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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 00:09

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Michel Onfray (pour la photo* se reporter à la fin de ma chronique) qui pratique « une philosophie de maître nageur vexé... » dixit Michel Crépu vient d’envoyer, dans un article publié dans le Monde du 10 juillet, un coup de pied que je ne qualifierai pas d’âne – j’aime trop cet animal intelligent – à ses amis corses. Il fut en son temps chroniqueur dans Corsica, où certains articles sont en langue corse (faut bien vivre, faire des piges, quitte à pisser ensuite le long de la raie de ceux qui l’ont hébergé). Dans cette tribune libre, où il ne reconnaît aucun intérêt à l’usage des langues régionales, ce qui est son droit, il délivre pour argumenter sa démonstration une phrase qui en dit plus long qu’un long discours sur le niveau de cet atrabilaire de supermarché pour préretraités : «... j’ai eu des amis corses qui, le vin aidant, oubliaient un instant leur religion et leur catéchisme nationaliste pour avouer qu’un berger du Cap Corse ne parlait pas la même langue que son compagnon du cap Pertusato ! »

Que l’Onfray du bocage normand estimât que «... la multiplicité des idiomes constitue moins une richesse qu’une pauvreté ontologique et politique. » libre à lui, mais entre nous « on n’en a rien à péter de son avis » ; qu’il invoquât pour ce faire le mythe Babel, outre que ça en jette dans l’amphi du 3ième âge, est fort plaisant pour un « athéologue » de comptoir ; que ce reclus honnissant les rives fétides de Saint-Germain-des-Prés en vienne à affirmer que défendre une langue « minoritaire » serait une « entreprise thanatophilique » en précisant que « son équivalent en zoologie consisterait à vouloir réintroduire le dinosaure dans le quartier de la Défense ou le ptérodactyle à Saint-Germain-des-Prés. » me plonge dans un océan de plaisir freudien : parisianisme rentré ? Bref, tout ce tintamarre médiatique me gonfle car, le « dégorgement » quasi-permanent du sieur Onfray, son auto-saisine via le flux continu des Tribunes Libres qui permettent à leurs auteurs d’entretenir leur fonds de commerce, frise le mercantilisme le plus méprisable.

 

Pour ma part je confesse ma totale incompétence sur le fond de la question, donc je ne vais pas vous abreuver sur ce point, sauf à dire que la langue est à la fois véhicule et réceptacle et que si la défense d’une quelconque langue se fondait sur le repli sur soi, le tribalisme, la guerre contre l’universalisme je contesterais le bien-fondé de cette lutte. Ma vision est plus positive, je suis partisan du libre choix, du droit pour chacun de disposer des langues et de sa langue. En Corse, les « crétins » qui barbouillent le nom français des villes et villages sur les panneaux indicateurs pour ne laisser subsister que les noms en langue corse, sont les meilleurs alliés du pourfendeur Onfray, ça s’appelle l’effet boomerang ! L’impérialisme de la langue française ne se situe pas au niveau d’un panneau indicateur qui n’est là que pour s’adresser au plus grand nombre, aux gens de l’extérieur qui cherchent leur chemin. Ce n’est pas faire injure à la langue corse que de faire remarquer que la langue française est plus répandue qu’elle et que pour un étranger elle sert de lien. Oui le lien, les liens, au-delà des phraséologies, des analyses profondes, revenons à la simplicité du lien qui permet l’échange, l’enrichissement mutuel... 

 

* « C’est bien Michel Onfray qui se planquait sous la citation du 2 mai. «Il faudrait psychanalyser le métier de journaliste. C’est quand même une profession remplie de minables» avait-il déclaré dans son interview publiée par « Le Monde 2 » du 2 avril. Voir l’extrait en question et lire «Michel Onfray, l’athéologue prêchi-prêcha» dans «c’est pour dire+plus+», filiale de la présente holding. » http://cpourdireplus.over-blog.com/article-330222.html

 

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commentaires

A
<br /> <br /> En réalité, ce que beaucoup reprochent à Michel Onfray, (je ne parle pas de Berthomeau) c'est son origine populaire revendiquée, la volonté de mettre la philosophie à la portée du plus grand<br /> nombre, de s'en donner les moyens pratiques. Et le fait de vivre de ses écrits, en toute indépendance. Avec des ouvrages décapants comme la "Contre-histoire de la philosophie", le "Traité d'<br /> athéologie" (on est d'accord ou pas), il offre point de vue décalé sur la pensée occidentale, démonte au passage quelques mécanismes toujours actuels de manipulation et d'aliénation. Evidemment,<br /> ça agace.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je vous entends bien, Jacques Berthomeau et je vous réponds volontiers. Mais d'abord une question : sur quels arguments vous fondez-vous pour dire que l'Université populaire est pitoyable ? Je<br /> n'y suis pas allé, car, comme vous le dites, c'est "loin de mes bases" mais j'ai podcasté un certain nombre de "cours", notamment l'intégrale sur Nietzsche et, même si je ne suis pas du tout<br /> d'accord avec lui concernant certaines interprétations, notamment celle de l'éternel Retour, force est de reconnaître que le bonhomme a du répondant et que ces cours sont loin d'être<br /> "pitoyables."<br /> <br /> <br /> Ce qui m'intrigue dans votre propos, c'est l'ironie de surface qui, que vous le vouliez ou non (mais je pense que vous le voulez...), mêlée d'affectif pur, qui nous entraîne dans un mêli-mêlo où<br /> le fond du problème – s'il en a un – est évacué, et Onfray passe pour un petit rigolo qui n'a rien compris à la Corse. By the way, si vous connaissez quelqu'un qui a compris quelque chose à la<br /> Corse, faites-nous signe !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Sur l'Université populaire je me suis mal exprimé : pitoyable ne s'adressait pas aux cours mais au côté adulatoire et béat d'une<br /> partie du public qui buvait les paroles du maître alors que manifestement les propos  passaient largement au-dessus de leurs têtes... La philosophie demande quand même l’acquisition<br /> d’un minimum conceptuel avant de prétendre à sa compréhension.<br /> <br /> <br /> Je n'ai aucun affect cher Jacques Perrin et surtout vis-à-vis de Michel Onfray, pourquoi en aurais-je d'ailleurs ? J’ironise<br /> car, comme tous les intellectuels français Onfray a des avis sur tout et profite de sa médiatisation pour truster les Tribunes Libres. Si j’ai abordé cette question sous le titre d’esquisses<br /> corses c’est que cette tribune libre a bien sûr été au centre des débats insulaires pendant mon séjour. <br /> <br /> <br /> Sur la Corse, pour vous éclairer, si vous en avez le temps, je me permets de vous conseiller la lecture de l'excellent livre de<br /> Jean-Louis Andreani (journaliste au Monde) « Comprendre la Corse » et éventuellement de lire ma chronique http://www.berthomeau.com/article-esquisses-corses-il-y-a-un-esprit-des-iles-partagez-le-avec-moi-56980370.html <br /> <br /> <br /> La Corse vaut bien mieux que cette forme de mépris continental qu'on lui prodigue...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Franchement, Jacques Berthomeau, qu’allez-vous ferrailler dans le vide ? Michel Onfray vous agace ? Cela est visible. Il vous fascine ? Sans doute également.<br /> Mais le fond de la critique, où est-il ? « Pour ma part je confesse ma totale incompétence sur le fond de la<br /> question, donc je ne vais pas vous abreuver sur ce point »<br /> <br /> <br /> Donc, si j’ai bien suivi vos méandres ironiques, tout ceci est épidermique. Soit, passons… Mais avouez-le, si vous l’avez lu, Onfray a quelques mérites qui ne se réduisent pas<br /> au costume mal ajusté que vous tentez de lui tailler.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Au risque de vous étonnez Michel Onfray ne m’agace pas, ni ne me fascine – qui le connaît personnellement ne peut éprouver une<br /> telle attraction –, il m’amuse au plus haut point et je ne ferraille pas avec lui mais je constate, si vous m’avez bien lu, son art extraordinaire d’avoir des avis définitifs sur à peu près<br /> tout : ici la langue corse. Ce n’est pas de la philosophie que je sache. Dans ma chronique je ne raille que son Université populaire : y êtes-vous allé cher Jacques Perrin ? Je ne<br /> le pense pas, Caen capitale du Calvados est si loin de vos bases. C’est pitoyable. Quand à ses mérites de philosophe je n’ai pas l’audace de me prononcer même si je ne le tiens pas pour un<br /> maître. Enfin, lorsque j’avoue mon incompétence dans le domaine des langues ça ne m’ôte pas le droit, en tant que Français, de trouver le point de vue d’Onfray bien loin des réalités de la Corse.<br /> Je ne comprends pas cet art que vous avez un certain nombre d’entre vous à me prêter des intentions que je n’ai pas. Oui j’aime « les hommes qui mettent leur peau sur la table » et<br /> Onfray n’en fait pas parti. Je ne lui taille aucun costume mais je me permets, comme l’on fait beaucoup de Corses, de lui contester le droit de réduire le débat sur la langue corse à une histoire<br /> d’incompréhension entre 2 vallées. C’est un peu court, non. Si vous avez lu ma chronique sur la Corse vous pourrez peut-être comprendre que le débat politique français va bien au-delà des humeurs<br /> d’Onfray. J’ai consacré 4 ans de ma vie au dossier Corse, avec les risques physiques que cela comportait – c’est ce que j’appelle mettre sa peau sur la table – et j’ai le droit d’écrire, et<br /> d’égratigner Onfray, qui déteste qu’on l’égratigne, ce que j’écris sur ce sujet qui n’a rien d’anecdotique dans le débat compliqué entre le pouvoir central et la Corse. La langue corse en<br /> fait parti et la façon dont Michel Onfray l'aborde ne fait que jeter de l'huile sur le feu. A défaut d'être un spécialiste des langues régionales, ni plus ni moins qu'Onfray d'ailleurs, je suis<br /> un citoyen français qui ne traite pas les Corses comme des "arriérés". <br /> <br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Lorsque Michel Onfray prétend que la langue Corse est si diverse que les habitants de Corse du Sud ne comprennent pas la langue des Corses du Nord, nous avons les mêmes réflexions en ce qui<br /> concerne la pratique de la langue occitane. On nous dit que les palois ne parlent pas la même langue que les carcassonnais. C'est pourtant la même origine latine, même si l'accent change.<br /> Dans notre groupe de chant choral, nous chantons en langue Corse, en langue du Piémont, en Catalan, en occitan de toutes origines depuis les charentes jusqu'au niçois, et notre<br /> compagnon universitaire linguiste, nous permet de découvrir la richesse de ces cousinages qui a permis, pendant si longtemps les échanges commerciaux et culturels de la mare<br /> nostrum!!  <br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Décidément, Michel Onfray amène beaucoup de "linge" (et du beau !!!) à découvert. C'est fou ce que cet homme provoque, sans doute parce qu'il est atypique, atypique parce que pas "parisien",...<br /> de détestations de toutes sortes. Cet homme est un catalyseur ! Il révèle les comportements à nos oreilles et à nos yeux effarés. On lui pardonne bien moins ses déclarations de "philosophe<br /> maître-nageur" que celles du premier cuistre venu (où il est question de Rolex et de cinquantaine par exemple) ou même du psychiatre saltimbanque télévisuel qui l'agonit d'injures. <br /> <br /> <br /> Quant à moi, sans surtout me prononcer "au fond", l'effet produit est, pour citer Lautréamont :"J'aime l'araignée et j'aime l'ortie parce qu'on les hait".<br /> <br /> <br /> Belle journée.<br /> <br /> <br /> yeux et à nos oreilles<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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