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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 00:09

ce-andouille.jpg

Comme le RP Maurice Lelong, o.p. auteur d’un petit opus jubilatoire « célébration de l’andouille » chez Robert Morel éditeur Le Jas du Revest-Saint Martin,HauteProvence, 

http://www.presences.online.fr/sitemorel/robertmorel.html 

je tiens pour certain « que la consonance des mots recèle d’étranges vertus. A, e, i, o, u, « voyelles, je dirai quelque jour vos naissances latentes... » Il est remarquable que toutes les voyelles du fameux sonnet de sonnet de Rimbaud sont mobilisées par le nom d’Andouille. A, o, u, i, e... L’oxygène qu’elles lui apportent donne à ce mot son ouverture, sa robustesse et sa santé. »

 

Faire l’andouille dit-on de celui qui fait l’imbécile pour amuser la galerie. Les expressions espèce d’andouille ou pauvre andouille relèvent de la même dérision. L’auteur de raconter cette histoire d’une innocente drôlerie de Monseigneur L... qui avait fait un apprentissage de quatre ans dans une paroisse de Seine-et-Oise : Houilles avant d’accéder à la prélature : « il n’avait donc fallu, à Monseigneur, pour parvenir à la plénitude du sacerdoce, moins de quatre ans d’Houilles. ». Et de s’interroger sur les vertus hilarantes de la rime en ouille. « Qui dira d’où vient que cette syllabe terminale chatouille l’oreille de façon si plaisante et dilate irrésistiblement la rate ? » Après avoir énuméré les mots : citrouille, nouille, bredouille, trouille...etc. qui « s’épanouissent dans ce phénomène replet, bonasse, familier et réjouissant » et qui « ont la vertu de dérider les hommes » le RP Maurice Lelong souligne que « notre andouille paraît détenir tant de puissance humoristique qu’elle est à la tête de cette joyeuse compagnie. On la soupçonnerait même d’agir à travers ses émules par voie d’osmose, comme si la vis comica des mots en « ouille » procédait de l’Andouille... »

 

Mais laissons de côté les andouilles pour revenir à l’Andouille, « à savoir : l’Andouille digne de ce nom... » qui « est exclusivement composée de porc. Andouille pur porc est un pléonasme : Autant dire du fromage au lait. Cette chose va sans dire, mais dit Talleyrand, elle va encore mieux en le disant. La peur de la tautologie ne doit pas nous empêcher de répéter la règle d’or rabelaisienne : Andouilles sont de pourceau extraictes. Et comme j’ai commis une chronique très hard où l’andouille est vantée « La cuisine érotique de tante Thyne enseignée aux jeunes filles » http://www.berthomeau.com/article-26880558.html pour me faire pardonner du RP Maurice Lelong je cite « la réponse donnée à la mère de Max Favalelli par le fils d’un charcutier à qui elle demandait ce qu’était un secret : « C’est ce qu’on met dans les andouillettes, Madame »

 

Enfin, selon la tradition bien établie ici, un extrait de la « célébration de l’andouille » qui, pour bien vous inciter à lire ce délicieux opus, décrit une andouille qui n’est pas de l’Andouille.

 

Recette des andouilles et cervelats de Carême du sieur Ligier dans la 10 e édition de la Nouvelle Maison rustique 1772.

 

« Prenez chair d’anguille, de tanche, de carpe et de brochet : hachez toutes ces chairs ensemble avec persil et ciboulettes, assaisonnez-les de poivre, sel, clou, muscade ; joignez-y du basilic, graisse d’anguille et beurre frais, ce qu’il en faut : pilez ensuite les ossements de carpe, de brochet, d’anguille et de tanche dans un mortier, vous y ajouter du vin rouge, ce qu’il en faut ; passez-le à l’étamine et en arrosez votre hachis, duquel vous emplirez les peaux d’anguilles ; étant emplies, ficelez-les de la longueur que vous voudrez par les deux bouts ; ensuite faites les mariner vingt-quatre heures dans du sel et de la lie de bon vin ; les ayant retirées mettez-les autant à la grosse fumée de votre cheminée, ou tel temps que vous voudrez, pourvu que sel et les épices ne soient point épargnés ; et lorsque vous en aurez besoin vous les ferez cuire dans du vin blanc avec de fines herbes, dans deux tiers d’eau et un tiers de lie : on les sert froides pour entremets »

 

Et le RP Maurice Lelong d’ajouter : « A quelques variantes près – le vin était blanc, les champignons étaient de la partie – c’était déjà la recette préconisée à l’aurore du siècle » Bon, si ça vous dit d’exercer vos talents d’accordeur de mets et de vin lancez-vous avec ces succulentes andouilles de poisson...

 

RP_Maurice_Lelong_op.jpg

« On ne peut parler des auteurs de Robert Morel sans évoquer le révérend Père Lelong, de l'ordre des Dominicains.

 

Les deux hommes se rencontrent peu après la Libération. Le Père Lelong est prédicateur sur les antennes de l'ORTF, Robert Morel est jeune journaliste à Témoignage Chrétien.

 

Son admiration pour ce prêtre extrêmement cultivé l'accompagnera tout au long de sa vie. Plus que des amis, ce sont des complices. Le père Lelong est présent à tous les moments de la maison d'édition, les bons et les mauvais ! Il appartient au cercle familial au point de disposer à l'année d'une chambre dans une partie du Jas du Revest Saint Martin. Il vit sa vie de prêtre dans la maison d'édition ; chaque repas, il bénit le pain devant l'assemblée des convives. Africaniste réputé, spécialiste des cultures orientales, doté d'un humour puissant, il captive l'auditoire, « toute conversation devenait une création », confie Marie, fille de l'éditeur.

 

Il aime les enfants de Robert Morel qui se souviennent de ce gros monsieur dont les mains tremblaient, qui se promenait sur les chemins en soutane, le bréviaire à la main. A leur égard, il est généreux, si généreux qu'un jour au retour d'un voyage en Sardaigne, il ramène deux petits ânes qui ont été transportés par avion, puis en voiture avant d'arriver au pays de Forcalquier ! »

 

Extrait du « Robert Morel » de Marcel Garrigou, éditions Arts et Formes". Article de Chantal Vieuille, page 120-121

 

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commentaires

R
<br /> <br /> Vive l'andouille !!!   a mort les cochons !!  <br /> <br /> <br /> J'aime moins la comparaison avec le vin sans alcool, que j'aime bien. Faut il gouter le bon, c'est comme l'andouille, faut-il ne pas se tromper... <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Et même les Jésuites se trompent : si Hélène s’approche du lit de Pâris, c’est bien pour LE faire. Ou alors elle s’approche de sa<br /> couche, peut-être.<br /> <br /> <br /> J’ai d’ailleurs retrouvé moi-même un quatrain méconnu, mais il pourrait être apocryphe :<br /> <br /> <br /> « Ô mon beau guerrier, qui ne connaît pas la trouille,<br /> <br /> <br /> Et qui oncques n’eut ni faiblesse ni vice,<br /> <br /> <br /> Si tu veux qu’Hélène t’aime sans embrouilles,<br /> <br /> <br /> Approche-toi, c’est par ici ... Pâris ! »<br /> <br /> <br /> Il y en a vraiment de belles, des rimes en –ouille.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Billet savoureux, un de plus.<br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si le fromage s’élabore au lait seulement : et le fromage de tête, alors ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Quant aux rimes en –ouille et les RP, voici aussi une anecdote savoureuse (et vraie).<br /> <br /> <br /> Il y a un passage de l’Illiade au cours duquel Hélène approche sa poire (qu’elle a belle d’ailleurs) du pucier de Pâris. Comme il est<br /> fin narrateur (quoiqu’on l’ai dit aveugle), l’auteur écrit donc en substance : « .... Et Hélène s’approcha alors du lit de Pâris .... » (je cite de mémoire et vous passe les<br /> épithètes homériques).<br /> <br /> <br /> Soucieux de la moralité, l’opuscule de commentaires à l’usage des potaches qui traduisaient ces vers (j’étais à l’école publique,<br /> pourtant), sous la plume du révérend père Van Ooteghem, de la Compagnie de Jésus, intervient alors en signalant, en note : pour la faire.<br /> <br /> <br /> Véridique !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et la rime en –ouille, me direz-vous ?<br /> <br /> <br /> - A votre avis ?<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Cher Jacques,<br /> <br /> <br /> Me parler d'andouille de si bon matin, à la veille de mon départ pour le Bocage Bas-normand, et ne pas faire une moindre petite allusion à la "Véritable andouille de Vire", me chagrine un peu !<br /> <br /> <br /> Je sais que "l'andouille de Vire", objet de promotions répétées par le Canard enchaîné, il y a 30 ans n'a pas contribué au développement de la véritable !<br /> <br /> <br /> Surprenant la recette de l'andouille de poisson et me donne envie de tenter l'expérience ! Nous devrions nous autosaisir pour une mission spéciale sur ce sujet ! ?<br /> <br /> <br /> Bref, tu seras pardonné de l'omission signalée en te soumettant à une dégustation pédagogique dès la prochaine année !!<br /> <br /> <br /> Bonnes fêtes de fin d'année ! JPL<br /> <br /> <br /> <br />
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