Suite à ma récente virée naturiste aux Subsistances de Lyon c’est une très bonne question.
En effet, dans toute trajectoire personnelle, à un moment ou à un autre, il n’est jamais inutile de faire le point : d’où viens-je ou suis-je ou vais-je ?
Virer sa cuti, est une locution, dont le sens premier est médical (1) : avoir une réaction positive à un test cutané (cuti-réaction) qui comme très souvent a donné naissance à un sens plus familier : changer radicalement de mode de vie, de comportement...
Ai-je changé mon comportement d’achat et de consommation de vins ?
La réponse est oui.
Pour autant je n’ai pas viré ma cuti.
Je m’explique.
C’est très simple : mon approche, mon analyse du monde du vin n’ont rien à voir avec mes goûts personnels de consommateur. Je ne suis, et je n’ai jamais été adepte d'une chapelle, militant d’une cause, sauf celle de l’extension du domaine du vin vecteur de convivialité, de bien vivre ensemble. Avec plus ou moins de réussite je m’efforce toujours de me placer à ce que j’estime être la bonne distance et de m’y tenir.
N’étant ni expert, ni critique patenté, je me contente de chroniquer sur le vin, le monde du vin, mais pas que… je suis aussi et surtout un amoureux des bons produits.
Si j’ai exprimé un réel enthousiasme à propos du salon « sous les pavés la vigne » de Rue 89 aux Subsistances à Lyon c’est que j’y ai trouvé tous les ingrédients, au-delà de l’aspect marchand, tout à fait normal, d’une façon d’être qui me convient. Loin des chichis, du paraître, d’une communication soit filandreuse, soit en béton armé, j’ai tout au long de ces deux journées croisé, observé, écouté, dans les travées, un public concerné, attentif, pas ramenard pour deux sous. Que du bonheur !
Au-delà des polémiques récurrentes, des postures, des faux-débats, des oukases, comme je suis un vieux cheval blanchi sous le harnois j’étais très heureux de voir une vraie génération aimant le vin pour ce qu’il est et non pour des raisons liées à son étiquette, à sa prétendue notoriété ou à sa fonction de marqueur social. C’était plein de vie, de vraie vie, bien loin de l’ambiance d’autres salons officiels où j’ai le sentiment d’assister à une course au savoir.
Ceci écrit, je ne suis pas idolâtre, je me suis tapé tout le « débat » animé, de manière bien conventionnelle, par Dominique Hutin. Pas de débat, pas d’échanges avec l’auditoire, peu de contradictions entre les intervenants. Gentiment chiant, sauvé par les interventions de Lilian Bauchet, les illuminations de Denny Baldin et l’envie de mettre de l’ambiance du camarade Dominique Derain. Sans faire un mauvais jeu de mots c’était bien conventionnel dans cet univers de joyeux naturistes.
Voilà, c’est dit. Je ne sais si je me suis fait bien comprendre mais je n’ai ni à justifier ou défendre ou tenter d’imposer mes goûts personnels, même si bien sûr il m’arrive parfois, pas très souvent, de faire référence aux vins que j’aime.
Au risque de décevoir certains de mes lecteurs le vin n’est pas toute ma vie, loin de là, écrire une chronique quotidienne n’implique pas une immersion totale. Je suis bien plus éclectique et, si je puis l’écrire, je suis avant tout un amateur du vin social. Je ne le détache pas de son environnement. Je ne le place pas sur un piédestal. Mes causes et mes engagements vont en priorité vers la cité, vers ce qui nous aide à vivre et nous fait vivre ensemble. Le vin y tient une place privilégiée bien sûr mais sans occuper tout l’espace.
Pour les petites louves et les petits loups qui n’ont jamais connu le vaccinostyle des médecins scolaires un petit résumé de ce qu’était la cuti-réaction.
(1) La cuti-réaction était naguère très utilisée pour connaître la réponse d'un sujet à la tuberculine ou, en allergologie, pour explorer les dermites de contact.
La peau scarifiée, généralement sur la face externe du bras et à l'aide d'un vaccinostyle, était mise en contact avec une préparation de tuberculine. Une bague à multipunctures dont les dents étaient imprégnées de tuberculine a ensuite remplacé la cuti-réaction.
Un test négatif (absence de réaction cutanée locale) indique que le sujet n'a jamais été en contact avec le bacille tuberculeux.
Un test positif (rougeur et induration locale de 2 millimètres au moins) signifie que le sujet a été en contact, à un moment de sa vie, avec le bacille tuberculeux, qu'il s'agisse d'une primo-infection naturelle ou d'une vaccination par le B.C.G.