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Après avoir jeté un œil sur la 4e de couverture, et tombé sur le mot chasse, j’ai acheté ce livre à l’instinct, chez Gallimard.
La chasse sujet qui oppose la France des champs à celle des villes et, comme les rats des villes fuient de plus en plus la ville pour s’installer dans les champs, la tradition heurte de plein fouet la sensibilité des amis des bêtes.
30 septembre 2014
Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! ICI
… je suis amateur de gibier à plumes je dois donc assumer qu’un prédateur humain le soustrait à son habitat naturel pour que je puisse le manger.
Je profite de l’occasion pour vous entretenir de ma conception de la chasse.
Même en ce moment si on entend moins les organisations de chasseur dans beaucoup de catégories de la population, qu’elles soient rurales ou urbaines, la chasse, n’a pas bonne presse. Depuis qu’ils se sont invités à l’élection présidentielle ils sont perçus comme un lobby puissant et pas toujours transparent : 1,3 million de chasseurs.
78 rue de Varenne, j’ai géré, au nom de mon Ministre, les listes des chasseurs des chasses du domaine de Chambord, Rambouillet et d’Auberive. Je n’ai jamais tenu un fusil de ma vie et, bien sûr, jamais chassé. J’avoue que je ne vois pas d’intérêt personnel à aller battre la campagne pour tirer du gibier et le discours qui affirme que la « chasse aide à dominer sa peur de la nature sauvage, à se la réapproprier, à l’amadouer, à la sentir vibrer, pleine de sève et de fougue… » s’apparente pour moi à de l’autojustification pure et simple.
Pour autant je peux comprendre la chasse comme la perpétuation d’une forme de prédation, d’une ponction sur le faune sauvage, comme une confrontation loyale mais il ne faut pas trop en rajouter tout de même en assimilant le gibier à une «nourriture éthique» sous le prétexte d’une alimentation industrialisée dominante.
Ici je ne vais ni entrer dans les batailles frontales entre, pour faire simple, le clan Bougrain-Dubourd et le clan des chasseurs des chasses dites traditionnelles, ni rejoindre le parti de ceux qui rejettent la consommation de viande parce que, pour ce faire, il faut tuer un animal.
Mon propos préfère se situer justement au niveau de l’acte de tuer lui-même et, je dois l’avouer, la mort d’un animal sauvage par le fait du tir d’un chasseur me paraît plus belle, plus noble, avec une chance, certes parfois inégale, d’y échapper, que celle de l’animal domestique mené et tué dans un abattoir, car là la mort est programmée, inéluctable, et le caractère massif de cette mise à mort à quelque chose de difficilement supportable.
Bien évidemment, je ne fais pas entrer dans cette approche les malheureux animaux d’élevage lâchés quelques heures avant la chasse dans la nature pour se faire dézinguer par des chasseurs d’abattage et j’ai peu d’intérêt, et même une forme de mépris, pour ceux qui vont chasser des grands animaux en Afrique ou ailleurs. De plus, je n’aime pas beaucoup ceux qui considèrent la chasse comme une forme de sport de compétition où la performance semble n’être que la seule motivation. La chasse à courre n’est pas non plus ma tasse de thé.
Mon image d’Épinal du vrai chasseur le représente en cueilleur, en préleveur précautionneux des équilibres, en marcheur heureux même lorsqu’il rendre bredouille.
À l’époque Pax ne commentait pas, c’était le rôle de Luc Charlier qui m’accorda un 10 sur 10 pour ce papier qui met le gibier à l’honneur.
Macron a son monsieur chasse : François Patriat.
« J'en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n'arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu'il faut manger et comment il faut conduire », s'est indigné Fabien Roussel, lundi 18 octobre sur France info. ICI
« Le monde des chasseurs n’était pas inconnu de la romancière Elsa Marpeau, mais elle est retournée les voir pour les écouter avec plus d’attention, sans jamais glisser vers la caricature. Pour créer l’atmosphère de son nouveau roman, l’écrivaine est allée braconner sur les terres des chasseurs. À travers l’histoire d’un père de famille à la dérive, devenu la proie de ses angoisses, Elsa Marpeau accroît magistralement la tension, au gré des silences et des coups de chevrotine. »
« L’Âme du fusil est un livre sur la paternité, sur la virilité imposée, et le choix d’une narration à la première personne réduit forcément la distance entre l’autrice et son personnage. En créant une tension de plus en plus grande, en érotisant son histoire, en travaillant sur les silences et la phobie sociale, Elsa Marpeau multiplie les facettes de cette fiction particulièrement réussie. »
Jean-Luc Chapin / Agence VU
Dans “L’Âme du fusil”, Elsa Marpeau dissèque la pensée des “viandards”
Christine Ferniot
Publié le 08/10/21 Télérama
« Je n’ai aucun mépris pour ce qui est populaire, sourit l’auteure, sinon je ne serais pas scénariste de télé ! »
Depuis qu’il est au chômage, Philippe n’a plus que la chasse pour tuer l’ennui. Père désemparé, il ne comprend plus son fils, Lucas, absorbé par ses jeux vidéo, et voit, impuissant, son mariage avec Maud se déliter. Mais un jour, en pleine forêt, il tombe en arrêt devant un spécimen rare : un éphèbe qui se baigne nu dans un lac, et qui n’est autre que son nouveau voisin parisien. Fasciné par cette vision, Philippe veut bientôt tout savoir sur lui, quitte à fouiller dans son courrier. Même s’il pressent que l’ange descendu sur ses terres va bientôt conduire son petit monde droit en enfer… « “L’âme du fusil” est en fait mon premier livre, celui que j’avais écrit il y a vingt-cinq ans, explique Elsa Marpeau. J’ai eu un passage à vide, à la quarantaine, mais j’ai relu ce truc et je me suis dit que, même si c’était foutraque, j’avais alors une sorte d’énergie, je me posais moins de questions. J’ai retravaillé mon texte en y ajoutant un ancrage social actuel, les gilets jaunes… »
Sur une trame faussement classique, son récit balaye les clichés collés aux bottes des chasseurs, un univers viril réduit le plus souvent à un milieu de Dupont Lajoie sanguinaires et bas du front.
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