L’ami Olivier Dauga, le faiseur de vin – créateur c’est plus chic mais il faut bien transgresser cher Olivier – qui ne fait pas de manière, a le chic de dégotter des lieux exotiques pour nous accueillir pour ses pinces-fesses parisiens. Bon p’tète bien que Marie Mascré de Sowine y est aussi pour quelque chose mais peu importe : si vous me permettez l’expression qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse.
Jeudi, fin de journée, direction 33 rue du Château d’Eau pour rejoindre le Marché Couvert Saint-Martin. Tu arrives, tu zigzague entre le banc de poissons, celui des fromages, belles fragrances animales, et tu fonces vers le sémaphore en chemise à fleurs qui, au milieu de ses ouailles, embrasse avec effusion les arrivants. C’est chaleureux et convivial. Quand faut y aller, faut y aller, y’a du turbin (voir la liste des quilles). Je commence par le blanc de Grand Boise. Mon grelot grelotte : c’est Gabrielle un peu perdue qui me hèle face au stand de la marée. Je la guide. Présentation à notre 3e ligne en fleurs. Ruck ! Entre deux verres je bavasse. Comme je ne suis pas très sérieux, trop léger, j’adore ça. Plaisir décuplé de « cancaner » avec un jeune et grand garçon, bordelais de bonne extraction mais qui se soigne intensément, plein d’humour et d’à-propos. C’est du off bien sûr mais la conversation en est venue au marathon des dégustations à Paris où des agences, pour faire nombre, racolent le ban et l’arrière-ban des estampillés du marigot. Je ne sais si les clients font leurs comptes mais nous convenons que le retour sur investissement est rarement au rendez-vous. Bref, entre les nazes, les retraités, les sans lecteurs, j’en passe et des meilleurs, ça frise souvent l’indécence. Dans le fil de notre échange, une répartie d’un écumeur patenté, bien sous tous les rapports, rapportée par mon interlocuteur qui lui posait la question « pourquoi es-tu là ? » m’a vraiment laissé pantois. « Je suis payé pour ça ! » Vu son statut, qui n’est pas celui de dégustateur patenté, c’est un aveu étrange. Pas sûr qu’un quelconque écho de cette dégustation, où il fit un passage obligé, filtre un jour sur sa petite lucarne. De la représentation au nom de la maison qui l’emploie, pourquoi pas après tout.
Chez le grand Olivier j’ai fait une belle découverte : Le Blanc Marzin un superbe Sauvignon Gris que les grands dégustateurs de l’appellation Bordeaux n’ont pas jugé digne. Bravo, ça fait un superbe vin France supplémentaire. Continuez comme cela les mecs et vous n’aurez que vos yeux pour pleurer les cocos. Pour ceux qui n’accorderaient qu’une confiance limitée à mes capacités de dégustateur, ce que je comprends aisément, je leur signale que ce vin a été apprécié par les fines lames de la dégustation, Gabrielle en tête. Tout à côté des vins de Pierre Marzin, un vin blanc Ukrainien, servi par Vincent Levieux, toujours aussi disponible et avenant, dont je ne puis reproduire le nom vu ma méconnaissance de l’alphabet cyrillique. Deux blancs comme je les aime, avec une belle fraîcheur, friands, une acidité qui me ravit. Je suis acide comme vous le savez.
Comme nous étions au Comptoir de Brice après l’exercice de notre art nous avons dîné, si je puis m’exprimer ainsi, dehors sous la Halle du marché saint Martin ce qui était fort agréable car le thermomètre c’était réconcilié avec le printemps. Plusieurs tablées, pas de chichis, je suis bien entouré et face à moi Sophie, la sœur d’Emmanuel Delmas www.gourmetise.com et son fiancé. On cause et patati et potatoes… C’est bien agréable de se laisser aller. Bien sûr, nous n’étions pas payés pour être là comme notre charmant confrère, qui lui n’était pas là, nous étions-là pour marier la découverte et une belle dose de convivialité. Ça n’a pas de prix.
En fin de repas, alors qu’Olivier avait dégainé ses gros calibres, avant de reprendre la route je me suis enquis du lieu où nul ne peut me remplacer. On m’accompagna. Nous primes un monte-charge jusqu’au sous-sol. Voute bétonnée. Long couloir de chambres froides. Portes battantes bleues. C’est là. Je suis seul. Étrange sentiment d’être dans un film genre Shining. M’étant délesté je fis le chemin en sens inverse seul. Je m’attendais à voir sortir des frigos des têtes de veaux, toute langue dehors. Et si motard casqué surgissait ? Allais-je passer la nuit à errer dans le parking ? Le monte-charge remonterait-il vers l’air libre ? Seul le son de mes pas brisait le silence ! M’avait-on vu partir. Rassurez-vous je n’avais pas fumé la moquette ni abusé des nectars sanctifiés par Olivier. Non, avec un plaisir non dissimulé, je laissais la folle du Logis, du mien, se la jouer angoisse. Y’a pas à dire j’étais le jouet de l’effet impulse d’Olivier Dauga, un créateur de vin que j’aime bien. Voilà un garçon qui ne se la pète pas, qui bosse pour ces consommateurs que tous « les grands dégustateurs » ignorent, ces invisibles qui achètent du vin, beaucoup de vin. Pourquoi mépriser ces pousseurs de caddies en ne leur proposant de bons vins compatibles avec l’épaisseur de leur porte-monnaie. Même si certains me trouvent bourré de contradictions j’affirme et je continuerai d’affirmer que notre vieux pays du vin doit savoir faire tous les vins à la condition de bien les faire. Mes goûts personnels n’ont ici rien à voir avec ce principe de réalité. Merci Olivier tu fais le boulot qu’il faut, comme il faut, là où il le faut.
PS. je n'oublie pas AmelieDurand-PrixRaisin2013, que j'irai visiter dès que je le pourrai au château Doms
Les vins dégustés : link