Cet été la météo pourrie qui, à l’instar des indices boursiers en pleine débine, obsède bien évidemment les congepés mais surtout ceux qui voient leur chiffre d’affaires suivre la courbe du moral des adorateurs du Dieu soleil. Nous sommes passés d’une angoissante sécheresse frappant une grande part de l’agriculture française à une climatologie peu favorable aux vacanciers. Pendant très longtemps seuls les paysans scrutaient le ciel pour prédire le temps qu’il ferait d’où une flopée de dictons ponctuant le calendrier des saints (les fameux Saints de glace par exemple) : « S’il pleut à la Chandelouse, L’hiver s’en va comme une bouse. » De nos jours les bulletins météo font parti intégrante de l’offre télévisuelle, ils sont mis en scène sur le fameux fond bleu avec une forme de starisation des présentatrices et présentateurs. Des projections sur le temps à venir pour la semaine avec même un indice de confiance viennent compléter cette information qui peut, à priori, apparaître comme futile pour des urbains qui passent pour la plupart leur sainte journée enfermés dans des bureaux. Bien évidemment pour les fameux week-ends boostés par les RTT le temps qu’il fera est un élément influençant leur choix.
Reste qu’il n’est nul besoin de sortir de Polytechnique pour faire le constat que la météo influe sur la consommation. Plus il fait chaud plus il fait soif et bien évidemment lorsqu’il fait froid une bonne soupe est la bienvenue. Mais le bon sens ne suffit plus à notre monde de grandes machines à distribuer. Il faut sonder, non les reins et les cœurs, mais les réactions des pousseurs de caddies aux fantaisies de la pluie ou aux lubies du soleil. « Vague de froid sur la moitié de la France entre le 3 et le 10 janvier 2010 : plus de 24 % d'augmentation des ventes de potages. Semaine chaude du 16 au 22 août 2009: plus de 20 % de croissance des ventes de bières! La météo fait la pluie et le beau temps pour les achats. En effet, plus de 30 % de la consommation alimentaire serait «météo-sensible». Des variations qui intéressent au plus haut point les fabricants, les enseignes de grandes et moyennes surfaces et les sites marchands » Comment éviter les ruptures en magasin ou l’accumulation coûteuse de stocks ? C’est à cette question que Metnext, filiale de Météo France et Nielsen, spécialiste de la mesure de consommation en grande surface, prétendent répondre. Plus étonnant encore, une étude réalisée par Médiamétrie et Climpact a démontré l’existence d’un lien entre la météo et l’audience de la télévision : lorsque les conditions météo changent, le temps passé devant la télévision peut varier jusqu’à 45 minutes ! »
« Nielsen recense l’ensemble des données de ventes en hypermarchés et supermarchés sur plusieurs années et les agrège par catégories de produits et par région. De leur côté, les experts de Metnext corrèlent les ventes par région avec les observations météorologiques et les moyennes saisonnières pour déterminer un modèle d’impact météo par catégorie et par région. Les deux entreprises se sont ainsi unies pour offrir aux professionnels 300 indices Meteoeco sur 30 catégories de produits de grande consommation distribués en France. « Les indices meteoeco répondent à une vraie attente car plus de 30% de la consommation alimentaire est météo-sensible », explique Frédéric Bardoux, président de Matnext. Avec des observations, le modèle fournit les indices Meteoeco de suivi. Et avec des prévisions météorologiques, le modèle fournit des indices Meteoeco prévisionnels. Les horizons de prévisions sont aujourd’hui d’une semaine, deux semaines et quatre semaines. 300 indices sont ainsi désormais disponibles sur le site www.weatherindices.com/Nielsen . »
Mais à quoi ça sert d'étudier ça ? me direz-vous ?
- à écrire une chronique !
- à justifier la vente de services aux têtes d’œufs de la GD...
- « Nous travaillons avec beaucoup d'entreprises dans la distribution et la production », explique notre consultant. Pour un producteur d'eau par exemple, il est très important de pouvoir anticiper la demande afin de gérer ses stocks. Pour un distributeur dans l'agro-alimentaire, c'est plus ou moins la même problématique. " Nous faisons aussi des analyses du passé censées permettre mieux appréhender le futur, explique Tristan d'Orgeval. Par exemple nous allons travailler avec un distributeur pour évaluer son chiffre d'affaires hors effet météo. Cela lui permet de budgéter l'année qui arrive sans ces effets climats qui jouent largement sur les ventes ».
Et le vin dans tout ça ?
Pas ou peu d’éléments sur le sujet mais il me semble que la surabondance de l’offre de Rosé va peut-être se heurter à une certaine chute de la fréquentation des terrasses ou à la baisse de la fréquence des barbecues. Simple hypothèse qui ne signifie pas pour autant une baisse de la consommation en valeur absolue car un effet report sur le rouge par exemple, lié à des repas pris à l’intérieur ou au restaurant en attendant le beau temps, pourra jouer. Peu importe me direz-vous puisque le vin est en rayon alors qu’est-ce que ça change toutes ces élucubrations ? Pas grand-chose j’en conviens mais à plus long terme avec ce que nous constatons sur un réel dérèglement climatique ne serait-il pas sage de ne pas céder aux purs emballements liés à des prévisions fondées sur la prolongation de tendances historiques ? Mais le plus important me semble pour le vin niché ailleurs : dans le moral de nos consommateurs et là la météo joue un rôle capital : son inadéquation aux désirs joue un rôle dépresseur. Le vin n’étant plus vraiment une boisson mais un produit de confort psychologique – rien que pour faire chier les prohibitionnistes – nous devons face à la déprime mettre en avant ses vertus thérapeutiques – deuxième couche – et surfer sur la météo. D’ailleurs, pourquoi ne pas demander à ceux qui vont solliciter nos suffrages pour la Présidence de faire sponsoriser Météo France par les Vins de France ! Honnêtement mon cher Clavel ce serait à mon sens bien plus payant que n’importe quel articulet intégré dans le Code Rural. Je décoconne à peine ! Dernier point, c’est avéré, lorsque la plage est inaccessible le touriste pointe son nez dans l’arrière-pays avec la marmaille, alors peuple des petits vignerons hameçonnez-les pour qu’ils viennent dépenser leur picaillon dans vos petits caveaux. Vive le carton de 6 !