Le rosé, le vin bien sûr, après des années de mépris, de quasi-déni d’existence de la part des longs nez et des becs fins : ce n’est pas un vin » ironisaient-ils, trop sudiste pour être pris au sérieux, sans effet terroir, trop technologique, un peu bâtard, estival, vin de soif, cantonné aux restaurants chinois ou au couscous : le Boulaouane, aspiré par la demande des consommateurs ignares, s’est vu propulsé au rang de sauveur, de quasi-star faisant jeu égal avec les valeurs établies. Comme de bien entendu, avec l’effet retard traditionnel, nous assistons à une ruée vers le rosé. Tout le monde sort son rosé mais, contrairement à la vogue du bronzage où le bronzé* vire de plus en plus au foncé, plus ça va plus les rosés sont pâles. On frise l’évanescence, la transparence, le décoloré, le code couleur tendance light semble être la priorité du cahier des charges du vinificateur. De cette mise en avant de la couleur du jus découle un soin extrême porté au packaging : bouteille claire et étiquette flashy affichent une forme de transgression des codes du vin. Les gens du vin copient la démarche des parfums sauf que ceux-ci pour leur lancement (avec 90% d’échecs) bénéficient de budgets pharaoniques.
Reste le jus qui, chez les parfumeurs, se résume à la pure fragrance alors que pour les nectars rosis à la vision et au nez s’ajoutent la bouche. Et c’est là que toute la belle construction marketing s’éboule, s’écroule, part en couilles – sorry N de R – c’est carrément la Bérézina. Même moi qui ne suis qu’un vulgaire dégustateur-imposteur j’ai le sentiment de me gratifier d’un bain de bouche du genre eau de Botot* : c’est vif, décapant, ça donne envie de faire des gazouillis, de se gargariser, de recracher puis de s’entendre dire par sa dulcinée lors de son coucher « C’est super chéri depuis que tu te purifies l’haleine au R de P j’ai l’impression en accueillant tes baisers de sucer des bonbons anglais... » J’exagère à peine. La pente du succès est du genre des balançoires tape-cul de notre enfance : tout en haut puis brusquement tout en bas. Suite au grand buzz du rosé pur où certains nous ont fait accroire qu’ils défendaient le terroir si ça continue ainsi l’effet Beaujolais Nouveau est au bout de la route. Patatras, la poule aux œufs d’or élevée en batterie se transformera en Perrette et son pot au lait « adieu veaux, vaches, cochons, rosé... »
En écrivant cela je ne mets pas bien sûr tous les rosés dans le même sac ni ne prédit le déclin de la vague du rosé mais je me contente de souligner que l’irruption sur le même segment de marché d’une multitude d’offreurs opérant dans une multitude d’appellation ou d’IGP est du pain béni pour les chasseurs de bas prix. Le phénomène de l’océan rouge, ici rose pâle, est en place et, comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, pour beaucoup les désillusions sont au bout du chemin. Comment alors se distinguer, faire comprendre sa différence, être dans le marché sans le subir ? Équation à multiples inconnues qui n’est pas la même pour un vigneron-indépendant, un domaine important, un négociant régional ou un négociant généraliste mais qui repose avec toutes les variantes régionales, tout du moins pour notre marché domestique, sur une capacité de comprendre et d’anticiper l’évolution des goûts des nouveaux entrants qui portent en grande partie la vogue des rosés. Pour ce faire il est primordial que le monde du vin cesse de se regarder le nombril, d’être en complet décalage avec la société. Pour cela il faut s’y immerger, ne pas se trimballer avec un paquet d’à priori, admettre les différences, la diversité, sortir du cercle des seuls amateurs, bref faire le contraire de ce que nous faisons depuis plus de dix ans : cultiver l’effet retard. Facile à écrire me direz-vous. Oui j'en conviens mais à force de regarder passer les trains ou d'y monter avec retard nous nous sommes toujours à contre-temps.
Ceci écrit je ne détiens aucune vérité me contentant d’être au plus près des évolutions et des tendances de nos sociétés urbaines, versatiles et pleines de contradictions. Travaillant aussi sur d’autres produits alimentaires j’y constate aussi notre incapacité à prendre en compte le monde tel qu’il est. Prendre en compte le monde tel qu’il est ne signifie pas pour autant le subir. Bien au contraire, il s’agit de faire des choix en fonction de nos forces et faiblesses pour être présent ou non sur les segments de marché les plus porteurs. Notre marché domestique étant mâture, le développement d’un produit comme le rosé ou d’un contenant comme le BIB n’augmente pas la part du vin mais ne vient qu’en compensation partielle des pertes subies sur d’autres vins ou d’autres présentations. Ce ne sont que des embellies et, n’en déplaise aux penseurs en chambre qui signent de beaux papiers dans les revues spécialisées, la vitalité de la vitiviniculture française, qui est une viticulture généraliste, mixte, dépend de la santé de la base de sa pyramide. Croire ou faire accroire le contraire c’est semer de l’illusion et faire preuve d’un mépris élitiste bien plus redoutable que les effets de la loi Evin.
* Jean-Claude Trichet : pur produit français président de la BCE va prendre sa retraite
* bronzé dans le sens hommes ou femmes s’exposant aux UV artificielles ou naturelles
* Eau de Botot est historiquement le premier produit pour hygiène buccale mis sur le marché pharmaceutique français.
Créé spécialement pour le roi Louis XV par son docteur personnel Philippe Botot pour soulager ses douleurs dentaires.
Formule concentrée aux essences naturelles.
Permet de garder une hygiène buccale parfaite.
Purifie et rafraîchit l'haleine.
Existe en 150 ml 9.95€
Indications :
Eau purifiante et rafraîchissante pour l'hygiène buccale.
Formule :
Ethanol.
Extraits naturels : anéthol, benjoin.
Essences naturelles (0,8%) : menthe, cannelle, girofle.
Alcohol, Aqua, Arome, Sodium Saccharin, Cl 42051, Cl 16255, Cl 19140, Benzyl Benzoate, Benzyl Cinnamate, Cinnamal, Eugenol, Limonene.
Conseils d'utilisation :
L’eau de Botot s’utilise matin et soir, après le brossage des dents, et toutes les fois que votre haleine en a besoin.
Versez quelques gouttes dans un verre d’eau et rincez-vous la bouche