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"Louis XVI éclairant le serrurier Gamain en train de confectionner l'armoire de fer", illustration extraite de l'"Histoire des Girondins" (1866), de Lamartine. Photo © Leemage
Je passe sur l’affaire du Masque de fer pour évoquer au passage l’Affaire de l’armoire de fer de Louis XVI.
À l’annonce de la fuite du roi Louis XVI, François Gamain, qui fût son serrurier, dénonce au Ministre de l’Intérieur, Roland de La Platière, l’existence d’une armoire cachée au château des Tuileries : « L’armoire de fer ».
L’armoire est un trou, ouvert dans un mur près de la chambre à coucher du couple royal, dissimulé derrière un panneau de lambris et fermé par une porte de fer. Elle était destinée à dissimuler la correspondance secrète de Louis XVI (entre autre, les correspondances avec Mirabeau et La Fayette) et avait été installée par Gamain.
Montée en épingle par la presse (Notamment par « l’Ami du peuple » de Marat), l’affaire fera grand bruit et aura un effet désastreux sur l’opinion publique. Si le roi cache quelque chose, c’est qu’il est coupable…
« Je viens rapporter à la Convention Nationale plusieurs cartons remplis de papiers qui, par la nature et par le lieu où ils ont été trouvés, m’ont paru de la plus grande importance »
Louis XVI y perdra le peu de crédit qu’il avait. La Convention décidera, le 3 décembre, la mise en jugement du roi. Les documents de l’armoire de fer seront produits à charge.
Chaque lettre dénonce les ennemis de la nation et parmi eux; Mirabeau.
Le 12 septembre 1794, Mirabeau sera exclu du Panthéon et enterré au cimetière de Clamart.
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Le squelette de Mirabeau sortant de l’armoire de fer
La découverte de papiers compromettants pour Louis XVI fut-elle une machination destinée à perdre le roi ?
L'énigme de la semaine. ICI
La découverte, dans la fameuse « armoire de fer »
Tout commence le 20 novembre 1792, à 2h30 de l’après-midi, lorsque le ministre de l’Intérieur, Jean-Marie Roland, annonce solennellement, à la tribune de la Convention, que plusieurs cartons de documents compromettants pour le « ci-devant roi » viennent d’être trouvés dans une cachette dissimulée derrière un lambris, au château des Tuileries. Une découverte rendue possible par les révélations du serrurier François Gamain. Ancien employé à Versailles, ce dernier est, en effet, venu raconter avoir posé aux Tuileries une porte de fer devant une anfractuosité creusée par Louis XVI en personne dans un mur de l’exigu couloir reliant la chambre royale à celle du dauphin. Et avoir vu le souverain placer dans cette petite cavité des liasses de papiers.
Déchu le 10 août, emprisonné avec sa famille au Temple le 13 août, Louis XVI attendait, depuis lors, d’être fixé sur son sort.
Serait-il jugé ?
Selon la Constitution de 1791, qui avait posé le principe de son inviolabilité, il ne pouvait l’être. Mais faisant valoir (au mépris du principe de non-rétroactivité) que la proclamation, le 22 septembre, de la République, rendait cette Constitution caduque, l’avocat Jean-Baptiste Mailhe avança l’idée que l’ancien roi était, au contraire, justiciable « devant la nation tout entière ». La révélation de l’existence de l’“armoire de fer” arrivait à point.
Que contenait donc cette fameuse “armoire” ?
Au total, 726 pièces, censées accréditer la collusion de «Louis Capet» avec les puissances ennemies de la Révolution.
Dans une étude très fouillée, publiée en 1982, Paul et Pierrette Girault de Coursac ont conclu à une forgerie* destinée à perdre le roi.
La forgerie est un acte de tromperie qui consiste à fabriquer un faux en écriture, soit de toutes pièces, soit en réutilisant des parties authentiques existantes, auxquelles des parties forgées sont ajoutées habilement de façon à laisser croire que l'ensemble serait authentique.
Sans valider totalement cette thèse, la plupart des historiens admettent, aujourd’hui, que de nombreuses zones d’ombre subsistent. Notamment concernant le rôle de Roland Girondin, haï par la Montagne, celui-ci, grâce à l’“armoire de fer”, entendait « [redonner] à son parti le premier rang des accusateurs » ( Jean-François Chiappe).
Se livra-t-il, pour cela, à des manipulations de documents ?
La rumeur en avait couru à l’époque.ne machination contre lui ?
Ne pas confondre l'armoire de fer des Tuileries avec celle-ci
L'armoire de fer : ce coffre-fort indestructible au cœur de Paris
L'armoire de fer a été créée pour certains documents particulièrement précieux de l'histoire de France. Elle est visible en de rares occasions aux Archives nationales à Paris.
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Indestructible et inviolable. L’armoire de fer, réalisée en 1790, est un coffre-fort ultra-sécurisé qui se trouve actuellement à l’Hôtel de Soubise, propriété des Archives nationales, rue des Archives à Paris.
Mais à quoi sert-elle ?
L’armoire de fer des Archives nationales a été réalisée sur ordre de l’Assemblée constituante du 30 novembre 1790 afin d’abriter à l’origine les formes, planches et timbres employés dans la fabrication des assignats, puis l’acte constitutionnel et les minutes des lois et décrets révolutionnaires.
Elle est constituée de deux énormes caissons métalliques emboîtés. Trois clefs, qui étaient réparties entre le président de l’Assemblée, son secrétaire et son archiviste, la commandent.
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