Au milieu du XVIIe siècle, le rhum était un produit d’exportation à part entière. L’origine précise de la production commerciale du rhum reste incertaine, mais il est probable que tout ait commencé à la Barbade et à la Martinique. Des réfugiés hollandais, expulsés du Brésil, auraient contribué à y créer les premières distilleries de rhum. Dans les années 1640, le rhum était pour l’essentiel produit en Martinique ; une décennie plus tard, il était établi à la Barbade.
Le rhum original en provenance de la Barbade était décrit comme « une infernale et terrible liqueur brûlante », ce qui lui a valu divers noms, « Kill Devil » étant sans doute le plus parlant.
La transformation de la canne à sucre engendre une série de sous-produits et de déchets : les broyures (la « bagasse », plus tard utilisée comme carburant, à La Réunion, la production d’électricité à l’aide de l’utilisation de la bagasse comme source primaire d’énergie se réalise aux centrales thermiques du Gol (Saint-Louis) et de Bois Rouge (Saint-André). Grace aux résidus de cannes, ces centrales sont capable de produire près de 240 G.W.h ce qui représente 10 % de la production électrique de l’île soit environ la consommation de 91 000 habitants.) ; un liquide résiduel contenant des impuretés ; et de la mélasse que l’on pouvait distiller.
Dans un excellent article « Rhum agricole ou traditionnel l’héritage historique » Luca Gargano souligne que « si les pays des Caraïbes ont un dénominateur commun, c’est incontestablement le rhum. Il serait d’ailleurs plus juste de parler des rhums, rhums agricoles et rhums traditionnels : en effet chacun cultive fièrement sa personnalité ainsi que ses différences. Des divergences héritées de l’histoire et de la colonisation qui créent aujourd’hui encore, une véritable polémique d’amateurs. »
* je signale au non-initié que le rhum agricole s’obtient de la distillation du jus frais de canne à sucre alors que le rhum traditionnel est distillé à partir de la mélasse sous-produit du sucre.
26 octobre 2010
Le rhum « l’art de bien vieillir c’est le passage de Noami Campbell à Sainte Thérèse de Calcutta » moi j’adore le Rhum Rhum blanc de Marie-Galante ICI
Au Brésil, on produisait un rhum grossier dès le milieu du XVIe siècle et les planteurs avaient déjà remarqué que les esclaves africains en raffolaient. En 1648, un critique faisait remarquer que c’était « une boisson réservée aux esclaves et aux ânes ».
Et dans toute l’Amérique, le rhum était distribué aux esclaves africains pour rendre leur sort plus acceptable. Il aussi joué un rôle important dans différentes cérémonies religieuses d’esclaves au Amériques – et chez les Africains sur leur terre natale.
Encore une fois, cela ne manque pas d’ironie. Le sucre obtenu par le travail des esclaves, comme ses dérivés la mélasse et le rhum, devait leur faire oublier leur existence de misère. Le rhum produit par les esclaves adoucissait le sort des hommes sur les navires de guerre et négriers, celui des militaires lors des conflits, et dans les colonies précaires fondées par les européens dans le monde entier, de la frontière américaine à la Botany Bay en Australie. C’est comme si les esclaves produisaient eux-mêmes un lubrifiant pour faciliter la dureté et les malheurs de leur condition et la vie de leurs oppresseurs. Et tout cela reposait sur la culture de la canne.
Les exportations de rhum ont rapidement augmenté à la fin du XVIIe siècle. En 1664-1665, près de 400 000 litres ont été expédiés depuis la Barbade ; trente ans plus tard, on était passé à plus de 2 millions. Vers 1700, le rhum était devenu une source majeure de profit pour les planteurs de toutes les Caraïbes.
La consommation s’est répandue des plantations aux docks, puis, dans tous les ports importants, avant, enfin, de pénétrer l’intérieur des terres de tout autour de l’Atlantique. Le rhum était un élément central du commerce auquel se livraient les marins au fil de leurs escales successives. Ils en avaient eux-mêmes besoin pour supporter les rigueurs des semaines et de mois passés en mer.
Après 1731, chaque homme enrôlé dans la Royal Navy touchait de droit une ration quotidienne de rhum. On risque toujours de sous-estimer son importance pour les marins des flottes commerciales comme militaires. De fait, la ration attribuée sur les navires de la Royal Navy a été maintenue jusqu’en 1970.
En Amérique du Nord, aux Caraïbes, le rhum est devenu la principale boisson, en premier lieu chez les travailleurs. C’était le breuvage idéal pour affronter les rigueurs et les difficultés de la vie des colonies. C’était devenu un élément clé du commerce des fourrures avec les Indiens et, malgré les efforts pour limiter son impact, il allait avoir une influence destructrice sur ces communautés – ce que l’arrivée plus tardive du whisky n’allait d’ailleurs pas arranger. Même si les colons américains continuaient à boire leurs propres boissons alcoolisées – du vin et surtout de la bière –, elles ne faisaient pas le poids face au rhum des Caraïbes.
Les fonctionnaires français, comme les Britanniques, étaient écartelés entre les profits économiques tirés de l’échange de rhum contre des fourrures et des peaux, et la catastrophe que causait cette boisson chez les Indiens – et les esclaves africains les fonctionnaires coloniaux et les ecclésiastiques s’unirent pour dénoncer les effets destructeurs de l’alcoolisme.
En vain !
C’est à partir de ce moment que le mot anglais « bender » (« cuite ») a été employé – à l’origine, les Indiens Sénécas utilisaient cette expression pour désigner un épisode de boisson excessive.
L’indépendance américaine, en 1776, a représenté une menace pour l’économie sucrière caribéenne ; les planteurs craignaient que ne cessent les échanges indispensables avec l’Amérique du Nord, mais une fois encore, les contrebandiers vinrent à leur secours –
Le rhum prenait le chemin du nord et le ravitaillement américain celui du sud, en passant par les îles qui appartenaient au Danemark. On jouait au jeu fiscal du chat et de la souris entre Britanniques et Américains. En réalité, c’est le développement d’une industrie locale de whisky et le rejet de tout ce qui était britannique qui ont constitué une véritable menace pour le rhum des Caraïbes. Les Etats-Unis avaient commencé à tracer leur propre route politique et culturelle, et abandonné les habitudes anglaises, préférant le café et le whisky au thé et au rhum.
SOURCE
La boutique
L’art de vivre aux Caraïbes
La plus ancienne cave à rhum parisienne recèle les plus beaux nectars disponibles en France. Son fondateur, le Guadeloupéen Christian de Montaguère, est toujours disponible pour un conseil ou un atelier dégustation (quand il ne teste pas ses nouveaux produits avec son ami JoeyStarr).
20, rue de l’Abbé-Grégoire, Paris-6e