De mon temps l'inauguration du salon de l'Agriculture se faisait le dimanche matin par le Ministre de l'Agriculture. Le François de Jarnac lui le visitait parfois, à son rythme. Tout a changé avec le grand Jacques de Corrèze qui n'aimait rien tant que tâter le cul des vaches, serrer des manettes, embrasser les gamins et engoufrer tout ce que le terroir lui présentait. Paradoxalement, plus le poids politique des agriculteurs décline plus au plus haut niveau de l'Etat on semble leur témoigner de l'intérêt. Certains vont me rétorquer, et c'est une réalité, que le secteur agricole, dans la nouvelle donne mondiale, reste un secteur stratégique. La dépêche AFP ci-dessous en témoigne mais, comme le dirait ma crémière, ne mélangeons pas le blé fourrager avec les calendos et les nectars de terroir. Les céréales et les oléoprotéagineux, dont les prix s'envolent, sont des commodities largement subventionnées aussi bien aux USA que dans l'UE, alors que nos vins, champagne et spiritueux sont produits et exportés sans la manne communautaire.
PARIS (AFP) — Deuxième puissance agroalimentaire mondiale, la France dispose, comme va le prouver le salon de l'agriculture de Paris à partir de samedi, de nombreux atouts grâce à ses céréales et ses vignobles, mais ses éleveurs craignent une nouvelle réforme de la PAC et un accord à l'OMC.
"Les échéances fixées par l'OMC (Organisation mondiale du commerce) ont au moins le mérite d'obliger la France à se réveiller. Et à trancher (car) la question qui se pose aujourd'hui peut se résumer ainsi: la France doit-elle rester une grande puissance agricole ?", se demande Christian Pèes dans son livre "l'arme alimentaire, les clés de l'indépendance" (Editions Le Cherche Midi).
Pourtant de nombreux clignotants sont revenus au "vert". L'excédent de la balance commerciale agroalimentaire s'est élevé en 2007 à 9,1 milliards d'euros, dont 2 milliards pour les produits agricoles bruts, soit le meilleur résultat depuis 2000, grâce principalement au champagne, aux vins, au cognac et aux céréales.
Le revenu des agriculteurs a progressé fortement en 2007 (+12%), notamment celui des céréaliers qui a quasiment doublé (+98%). Mais les éleveurs de bovins, de porcs et d'ovins, victimes des hausses des prix de l'alimentation animale et dont une partie des troupeaux est affectée par la fièvre catarrhale ovine (FCO), ont subi de fortes baisses.
Preuve de l'optimiste dans l'avenir : les immatriculations de tracteurs agricoles neufs ont augmenté de 7,6% en 2007 après deux années de baisse.
Mais des nuages noirs s'accumulent à l'horizon. Sur les 347.000 agriculteurs à temps plein --545.000 au total avec de nombreux retraités et des salariés trouvant là un petit revenu complémentaire-- que compte encore la France, un quart est âgé d'au moins 55 ans et devrait prendre sa retraite dans les 10 ans, selon Thierry Pouch, responsable du service éconmique de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture).
Les soldes - pas celles d'été ou d'hiver - mais la balance import/export, masque la contribution écrasante de notre secteur. En effet, en 2007 nous avons exporté : 11 506 millions d'euros de boissons (contre 10 913 en 2006) et le solde de ce secteur : 9,063 millions d'euros équivaut au solde global. Celui du secteur des grandes cultures : 4,646 millions d'euros pèse lourd mais la performance doit beaucoup à la flambée des prix et peu à nos qualités commerciales. Et pourtant, dans les médias, au Salon de l'Agriculture, peu de cas sera fait des vins et spiritueux. L'affiche du Salon en est la preuve, chaque année, un beau spécimen d'une de nos races bovines y trône. Dans les médias, la plus grande ferme du monde va faire de beaux sujets. Imaginez, un instant, qu'un communicant huluberlu proposa qu'on mît sur l'affiche, une belle bouteille de notre beau nectar, il serait cloué illico au pilori mais ça me rappelle l'histoire d'un salon du Bourget post 81 où un président de la République fit masquer les missiles : cacher moi ce sein que je ne saurais voir. Quand à réaliser de vrais sujets sur nos réussites commerciales à l'exportation dans le secteur des vins et spiritueux, bien évidemment, il n'en est pas question ça pourrait inciter nos jeunes concitoyens qui adorent adopter tout ce qui vient d'outre-atlantique, à boire.
C'est cela qu'il faut changer, le regard porté sur nous. C'est un travail de fond qui nécessite bien plus que des pétitions épidermiques, que des gémissements sur notre statut de mal-aimés, que des gesticulations désordonnées face aux piques incessantes des hygiénistes... Nous devons nous comporter en grand secteur économique majeur. Nous qui aimons tant chiffrer nos performances en Airbus et en TGV prenons ou donnons-nous les moyens de nous exprimer d'une seule voix, hors nos incessantes querelles de clochers, de boutiques, loin de nos débats fumeux sur les petits vins de terroir et les affreux nés de la soi-disant alchimie industrielle. Dans mon rapport de 2001 j'avais osé la comparaison d'Azincourt où notre noblesse et notre chevalerie, si sûre d'elle-même, en ordre dispersé, avec une palanquée de chefs, se fit décimer par une poignée d'Anglais, bien commandés, solidaires et déterminés. Ce travail je le mène à ma petite échelle, loin des grosses machines incapables de dépasser leurs particularismes régionaux et de générer entre elles un discours commun, fédérateur et surtout compréhensible par une opinion publique qui, contrairement à ce qu'on raconte, ne nourrit aucune prévention de principe contre le vin. Mémé Marie me disait toujours que l'on a que ce qu'on mérite, alors ne nous plaignons pas de ce qui nous arrive nous en sommes les premiers responsables...
En cadeau la version de We are the champions par Queen avec le regretté Freddy Mercury :
http://www.youtube.com/watch?v=sogKUx_q7ig
et pour ceux qui le sont une version déjantée :
http://www.youtube.com/watch?v=YCj-RyKCmHQ