Dans la foulée de ce matin je ne résiste pas au plaisir de m’offrir virtuellement un Corton Grancey Latour de l’année de ma naissance, 1948, pour la modeste somme de 700 francs légers puisque alors que je voguais sur mes dix ans ceux-ci allaient êtres qualifiés de lourds en s’allégeant de deux zéros. En ce temps-là elle était loin pour moi la Bourgogne des climats avec pourtant son Gevrey-Chambertin Saint Jacques 1947 à 800 francs, son prestigieux Clos de Tart 1945 à 1000 francs ou son Chevalier Montrachet 1928 à 1000 francs. Le représentant en vins qui démarchait mon père se contentait de lui proposer des vrais faux Bourgogne : des vins dit déclassés car produit au-dessus des rendements de l’appellation.
Je ne vais pas ternir votre plaisir avec mes vieilles histoires mais souligner la belle place des Chablis : Fourchaume, Clos, Preuses en millésime 49, Valmur, Preuses, Vaudésir en millésime 29 entre 400 et 600 francs. Je rêve aussi d’un Meursault Poruzots 49 à 500 francs et Montrachet 28 à 1000 francs : vive la crise !
La maison Nicolas indiquait à ses clients de l’année 1957 : « En raison de la rareté des vins de réserve de notre tarif de luxe, nous n’acceptons que les commandes pour consommation immédiate et non pour la constitution de stocks en cave. Nous réduirons les commandes qui nous paraîtraient exagérées. »
Heureux temps où les vins de luxe n’étaient pas la proie des spéculateurs échaudés par la Bourse. Attendre et voir : acheter au point haut est gage de belles déconvenues lorsque viennent les points bas. N’aurai aucune larme pour ces acheteurs de belles étiquettes. Pour les « youpala» : en 1988 j’ai visité les caves troglodytes de Nicolas à Charenton-le-Pont, juste avant leur déménagement (j'embouteillais le vin de table Nicolas en ce temps-là, ce sui un péché mortel comme chacun sait). Sans doute la plus belle collection de grands vins anciens de France.
