Michel Onfray (pour la photo* se reporter à la fin de ma chronique) qui pratique « une philosophie de maître nageur vexé... » dixit Michel Crépu vient d’envoyer, dans un article publié dans le Monde du 10 juillet, un coup de pied que je ne qualifierai pas d’âne – j’aime trop cet animal intelligent – à ses amis corses. Il fut en son temps chroniqueur dans Corsica, où certains articles sont en langue corse (faut bien vivre, faire des piges, quitte à pisser ensuite le long de la raie de ceux qui l’ont hébergé). Dans cette tribune libre, où il ne reconnaît aucun intérêt à l’usage des langues régionales, ce qui est son droit, il délivre pour argumenter sa démonstration une phrase qui en dit plus long qu’un long discours sur le niveau de cet atrabilaire de supermarché pour préretraités : «... j’ai eu des amis corses qui, le vin aidant, oubliaient un instant leur religion et leur catéchisme nationaliste pour avouer qu’un berger du Cap Corse ne parlait pas la même langue que son compagnon du cap Pertusato ! »
Que l’Onfray du bocage normand estimât que «... la multiplicité des idiomes constitue moins une richesse qu’une pauvreté ontologique et politique. » libre à lui, mais entre nous « on n’en a rien à péter de son avis » ; qu’il invoquât pour ce faire le mythe Babel, outre que ça en jette dans l’amphi du 3ième âge, est fort plaisant pour un « athéologue » de comptoir ; que ce reclus honnissant les rives fétides de Saint-Germain-des-Prés en vienne à affirmer que défendre une langue « minoritaire » serait une « entreprise thanatophilique » en précisant que « son équivalent en zoologie consisterait à vouloir réintroduire le dinosaure dans le quartier de la Défense ou le ptérodactyle à Saint-Germain-des-Prés. » me plonge dans un océan de plaisir freudien : parisianisme rentré ? Bref, tout ce tintamarre médiatique me gonfle car, le « dégorgement » quasi-permanent du sieur Onfray, son auto-saisine via le flux continu des Tribunes Libres qui permettent à leurs auteurs d’entretenir leur fonds de commerce, frise le mercantilisme le plus méprisable.
Pour ma part je confesse ma totale incompétence sur le fond de la question, donc je ne vais pas vous abreuver sur ce point, sauf à dire que la langue est à la fois véhicule et réceptacle et que si la défense d’une quelconque langue se fondait sur le repli sur soi, le tribalisme, la guerre contre l’universalisme je contesterais le bien-fondé de cette lutte. Ma vision est plus positive, je suis partisan du libre choix, du droit pour chacun de disposer des langues et de sa langue. En Corse, les « crétins » qui barbouillent le nom français des villes et villages sur les panneaux indicateurs pour ne laisser subsister que les noms en langue corse, sont les meilleurs alliés du pourfendeur Onfray, ça s’appelle l’effet boomerang ! L’impérialisme de la langue française ne se situe pas au niveau d’un panneau indicateur qui n’est là que pour s’adresser au plus grand nombre, aux gens de l’extérieur qui cherchent leur chemin. Ce n’est pas faire injure à la langue corse que de faire remarquer que la langue française est plus répandue qu’elle et que pour un étranger elle sert de lien. Oui le lien, les liens, au-delà des phraséologies, des analyses profondes, revenons à la simplicité du lien qui permet l’échange, l’enrichissement mutuel...
* « C’est bien Michel Onfray qui se planquait sous la citation du 2 mai. «Il faudrait psychanalyser le métier de journaliste. C’est quand même une profession remplie de minables» avait-il déclaré dans son interview publiée par « Le Monde 2 » du 2 avril. Voir l’extrait en question et lire «Michel Onfray, l’athéologue prêchi-prêcha» dans «c’est pour dire+plus+», filiale de la présente holding. » http://cpourdireplus.over-blog.com/article-330222.html