La mélopée de Bagdad Café reste gravée dans toutes les têtes de ceux qui ont vu ce film Out of Rosenheim de Percy Adlon sorti en 1987.
Pour autant je ne me permettrai pas ici d’évoquer, à propos du Breizh Café, une chanson dont on ne connait que le refrain où, chapeaux ronds riment avec bretons, car les couplets sont très paillards du genre Quand il passe un "aéroplane", Tous les hommes lèvent les yeux, Quand il passe une jolie femme, Tous les hommes lèvent la queue...
La Bretagne est belle, tout le monde en convient, mais dès qu’on évoque le terroir breton un ange passe car l’image qui colle aux produits de l’agriculture bretonne est celle d’un productivisme débridé : vaches, cochons, couvées embastillés et, du côté de la gastronomie, hormis les produits de la mer, la galette de sarrasin arrosée d’une bolée de cidre tient lieu de haute-cuisine.
Et c’est là que Bertrand Larcher prend tout le monde à contre-pied avec son Breizh Café.link
« Pour comprendre Breizh Café, il faut d’abord connaître mes origines. Né dans une ferme bretonne, près de Fougères, je suis issu d’une famille modeste qui a toujours su vivre en autosuffisance : mes parents cultivaient leur jardin potager, élevaient leurs cochons, leurs vaches, leurs poules et quelques chèvres. Dès l’enfance, j’ai été nourri aux produits sains et frais de ma région, ce qui m’a rendu non seulement exigeant sur la qualité des produits mais aussi respectueux des hommes et des femmes qui les réalisent. Très tôt, j’ai eu la conviction que leur travail était pour nous une leçon d’humilité, car sans eux, il ne saurait y avoir de cuisine exceptionnelle… »
Tout pareil pour moi : la meilleure école du goût est tout entière dans ce qu’écrit Bertrand Larcher, le jardin de pépé Louis, ses vaches, le cochon, les poules de mémé Marie, les talents de cuisinière de maman. J’ai tout appris au Bourg-pailler dans ma Vendée crottée aussi pauvre que la Bretagne de Christian Larcher.
Notre jonction ce sont les galettes de blé noir que mémé Marie confectionnait tous les vendredis de la semaine sainte pour toute la maisonnée. Que des natures au beurre de pot (beurre salé conservé en pot de grès), sauf au dessert où nous avions droit au raisiné link que nos voisins du nord les bretons ne peuvent pas connaître vu qu’ils n’ont pas de vignes.
Oui mais ils ont du cidre ! Mon cœur d’ancien président des AOC cidricoles se réjouis de ce qu’écrit Bertrand Larcher : « Parce que je suis entre Bretagne et Normandie (Cancale) aux premières loges pour étudier et valoriser le cidre, trop souvent considéré comme une boisson de « ploc ». Au contraire, je veux lui donner le rang qu’il mérite, et c’est la motivation première des généreuses cartes de cidres de mes restaurants : allez, goutez-moi ça ! C’est plus naturel que la majorité des vins, ça peut même vieillir en fût et en bouteille, aucun cidre ne ressemble à un autre et quel plaisir ! »
Encore un naturiste !
Lire ma chronique « Ma tarte aux pommes ne supporte que des bulles iconoclastes : Z comme Zangs ! »link
Enfin, pour évoquer encore mes souvenirs, avec mon père qui avait des machines à battre, nous battions du blé noir avec une machine spécifique : mon Dieu quelle poussière ! Le soir nous étions noirs !
à Paris c’est Restaurant Breizh Café
109, rue Vieille du Temple
Paris (75003)
TÉL : +33 1 42 72 13 77
MÉTRO : Filles du Calvaire, Arts et Métiers, Saint-Sébastien-Froissart
Un très beau livre à offrir !