En ces temps olympiques rappeler que Claude Piquemal fut médaillé de bronze olympique au relais 4 x 100 m en 1964 avec Genevay, Laidebeur et Delecour et 1968 avec Fenouil, Delecour et Bambuck en 38"4, c’est évoquer un temps où les athlètes couraient le 100 mètres au-dessus des 10’’ et ressemblaient à des gens normaux. Excellent vireur, ce merveilleux troisième relayeur, fin et élégant, portait les couleurs ciel et azur du Racing Club de France et, dans mon petit club des sportifs que j’admirais, Claude Piquemal occupait une place privilégiée car l’athlétisme en général, et le sprint en particulier, me fascinaient.
Aujourd’hui si vous tapez Piquemal sur Google la première rubrique qui s’affiche est : Domaine Piquemal et ça va me permettre de vous raconter ma petite histoire catalane du jour. Lorsque je débarquai en août 1998 à Perpignan en tant que médiateur de la crise des Vins doux naturels, la sortie de crise ne me semblait ni évidente, ni surtout rapide. Mes séances de psychothérapie collective salle Pams ajoutaient à ma perplexité. Le préfet Dartout soulagé du fardeau me choyait. Le président du CG me gonflait. L’Indépendant de Perpignan m’élevait au rang de vedette de l’été. Sur France Info Perpignan Louis Monich le rédacteur en chef – qui sera assassiné en fin septembre 2005 – suivait avec gourmandise mes pérégrinations. Guy Bringuier le DDAF se régalait. Je ressentais de plus en plus le besoin d’aller humer l’air des vignes, de prendre le pouls de vignerons que j’aurais choisi. Jacques Fite du CIVDN, un matin à l’heure du café me dit « tu devrais aller voir Pierre Piquemal, lui a tout compris… » Rendez-vous est pris. Avec ma petite auto direction Espira-de-l’Agly en fin de journée. Pierre Piquemal me reçoit avec simplicité et franchise. Le courant passe. Je l’écoute avec attention. Son histoire, à lui et à Annie son épouse, est exemplaire. Alors qu’ils auraient pu, comme tant d’autres dans ce beau département, se laisser bercer par la petite musique de la petite rente des Vins Doux, ils ont choisi une autre voie celle de devenir des vignerons à part entière. Voie difficile, la vigne, le vin, vendre le vin, autant de métiers différents et prenants. Se faire connaître, reconnaître, les salons, les concours, parcours du combattant, beaucoup de temps passé. C’est toujours avec grand plaisir que je retrouve Pierre et Annie Piquemal lors de Vinisud ou du salon des caves particulières, toujours avenant et souriant. La réussite ne leur a pas tourné la tête. Moi je leur dois un grand merci, ils m’ont beaucoup appris. Comme je le dis souvent à mon ami Eric, pour moi un vrai vigneron-indépendant c’est l’équivalent d’un boulanger-artisan qui fait du bon pain et Pierre et Annie Piquemal, et maintenant leurs enfants, en sont l’image-type.

Ce matin j’ai choisi Les Terres Grillées 2003 rouge signés des enfants : Marie-Pierre et de Franck Piquemal, c’est un Côtes du Roussillon Villages
Fiche technique :
Cépages : Assemblage de Grenache noir (35 %), de Carignan Vieilles Vignes (35 %) et de Syrah (30%)
Terroir : Sélection de schistes en coteaux.
Vinification : Traditionnelle en rouge. Vendanges éraflées. Cuvaison de trois semaines.
Macération carbonique pour le Carignan. Pigeage et délestage alternés.
Elevage : En fût de chêne pour la Syrah ; traditionnel en cuve pour le Grenache et le Carignan.
Titre alcoolmétrique : 14 % vol.

Comme vous le savez j’ai assez peu de goût pour la description des vins, avec son vocabulaire convenu, très fleurs et fruits, parfois cocasse : l’autre jour c’était goudron et colle très goûtu ces petites choses, car je m’y sens à l’étroit, bridé et surtout je trouve que les mots expriment souvent mal les sensations que procure la consommation de notre divin nectar. Je suis un amateur pas un dégustateur mais je vous dois quand même de m’expliquer sur les raisons de mon choix de ce matin. En faisant une pirouette je pourrais écrire que c’est pour la beauté du titre : de l’ocre de la cendrée au rubis des Terres Grillées mais ce serait trop facile et peu respectueux. Mon choix est esthétique. Mes amis catalans aiment à cultiver une image très proche du rugby pratiqué par l’USAP, disons rude. Terres Grillées pour moi c’est un costaud qui n’exhibe pas ses biscotos. Il ne roule pas des mécaniques. Il allie l’ampleur, la grâce et la finesse, à la manière de l’écossais Sean Connery dans les premiers James Bond : classe british avec juste ce qu’il faut de force mâle. Œil de velours et Aston-Martin, pour moi c’est un vin qui plaît aux femmes qui aiment les hommes. Propos peu orthodoxes que je complète par un commentaire trouvé sur le Net Apprécié pour « son magnifique parfum de cassis, de garrigue, de confit, de musc et de grillé. Des tanins soyeux étayent une matière ample et généreuse en bouche, laissant en finale une impression de noblesse gourmande sur des notes de cerise à l'eau de vie et cacao. »