Bonjour à tous,
Même si je reste poli et policé, je suis très chiant.
Très, très, très chiant...
Dans ma vie j’ai eu droit à tout : arrogant, distant, fainéant, suffisant, provocant...
J’assume tout !
Même ma Légion d’Honneur...
Toutes mes contradictions... et elles sont, je vous le concède, permanentes et récurrentes.
Je ramène ma fraise à propos de tout et de rien mais lorsque, même gentiment, certains me demandent de dire ce que je n’ai pas envie de dire, alors je deviens aussi muet qu’un trappiste.
Je suis orgueilleux, et comme l’affirme un honorable correspondant « je cultive une nostalgie un peu ostentatoire sur mon passé sous les ors de la République »
Oui, et alors, devrais-je marcher en rasant les murs, la queue basse, en me battant la coulpe, en me couvrant la tête de cendres, en m’excusant d’avoir été, tout socialo que j’étais, « un profiteur de la République » avec chauffeur ?
Non, je suis très fier de mon cursus de méritocrate non fonctionnaire, non encarté, ayant occupé des postes en général occupés par des hauts fonctionnaires issus des grands corps de l’Etat.
J'ai fait le boulot, au mieux.
Je fais aussi très bien la tarte aux pommes.
Pour autant je ne cultive aucune nostalgie. Lorsqu’en 1992 Jean-Pierre Soisson, par la grâce du vieux François, vint s’installer au 78 rue de Varenne j’ai tourné la page sans le moindre regret. D’ailleurs, lorsque Le Pensec occupa le poste en 1997, au grand étonnement des hiérarques agricoles : Luc Guyau et Yves Barsalou qui m’appelèrent dans l’heure qui suivit sa nomination, et même si le grand Louis était mon ami, je préférai aller arpenter pour son compte les fins fonds de la France de la vigne plutôt que de poser mes fesses dans un grand bureau. Mes pas me menaient plutôt dans des salles minables à Trouillas ou à Segonzac que sur les moquettes de haute laine des palais nationaux.
Les 2 Bernard, Dauré et Guionnet, peuvent en témoigner.
Mes années chaussures à semelles de crèpe m'ont ravi. J'habitais dans les bois avec ma chienne Justine. Le brame du cerf sous mes fenêtres ça me changeait des lamentations des grands présidents.
Entre nous, le 78 rue de Varenne n’était pas un lieu de tout repos, bien au contraire les tomates y sont rarement sur canapé et il est très rare d’y sabrer le champagne avec les confédérés paysans.
Je suis donc très chiant mais je n’ai pas la prétention d’avoir toujours raison.
J’aime débattre.
J’aime convaincre.
J’écoute.
J’argumente.
J'aime réfléchir sur mon vélo.
Je me tiens bien à table aussi.
Je bois de bons coups.
Je sais me taire aussi.
Mais une fois la porte de mon bureau refermée ou l’écran de mon ordinateur éteint je tourne la page. Je vis ma vie sans me prendre le chou.
Mes chroniques matinales sont le fruit de cet état d’esprit.
J’y vagabonde.
J’y baguenaude.
Je m’échauffe parfois.
Je déconne souvent.
Je suis ce que je suis et ne m’en demandez pas plus.
Chaque matin je tente de m’exprimer sur un espace de liberté ouvert, convivial, où je cause avec tout le monde car j’exècre l’esprit de chapelle, les adorateurs du blanc et du noir, les pratiquants du yaka fokon, les qui ne se sont jamais foutus les mains dans la bouse – je n’écris pas le cambouis car je suis nul en mécanique – les qui lavent plus blanc que blanc et toutes les engeances qui se prennent pour le centre du monde.
Je suis tout sauf modeste mais je ne piétine personne.
J’aime beaucoup les femmes mais je ne sais jamais si, elles, elles m’aiment.
Je ne me lève jamais le matin en disant non.
Pour autant je ne dis pas toujours oui.
Je ne suis pas un homme facile.
Je cause avec tout le monde sauf ceux à qui je ne serre même pas la main pour incompatibilité avec leurs conceptions de la vie en société.
C’est mon élevage vendéen qui veut ça.
Ça m’est arrivé une fois, au Sénat, face à un élu qui me la tendait. Face à mon refus signifié à haute voix, l’homme m’a menacé, eu égard à sa position, des pires représailles. Il est des lignes jaunes que je m’interdis de franchir.
Le « Rougé pas frais » entre dans la catégorie des infréquentables.
Alors, pourquoi faire allusion à son livre me direz-vous ? Tout bêtement pour vous faire part de mon dégoût. Libre à vous ensuite de me suivre ou non, la démonstration par citations me semble superfétatoire.
Bref, un gus qui qualifie Bastien-Thiry – l’homme qui a tiré sur de Gaulle au Petit-Clamart – de héros et qui ose écrire que « l’alcool, c’est infaillible et sans coup férir, avilit le sale type sans porter atteinte à l’honnête homme. L’homme faux et mauvais, sous l’empire de l’ivresse restera laid, tandis que l’homme loyal et droit conservera son intégrité morale » * vaut pour moi la chasse d’eau.
* un lecteur me signale que cette phrase est du Brillat-Savarin mais comme elle était sans guillemets chez le Rougé pas frais elle est et reste pour moi d'une profonde stupidité...
Comme à l’ordinaire j’ai été long, trop long, égotique sans aucun doute, mais, de temps à autre, me défouler me fait du bien. J’espère que vous me le pardonnerez.
Je profite de l’occasion pour répondre à une question qui ne m’a pas été posée : pourquoi n’ai-je pas chroniqué sur la fameuse émission de la 2 « Envoyé Spécial » ?
3 raisons :
- je ne l’ai pas visionnée et je n’ai nullement l’intention de le faire.
- je n’ai nulle intention de le faire parce que j’ai de moins en moins de doutes sur la réponse à la question «Les journalistes français sont-ils si mauvais ?» http://www.berthomeau.com/article-31922860.html
- je ne souhaite pas joindre ma voix à un concert de hauts cris dont certains des interprètes sont « responsables » de ce type de comportement des médias. Le déni de réalité ne change pas la réalité mais laisse la porte ouverte à des émissions à charge alimentées par des spécialistes qui eux n’entretiennent que leurs fonds de commerce.
Et c'est signé d'un type qui s'est autoproclamé Secrétaire-Perpétuel d'une Amicale du Bien Vivre dite des Bons Vivants...