« Par tempérament, Giscard est plutôt frugal. Mais il se pique d’être gourmet, curieux de saveurs neuves, et encourage son chef aux innovations. On voit ainsi apparaître aujourd’hui à la table présidentielle des plats qu’à mis à la mode « la nouvelle cuisine » : ragoûts de homards ou de fruits de mer, feuilletés de loup, de sole ou de jambon. Reste que Giscard – quel que soit le raffinement de menu – souhaite comme ses prédécesseurs rester moins d’une heure à table. » Le Président choisit pour chaque réception lui-même les menus dans l’éventail que lui propose Marcel Le Servot. Il les annote.
Pour la petite histoire, Giscard fit une entorse à son goût pour le service rapide lors du fameux déjeuner imaginé par Bocuse le 25 février 1975, pour la remise de sa Légion d’Honneur par le Président lui-même. « Ce jour-là, dix grandes toques, dont Le Servot lui-même, prirent place à la table du chef de l’Etat pour savourer la soupe aux truffes de Bocuse, l’escalope de saumon des frères Troisgros, le canard en gelée de Michel Guérard, la salade du moulin et la barquette de fraises des bois de Roger Vergé, et le gâteau au chocolat de J-J Bernachon. Le Château Margaux et le champagne Roederer étaient tous deux de 1926, année où naquirent Bocuse et Giscard. Eh bien cette fois-là, les photographes attendirent plus d’une heure devant l’Elysée la sortie des convives et Giscard partit très en retard enregistrer une allocution prévue pour le soir-même ! »
Reste que le plus grand fait d’armes de Giscard, hormis de jouer de l’accordéon, fut de s’inviter à la table des français sans doute pour y découvrir les joies de la cuisine familiale et le changer des zakouskis de la Nouvelle Cuisine dont il raffolait à l’Elysée...