Je ne suis guère adepte du possessif mais dans le cas présents je me lance dans le grand plaisir que m’ont fait deux de mes lecteurs assidus et de se rencontrer, et de nous narrer ces instants. Quel beau pied de nez à tous ceux qui ne voient dans l’Internet qu’une Toile sans âme, peuplée de gens qui ne vivent que dans la virtualité. En fait, comme dans la vraie vie, se dire bonjour, se parler, échanger, décoconner, discuter de choses sérieuses ou de l’air du temps en cassant une petite graine et faisant couler la miette avec le liquide ad hoc reste à notre portée. Prendre le temps de vivre, prendre son temps pour mieux vivre ensemble, c’est ça, au-delà des éternels discours en défense, qui donne à la civilisation du vin sa suprématie sur la religion de l’instantanéité, des plaisirs expédiés, du bonheur médicalisé. Petit sillon tracé par Luc et Denis amis lecteurs, rien ne vous empêche, comme j’ai incité Denis à le faire, de poster des commentaires, de suivre le fil, de nouer des dialogues, d’apprendre à se connaître. Suite à ma chronique sur les vendeurs de Tour Eiffel à la sauvette aux Tuileries, le sieur Charlier m’a proposé que nous vendions de concert des Manneken-Pis en ce lieu. J’ai une bien meilleure idée : que je sache ce ludion est vigneron alors nous pourrions, nous parigots tête de veau, après que le vin du nouveau millésime soit fait, organiser sa montée chez nous pour que son vin soit enfin accessible aux assoiffés de la capitale. Merci à vous deux, en espérant que vous ferez des émules.
« L’espace de liberté de Jacques Berthomeau a parmi ses buts avoués de favoriser la convivialité dans ce monde de brutes ainsi que l’expansion du domaine du vin.
Comme je partage pleinement ces deux objectifs j’ai commencé à lire ce blog, et son style précis mais décontracté m’a accroché au point d’en faire une lecture aussi quotidienne que matinale (hors périodes saturées par mon boulot).
Impressionné par la qualité des chroniques du taulier comme par le professionnalisme des commentateurs, je n’osais pas y mettre mon grain de sel. Qui suis-je, moi, simple amateur de vin, pour m’immiscer dans les dialogues de tous ces journalistes, cavistes, aubergistes, sommeliers et vignerons, orchestrés par un Contrôleur Général des Offices Agricoles ?
Premier passage du virtuel au réel : je rencontre Jacques Berthomeau himself à une dégustation. Aussi charmant à l’oral qu’à l’écrit, il sait se mettre à mon niveau d’amateur peu éclairé et insiste pour que je me lance à poster des commentaires sur son blog. Si, si, paraît que ça lui ferait plaisir de savoir ce que pensent ses lecteurs…alors bon, je me lance et j’y vais de mes petits mots. Du coup on me répond, et un dialogue s’installe avec le principal commentateur du blog : Luc Charlier. Le gars m’intéresse : vaste érudition, grandes idées, mais aussi des trucs simplets. Bref, il m’amuse et m’instruit. Par exemple il a réussi à faire bouger les lignes de mon esprit obtus sur un sujet comme les OGMs. Et sa croyance en un collectivisme désuet me fait bien rire.
Comme j’ai la chance d’avoir hérité de la maison du Grand-père face à l’Atlantique j’invite ce Flamand-vigneron du Roussillon à une partie de pêche, et il accepte !
Deuxième heurt avec le réel : c’est l’escapade que Jacques a rapportée dans son billet du 20 juillet dernier link Moi qui adore rencontrer des vignerons, en voilà un bien particulier à mettre dans ma collection. Et comme je partage l’idée que plus il y a de liens entre les gens qui veulent du bien au monde du vin mieux ça marche, j’ai mis ledit vigneron en présence de quelques amateurs férus de Bourgognes et d’une viticultrice biodynamiste de Bourgueil (Catherine Breton). L’entreprise était risquée puisque Luc, en bon révolutionnaire, n’aime pas les valeurs établies comme les GCC de Bordeaux ou les crus de Bourgogne. De plus son matérialisme l’empêche d’adhérer à la poésie naturelle du biodynamisme.
Mais Luc était venu avec des arguments imparables : les œuvres quasi-complètes de son Domaine de la Coume-Majou. Donc tout s’est très bien passé.
En bon disciple de Berthomeau je vais continuer à créer du lien et raffermir ceux dont on vient de parler. Pour continuer sur mon histoire de liens virtuels qui se concrétisent dans le réel : je prévois une visite dans le Roussillon, je vais organiser une dégustation des vins de la Coume-Majou pour le groupe d’oenophiles que j’anime, et nous lui adresserons probablement une commande. Bref, du concret, du solide.
Dégustation des 5 & 6 juillet 2011. Luc, Denis, Catherine et quelques amis à l’Ile d’Yeu.
Sans compter les BIBs de Muscadet !