit et celui qui croque, Camdeborde, Lapaque, Tolmer


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Les éditions de l’Épure l’ont fait.


Et moi, tel un pacha gâté, je l’ai reçu bien empaqueté dans le terrier haut perché des mains d’une fée dont l’œil pétille et brille à la seule évocation des modestes abats, ces couilles d’agneau, ces groins de cochon, ces yeux de veau… soudain ennoblis par la magie de la main qui frit.


Souvenir du cochon sacrifié dans l’aire, les soies grillées dans la paille, les deux quartiers fendus, les seaux de sang frais dont on fera le boudin et la fressure « Le sang a disparu des livres de cuisine : en Vendée la fressure résiste contre l’exsangue, alors parlons-en » link


Dans sa préface au petit opus Le Sang aux éditions de l’Epure, Francis Ricard, un toulousain, écrit « Mon arrière-grand-mère portait toujours un tablier sombre. Elle étouffait les pintades. Elle les pendait à une poignée de porte ou elles s’étranglaient dans un battement d’ailes. Elle étouffait les pigeons, un dans chacune de ses mains paysannes. Mais elle saignait les poulets et les lapins. Le sang coulait, généreux, puis finissait par goutter dans l’assiette en fer ; toujours la même. J’observais les bulles qui se formaient et l’irisation de ce liquide noirâtre. Je supposais qu’il était chaud mais j’ai toujours répugné à y tremper un doigt. »


J’écrivais :


Chez moi  c’est la mémé Marie qui tuait, on disait bien tuer, les volailles et les lapins. Elle le faisait simplement, normalement, car pour manger le poulet ou le lapin il fallait bien le tuer. J’ai donc vu couler leur sang dans une petite assiette en fer et je n’ai jamais trouvé cela sanguinaire. C’était la vie, le cycle normal de la prédation alimentaire. La mise à mort du cochon était une affaire d’hommes et beaucoup plus spectaculaire car l’animal braillait et se débattait lorsqu’on le conduisait au sacrifice. Mais là aussi aucune barbarie, aucune méchanceté, on se contentait de tuer le goret au petit matin. Pour les poulets comme pour le goret il y avait après le sacrifice les odeurs du grill et je n’ai jamais aimé ce parfum de crématoire. De nos jours tout cela est externalisé, dérobé à nos yeux, caché, occulté, confié à des professionnels, l’animal apparaît sous sa forme hygiénique sans aucune trace de sa mise à mort. Ainsi le vrai sang disparaît de notre quotidien pour laisser la place au sang humain virtuel qui éclabousse les jeux de nos enfants ou les écrans de télé et de cinéma. Tuer des animaux est un signe de notre barbarie alors que la mort donnée par les armes modernes ou même les plus sommaires fait partie d’une forme ultime du fait divers ou de la guerre lointaine. L’émotion est là, fugace, répétitive, brève. Comme nous n’assumons plus la réalité, il faut tout aseptiser afin que nous puissions supporter les images.


Alors vous comprendrez aisément que j’ai apprécié à sa juste valeur le pastiche de BHL par Lapaque tout comme l’excellent trait de Michel Tolmer  à propos de la sanguette de volaille.


Tous les ingrédients sont assemblés :


-         La barbarie à visage humain le best-seller de BHL

-         La chemise immaculée de BHL

-         Le sang qui coule, généreux, pour finir par goutter dans l’assiette en fer…


Comme je sais que Sabine ne me tirera pas les oreilles je vous propose en amuse-bouche, pour vous inciter à acquérir vite fait bien fait su le gaz de votre gazinière « Des tripes & des lettres », le pastiche de Sébastien Lapaque et l’illustration de Michel Tolmer.


« Retour en France avec un groupe de journalistes emmenés par le Ministre de l’Agriculture. Atmosphère étouffante, ambiance sinistre. Aux portes de la Xaintrie*, des hommes se délectant d’un plat douteux nommé sanguette. Une « spécialité » préparée avec du sang de poulets que l’on vient juste de tuer. Ce meurtre de volaille. Un passage à l’acte. »Un plat traditionnel », ai-je entendu. Traditionnel. L’exhalaison de cet adjectif puant dans la bouche de ces amoureux de la terre. Ce que ces enfants honteux de Maurice Barrès n’osaient pas dire devant moi : la cuisine, elle, ne ment pas. N’étant pas de la tribu des rustiques et n’ayant pas gardé les poules avec ces gens-là, j’ai mesuré le vent sauvage qui enveloppait leur table, une fois de plus, et comme souvent quand il s’agit du fameux terroir célébré par tous les prophètes de la décadence et tous les ennemis des Lumières. Du sang, de la volupté et de la mort. Rien de nouveau sous le soleil de l’idéologie française. Car enfin, les hommes que j’ai observés ce soir-là – il n’y avait parmi eux aucune femme, ce n’est pas l’effet du hasard – ne disaient pas seulement du pain, mais du bon pain et ce bon vin, bien de chez nous, bien français, que n’auront pas les coalisés américano-sionistes. Une façon de parler proprement insupportable. En les observant, je revoyais Barack Obama, dans son bureau de la Maison Blanche. Le Président évoquait pour moi la gastronomie française, ses aspects dévastateurs sur un peuple qui  se croit le plus instruit de la Terre. De la sanguette. Retenez ce nom. J’entrevois dès à présent l’heure sombre où il reviendra accompagné des relents fétides d’une sanglante cuisine. »


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Voilà mes chers lecteurs un opus indispensable aux bons vivants. Il est en vente chez les bons libraires ou ICI link


Pour accompagner ce mets goûteux link ma sommelière préférée, Claire, vous recommande : l’Analepse de Jean-Christophe  Comor.link


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J’adore !


* Analepse : figure de style dans laquelle on remonte le temps.

 

* La région est située au sud du Limousin, dans le département de la Corrèze, à la rencontre de l'Auvergne et du Quercy. 


On distingue deux régions en Xaintrie :


-         La Xaintrie Blanche au nord de la Maronne, plus agricole (canton de Saint-Privat)

-         La Xaintrie Noire au sud de la Maronne, plus pauvre et plus boisée (canton de Mercœur).

 

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commentaires

P
<br /> Grand merci pour cette dernière chronique où je retrouve le très sérieux oenophile et gastronome Michel Tolmer qui sait de son crayon et son esprit acérés nous faire tout de suite comprendre avec<br /> humour des situations souvent rocambolesques.<br /> <br /> <br /> Si vous voulez en voir d'autres que BHL et le pur sang sur une belle chemise, alors à cette adresse :<br /> <br /> <br /> http://fr.calameo.com/read/00003074761f0778b39cb<br /> <br /> <br /> N.B. : Pour une lecture plus confortable, nous vous recommandons de cliquer la touche carrée "Plein écran" à disposition sur la fenêtre du livre ouvert, en haut tout à droite.<br />
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R
<br /> La sanguette est une spécialité du restaurant "La Tupina" de Jean-Pierre Xiradakis à Bordeaux. Moi, le homard breton, je le coupe vivant en deux et je le mets sur la braise...<br />
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R
<br /> La sanguette de volaille est une grande spécialité de volaille de Jean-Pierre Xiradakis à "La Tupina" à Bordeaux.<br /> <br /> <br /> Moi, je suis comme toi, mes homards bretons de l'autre fin de semaine à Blois, je les coupe vivant en deux et je les mets à la braise... et d'autres dans un court-bouillon aromatisé.<br /> <br /> <br />  <br />
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P
<br /> Trop facile de se gausser de ce brave BHL qui fait ce qu'il peut pour rester en pointe de l'actualité.Mais à cette heure tardive de la nuit, ne nous en privons pas et ayons une pensée émue pour<br /> ce philosophe de haute tenue connu, entre autre, pour ses plagiats sans oublier ses références d'intellectuel choisies pour leur pertinence telle celle au philosphe Jean Baptiste BOTUL,<br /> philosophe de " tradition orale " qui n'est autre qu'un canulard de Frédéric PAGES ( chroniqueur au Canard Enchainé) et ses copains de l'Association des amis de Jean-Baptiste Botul. C'est dans<br /> "De la guerre en philosophie" que cette grande conscience a commis cette bévue digne d'un cancre . Quant à l'ouvrage recommandé par un Taulier gaté comme un coq en pâte, il vaut<br /> le détour comme tout ce qui vient de LAPAQUE (parfois associé comme ici à CAMDEBORDE) et auquel la mouche du coche fait souvent référence.<br />
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