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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 00:05

Après avoir raccroché le combiné, face aux murs sales du cagibi qui nous servait de bureau, à Giron et à moi, mes promesses d’intervention rapide m’apparaissaient soudain comme de pures rodomontades. Comment un OP minable d’un commissariat minable planté dans une banlieue minable allait-il localiser le château d’un paisible « vendeur d’armes » protégé par le secret défense ? Impossible de passer par le canal des procédures habituelles, je ne disposais d’aucun mandat et, même si j’inventais une histoire tordue, les tordus d’en face auraient vite fait de me mettre à jour. Pourtant je n’avais d’autre choix que de me bouger le cul. Le téléphone de nouveau grelotait. J’hésitais un court instant, les minutes m’étaient comptées et je risquais en décrochant de me ramasser une nouvelle affaire. Et puis, alors que j’enfilais mon blouson, et que la sonnerie égrenait encore ses grelots asthmatiques, je pensais à Marie-Jo. C’était son heure. Tout juste sortie du lit, pleine de la chaleur douillette de sa nuit me disait-elle, telle une chatte venant se frotter aux chevilles de son maître pour quémander son bol de lait, ma plantureuse maîtresse adorait me provoquer. Elle s’en donnait à cœur joie, ne reculant devant aucun moyen pour me faire craquer, tout y passait : description de ses tenues affriolantes, rappel de nos ébats torrides et, bien évidemment, arme ultime : elle se masturbait. Neuf fois sur dix je craquais. J’adore la jouissance que se donnent les femmes. Bref, en pensant à Marie-Jo, je pensais à Bourrassaud et, sans réfléchir, je me précipitai vers son bureau du premier étage laissant, sans aucun doute, sa lubrique épouse dans un manque profond qu’elle me ferait payer très cher lors de nos retrouvailles. Marie-Jo élevait chaque fois la barre de ses défis.
 
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Bourrassaud buvait du café dans un grand bol. Marie-Louise, notre plantonne, une grande tige plate et revêche, le concoctait à son arrivée dans un réduit attenant à la cellule de rétention des pochtrons. La notion de jus de chaussette trouvait dans ce breuvage sa quintessence. Marie-Louise, pour adoucir sa pisse de bourrique, ajoutait au café, moulu par ses soins, quelques pincées de chicorée Leroux. Bien évidemment, notre cher commissaire, bénéficiait d’une livraison à domicile du précieux liquide. Lorsque nous croisions Marie-Louise dans l’escalier, alors qu’elle serrait le thermos sur sa poitrine plate, tel saint Tarcicius l’eucharistie, nous savions que le bureau de Bourrassaud allait être neutralisé pendant un petit quart d’heure. Bourrassaud baisait Marie-Louise tous les matins. Moi seul savait comment puisque Bourrassaud, un jour, au bistrot, alors qu’il venait de forcer sur le Triple Sec, s’était épanché dans mon gilet. Pour faire court, mon commissaire, réfrénant son penchant pour les beaux marins, trouvait dans le cul de Marie-Jo un substitut pratique à son incapacité de sauter le pas. En ces temps reculés l’homosexualité ne se portait pas encore en bandoulière. Je dois avouer que cet aveu avait ôté une grande part du piquant de mes ébats échevelés avec son épouse. La transgression constituait un moteur puissant de mon anarchique sexualité. Bourrassaud, braguette ouverte et pan de chemise au vent, sans même me demander les raisons de mon intrusion, me balançait avec la gourmandise d’un repus fouilleur de merde : « T’as des emmerdes mon grand… »

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