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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 00:09

 BOKO2

 

J’ai reçu ce message de mon ami Olivier Horiot vigneron des Riceys :


Coucou à tous,


Nous sommes tous Charlie ici, mais la situation n'est pas joyeuse au Sahel non plus chez nos amis de Maroua (les agriculteurs que nous aidons avec notre association champenoise « la Vigne du Partage »link).


En pièce jointe, pour info donc, et si jamais leur écho pouvait s'entendre jusqu'ici afin de ne pas les oublier.


Gardons les yeux ouverts, bon courage !


Bises à tous depuis la rue ... de Bise


Et meilleurs veux, malgré tout, à ceux que je n'ai pas encore croisé.


Fil


Sincèrement,


Olivier HORIOT


horiot2.jpg


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Objet: Situation de Mbaljouwel dans la paroisse de Nguetchéwé


 

Les attaques lâches et barbare contre Charlie Hebdo en France perpétrées par les extrémistes islamistes, nous rappelle la situation que nous vivons chaque jour dans la région de l'Extrême-Nord. Nous avons l'impression que la méchanceté gratuite veut prendre le dessus sur la liberté dans notre monde. Cela n'est pas acceptable. La terreur et l'obscurantisme ne peuvent pas diriger notre monde.


Je tiens à vous partager en fichier joint, un document présentant une situation que nous venons de vivre dans notre diocèse. Cela nous inquiète énormément.


Merci pour vos prières afin que la paix reviennent dans notre monde et spécialement dans notre région de l'Extrême-Nord Cameroun.


Bonne et Heureuse année 2015.


 Edouard Kaldapa


Secrétaire de la Caritas Maroua-Mokolo


         CARITAS MAROUA-MOKOLO


Diocèse de Maroua-Mokolo

B.P : 49  Maroua

Tél : (237) 22 29 18 12 / 99 86 99 31

Email : caritasmarouamokolo@yahoo.fr

 

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Situation des attaques de Baljouwel dans la paroisse de Nguetchéwé

 

Suite à notre visite du 3 janvier 2015

 

 

Les périodes de fête de Noël se sont révélées être dramatiques pour de nombreuses populations de Mayo-Tsanaga et du Mayo-Sava. L'attaque de Baljouwel  du 26 décembre 2014 dans l'arrondissement de Mayo-Moskota (paroisse de Nguetchéwé) perpétrée par des éléments armés attribués à la secte islamiste Boko Haram a créé une panique générale au sein des populations. Au moment où l'insécurité monte en intensité, une psychose gagne l'ensemble des populations de la Région de l'Extrême-Nord Cameroun. La zone autour de Nguetchéwé, à une trentaine de kilomètres à l'intérieur du territoire Camerounais s'est révélée être le principal théâtre des opérations de la secte islamiste. La menace n'est plus seulement aux frontières, mais se trouve désormais à l'intérieur du territoire Camerounais.


Notre descente sur le terrain dans les villages sinistrés et nos divers entretiens avec les autorités locales justifient la présente note qui fait un point sur la situation d'insécurité dans la zone.


 

La situation actuelle des attaques :


Depuis juillet 2014, des attaques ciblées se multiplient contre des personnalités gênantes pour la secte islamiste Boko-Haram dans la zone de Ngeutchéwé. Ces attaques montent en intensité depuis le 21 décembre 2014. Le cas emblématique reste l'attaque spectaculaire du village Baljouwel  par les éléments de la secte islamiste Boko-Haram.


En effet, Baljouwel  est un village enclavé perdu dans la brousse à 7 km à l'Ouest de Nguetchéwé et 11 km de Mozogo, le chef-lieu d'arrondissement du mayo-Moskota. Le village est inaccessible en véhicule 4 roues, les pistes qui le traversent font de ce village, un village carrefour et un dernier verrou  avant la ville de Mozogo. Peuplé d'environ 650 habitants, essentiellement composés d'agriculteurs non musulmans, ils sont perçus comme des traitres qui renseignent les autorités sur les mouvements des éléments de la secte dans leurs zones.


Ainsi, dans la nuit du 26 décembre 2014 aux alentours de 19h, plus d'une centaine de personnes armées, dont plusieurs enfants d'environ 12 ans, probablement appartenant à la secte islamiste Boko-Haram ont pris d'assaut le village. Sans raison connue, scandant "Allahu akbar", ils ont encerclé le village, puis se sont mis à piller les maisons en emportant les chèvres et moutons avant de mettre feu et tuant tous les hommes. L'essentiel des personnes tuées sont larguées dans les flammes. Plusieurs familles ont été bloquées et consumées par les flammes. L'alerte donnée par les survivants n'a rien donné. Les assaillants ont opéré tranquillement jusqu'à 23h avant de répartir vers le Nigéria. Ils se sont permis de se faire accompagner de quelques jeunes filles et femmes pour les aider à conduire les animaux jusque dans les environs du village Djibrili. Après avoir tergiversé entre eux s'il faut les emmener ou non, craignant de se faire repérer par les forces de l'ordre, ils décident de les renvoyer. Faute d'effectifs suffisant de l'armée dans la zone et en raison de son enclavement, le village n'a pu être secouru ni pendant, ni après les attaques. Ils sont abandonnés de tous à leur triste sort.


Le bilan de cette attaque est très lourd: 37 morts brulés par le feu, toutes les 137 maisons du village brulées avec tous les biens familiaux (épargne, vêtement, pièces officiels, récoltes, etc.), tous les animaux emportés, population traumatisée et en fuite. Les récoltes qui viennent d'être achevées (mil, arachides, haricots, coton, etc.) sont totalement brulées.


selon les survivants, ces personnes connaissent très bien le village. Ils appelaient certaines personnes par leurs noms. Ces crimes odieux resteront bien sûr impunis, puisque aucune enquête n'est pour le moment diligentée. Cette méchanceté reste difficile à comprendre.


Les attaques de même ampleur ont eu lieu successivement dans les villages de Zénémé (24 maisons brulées et 3 morts), Hodogo (10 maisons brulées), Goldavi (1 maison brulée), Tala-Gozélé et Vouzi (27 maisons brulées et 1 mort).


Le trait commun entre ces villages est la non appartenance des habitants à la religion musulmane. Il est évident qu'il n'ya pas de guère entre les religions au Cameroun. Toutefois, les communautés musulmanes constituent le vivier principal de recrutement de la secte islamiste et ceux qui s'y opposent subissent la même violence. Les victimes commencent à soupçonner une complicité ou une "béhachisation ou bokoharamisation massive"(c'est-à-dire devenir membre de Boko Haram) des populations dans les villages en majorité musulmane dans la zone. Ces déclarations se justifient selon eux par le fait que les terroristes traversent certains villages pour attaquer d'autres.


Les inquiétudes grandissantes des populations:


Les attaques des villages et des marchés en plein jour par des éléments terroristes ont créé une grande psychose dans la population des arrondissements de Koza et Mayo-Moskota. Les populations non musulmanes des villages attaqués et de villages voisins fuient les villages pour se réfugier dans les villes de Mozogo, Moskota, Koza, Mokolo, Maroua. Les structures sociales telles que les écoles, les centres de santé, les marchés sont complètement fermées dans la zone. Les plus nantis mettent leur famille en sécurité loin des théâtres des opérations.


Les attaques successives du marché de Kuyapé qui se sont soldées par des morts et le pillage des commerçants renforcent ces craintes.


Il est désormais évident que Boko Haram se trouve à l'intérieur du territoire Cameroun. Comment comprendre que certains villages tels que Bornori, Djibrili, Talakatchi, Chérif-Moussari, Zénémé, Gouzda Vréket, Goldavi, Talkomari, Kuyapé, Nguetchéwé ne sont pas inquiétés et régulièrement traversés par les membres de la secte islamiste pour perpétrer des exactions plus loin. ont-ils déjà fait allégeance à la secte islamiste Boko-haram? Dans tous les cas, il y a des fortes complicités dans ces villages, ce qui rend difficile le travail des forces armées pour protéger les populations. Il est urgent de pacifier et sécuriser la zone.


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Les mesures humanitaires urgentes à prendre:


A cause de ces attaques, les survivants des villages brulés sont aux abois et dans le dénuement total. Ils manquent d'abris, de vêtement, de nourriture. L'accès aux soins de santé est inexistant. Leurs enfants en âge scolaire sont dans la rue. Ils ont plus que jamais besoin de la solidarité agissante des autres.


Jusqu'à ce jour, les sinistrés de ces différents villages n'ont bénéficié d'aucune assistance. Il est donc urgent d'organiser une assistance à ces populations d'environ 2000 personnes. Leurs besoins concernent l'alimentation, les abris, les vêtements, les couvertures, l'éducation des enfants, l'accès aux soins de santé, carte nationale d'identité, actes de naissance.


Dans les 6 mois à venir en période de soudure, une famine de grande envergure est à redouter dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga. Les récoltes ont été détruites dans plusieurs villages et l'élevage est quasiment anéanti. Il s'agira de venir en appui à l'ensemble de la population déplacée qui touche plus de 200 000 habitants. L'aide alimentaire est donc nécessaire.


         Fait le 5 janvier 2015

 

Le secrétaire de la Caritas

 

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