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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 07:55

Désolé de vous importuner pour vous parler encore de moi comme me le reproche Showviniste, alias Olivier Le Baron de Vitisphère,  qui chronique dans Terre de Vins http://terredevins.com/blogs/showviniste/ , je propose à votre lecture un papier qui m’a été transmis par un ami vigneron lecteur. Il émane de Politis. Je rappelle, à tous ceux qui estimeraient que la parole n’est donnée qu’aux anti-OGM, que j’ai sollicité l’INRA Colmar, pour qu’il nous donne son point de vue mais il n’a pas daigné me répondre. J’attends d’être à Paris la semaine prochaine pour m’adresser à sa présidente. À défaut de voir Terre de Vins ouvrir ses colonnes au débat (mais dites-moi qui vous finance et je vous dirai qui vous êtes), les miennes bien petites le sont à toutes celles et ceux qui ont un point de vue, une analyse ou une transmission d’informations...

 

Politis, jeudi 2 septembre 2010, par Noëlle Guillon

 

Des pieds de vigne transgéniques ont été arrachés le 15 août dans un champ expérimental de l’Inra à Colmar. Au-delà du débat sur la sécurité des OGM, l’affaire révèle une politique tournée vers les agro-industries. D’autres façons d’innover existent pourtant, soulignent des chercheurs.

 

Les vignes OGM déterrées le 15 août dans un champ expérimental de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Colmar exhument une réalité souterraine complexe et ramifiée. Celle de la privatisation d’un institut de recherche public. L’organisme de recherche appliquée a de plus en plus de mal à développer des approches suffisamment plurielles pour permettre au plus grand nombre d’en bénéficier. Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum d’histoire naturelle, généticien et détracteur des OGM, exprime le fond du problème : « Avec cette vigne, c’est une perte de temps d’évoquer les risques, qui sont ici minimes. L’enjeu, c’est le lobbying qui sous-tend cette affaire. Cette vigne est un cheval de Troie. » Selon lui, et pour des syndicats comme SUD, la Confédération paysanne ou encore Greenpeace, cette vigne résistante au court-noué, une maladie virale courante, servirait d’instrument de passage en force des OGM. Olivier Le Gall, chef du département Santé des plantes et environnement à l’Inra, qui coordonne l’étude, reconnaît que « cette vigne était un bon support de discussion ». L’étude a d’ailleurs fait l’objet d’une mise en place concertée, avec un comité de suivi local incluant des ONG environnementales. Pour Guy Kastler, de la Confédération paysanne, associée à la concertation, le dialogue était biaisé pour des raisons politiques dès le départ  : « Les seules informations données au comité de suivi provenaient de l’organisme consulteur ! » À la suite de la visite de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de Bruno Le Maire, ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, le 24 août, sur le site de Colmar, la Confédération paysanne dénonce « un objectif politique et non une question scientifique pour résoudre le problème du court-noué ». Un pas de plus dans la rupture du moratoire sur les OGM, après l’autorisation de commercialisation et de culture le 25 juillet de deux variétés de maïs transgéniques du groupe Maïsadour.

 

Pour comprendre cet empressement de la France à revenir en force sur la scène OGM, il faut s’intéresser à la politique de l’Inra sur les biotechnologies au cours des dix dernières années. En 1999, les ministères de la Recherche et de l’Agriculture lancent le programme Génoplante de financement de la recherche moléculaire pour l’amélioration des plantes. Un budget de 391 millions d’euros qui a profondément modifié le visage de la recherche dans ce domaine, crucial par ses enjeux alimentaires. Christophe Bonneuil, historien des sciences au CNRS, a été consulté par l’Inra en 2001 pour la production d’un rapport sur la pertinence des recherches en biotechnologie. Il a depuis sorti un livre sur le sujet en octobre 2009, Gènes, pouvoirs et profits. Et a été désavoué par l’organisme qui l’avait sollicité. « Génoplante est conçu, par le ministère, comme un appui aux champions économiques nationaux », écrit-il dans son ouvrage. Car derrière Génoplante il y a entre autres Limagrain, numéro quatre mondial des semences, et Rhône-Poulenc, qui espère récupérer de nouvelles molécules valorisables.

 

Le fonctionnement même de Génoplante est sournois. « Pour être accepté, un projet devait comporter une collaboration avec une entreprise privée. Or, les fonds étaient majoritairement publics [à hauteur de près de 75 %, NDLR]. C’est du détournement d’argent public à destination d’intérêts privés ! », dénonce Isabelle Goldringer, généticienne à l’Inra, syndiquée à SUD. Historiquement, l’une des vocations de l’Inra était de répondre aux besoins de création de nouvelles variétés. Une prérogative perdue depuis quelques années. « Avant, l’Inra travaillait en lien avec les agriculteurs ; ceux-ci sont remplacés par les industries semencières », déplore Christophe Bonneuil. Alors que dans les années 1970 l’Inra disposait d’environ 70 programmes de création de nouvelles espèces, il n’en poursuit que 7 ou 8 actuellement. Une réalité dommageable surtout pour les espèces rustiques ou présentant des résistances naturelles aux agresseurs, qui n’intéressent pas le privé. « Maintenant, l’Inra s’est transformé en service de recherche en génomique, pourvoyeur de gènes intéressants pour les firmes », souligne le chercheur.

 

Cette tendance s’intensifie via de nouvelles entités, la filiale Inra Transfert, spécialisée dans le dépôt de brevet sur le vivant, ou encore Agro Biotech Accélérateur, une joint venture (coentreprise) entre Inra Transfert et le fonds d’investissement Seventure Partners, de Natixis. Leur objectif ? Soutenir l’émergence de start-up à valoriser en Bourse. « Le partenariat avec le privé n’est pas une mauvaise chose en soi, explique Jean-Louis Durand, de la CGT-Inra, ce qui est dommageable, c’est de voir que sont engagés des choix stratégiques qui ne relèvent plus de la science. Avec la combinaison d’approches, l’Inra répondait à des questions agronomiques, elles sont remplacées par des objectifs posés dès le départ. »

 

La compromission menace les chercheurs. Le nouveau point de crispation entre pouvoirs publics et syndicats, ce sont des primes d’excellence et, plus récemment, des primes d’intéressement. L’idée est de récompenser les chercheurs les plus méritants par des gratifications personnelles. En pratique, les exposer à la tentation de recherches à court terme et directement valorisables. « Ces rémunérations vont casser l’esprit d’équipe. Il est même prévu de les rendre secrètes. Cacher l’excellence, ça en dit long sur la moralité de la chose ! », s’indigne Jean-Louis Durand. Un outil de plus en tout cas pour séduire des chercheurs perméables aux théories dominantes de l’agro-industrie. Il relativise tout de même : « Le chercheur-manager reste encore un mythe, mais la morale change. Le danger, c’est de perdre de vue la question fondamentale, celle de l’agriculture que nous voulons. »

 

Repères

 

OGM : organisme obtenu par l’introduction dans son génome d’un gène d’une espèce différente.

 

Génomique : branche s’intéressant aux gènes valorisables par sélection classique ou OGM.  La dérive étant le dépôt de brevet sur ces gènes. La stratégie commerciale des agro-industries repose sur la combinaison d’un gène de résistance à un intrant et la vente de cet intrant.

 

Sélection participative : une des approches peu développées à l’Inra, fondée sur le maintien de la biodiversité par l’échange de semences entre agriculteurs

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commentaires

S
<br /> <br /> A propos des OGM, quelques lignes de catherine bernard dans la revue de presse de ce mois :<br /> <br /> <br /> http://www.terredevins.com/article-3097-Revue-de-presse-Septembre-2010--Ebats-francofrancais.html<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Une autre dérive de l'INRA est en marche, celle de INRA-NACRe, qui est orientée "Nutrition". C'est cette branche de l'Institut qui a donné la caution scientifique à la brochure "Nutrition et<br /> prévention des cancers" lancée à grand spectacle au Ministère de la santé, le 17/02/20010, dont le premier thème repris par tous les médias, était: le premier verre de vin est cancérigène,<br /> ce qui est un mensonge scientifique. Cette brochure était soi disant fondée sur le rapport mondial du WCRF, qui avait une autre orientation, la première cause énoncée est l'obésité et la mal<br /> bouffe, dit autrement, l'alcool ne venant dans le WCRF qu'en 6° position !!!<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> 2 définitions en bas de page sont à l'image de tout le texte qui précède. Approximatif, orienté et faux.<br /> <br /> OGM : organisme obtenu par l’introduction dans son génome d’un gène d’une espèce différente. Raccourci fumeux.<br /> On peut aussi chercher à surexprimer un gêne, ou inversement à inhiber son expression. La définition citée correspond à une majorité de travaux déjà effectués, mais reste réductrice des<br /> possibilités offertes.<br /> <br /> Génomique : branche s’intéressant aux gènes valorisables par sélection classique ou OGM. La dérive étant le dépôt de brevet sur ces gènes. La stratégie commerciale des agro-industries repose<br /> sur la combinaison d’un gène de résistance à un intrant et la vente de cet intrant.<br /> Raccourci là encore. Et tromperie manifeste.<br /> La génomique est la science d'étude du génome, de son expression et de sa régulation. Ce qui est défini ici n'est pas la génomique, mais directement les "dérives" possibles. En outre, l'industrie<br /> utilisant des OGM ne cherche pas forcément la vente associée d'un intrant. Les bio thérapies obtenues par OGM fonctionnent avec un produit résultant de l'OGM, pas avec un truc associé. De même,<br /> le coton Bt, pour ne citer que lui, dispense de l'utilisation d'insecticide, puisqu'il fabrique lui même un toxique pour les ravageurs de ce coton. C'est donc tout l'inverse dans ce cas là, il<br /> n'y a plus de vente associée de produit (le coton Bt Monsanto empêche la vente d'insecticide Monsanto, c'est assez ballot, non ?). Pour la vigne résistante au court noué, il faudra aussi me dire<br /> ou se cachait l'intention de vendre un intrant associé.<br /> <br /> Les fausses définition données ne sont là que pour encourager la peur de pratiques mal ou pas comprises par le grand public.<br /> Tenez, je vais vous donner une définition du même genre:<br /> Voiture: objet industriel destiné à enrichir des actionnaires, en collaboration étroite avec le lobbying pétrolier, dont le but ultime est de générer de la pollution et des morts sur les<br /> routes.<br /> <br /> Si Noelle Guillon n'était que journaliste sans background scientifique, après tout, ça n'aurait été qu'article trompeur de plus, une goutte d'eau dans un océan de médiocrité journalistique.<br /> Mais c'est en fait bien plus grave, puisqu'elle maitrise les outils génétiques. Il faut vraiment ne plus avoir la moindre estime de soi pour tomber aussi bas dans le racoleur tricheur<br /> sensationnel afin de vendre un papier (de chiotte) à tout prix<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Comme toujours avec les OGM, on dévie sur autre chose.<br /> <br /> <br /> Surement que ces recherches posent des problèmes politiques, surement que la mise en place de végétaux résistant à des herbiciides, des pesticides de synthèse est très dangereux mais ne peut-on<br /> pas envisager autre chose et d'une autre façon au lieu de tout rejeter, façon eau du bain avec bébé !<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> merci, d'avoir repris ce texte, qui pour moi parle des enjeux et tendances autrement plus dangereux que sa petite santé par rapport au sujet.<br /> <br /> <br /> <br />
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