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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 06:00
Journal d’1 chroniqueur de campagne (4), évangile selon St Matthieu, respect pour les vrais voleurs, dans la tête de François Bayrou…

Lorsque j’ai ouvert cette chronique je n’imaginais pas que j’allais ouvrir une boîte de Pandore :

 

« Dans la mythologie grecque, Prométhée vola le feu aux Dieux pour le donner aux hommes. Pour se venger, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme faite de terre et d’eau. Elle reçut des Dieux de nombreux dons : beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Ils lui donnèrent le nom de Pandore, qui en grec signifie "doté de tous les dons". Elle fut ensuite envoyée chez Prométhée. Epiméthée, le frère de celui-ci, se laissa séduire et finit par l’épouser. Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, elle ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seule l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux. C’est à partir de ce mythe qu’est née l’expression "boîte de Pandore", qui symbolise la cause d’une catastrophe.»

 

Jean-Louis Bourlanges, fin analyste du jeu politique s’alarme à juste raison :

 

« Fillon joue à la roulette russe avec son propre camp »

[…]

 

Il est désormais probable que Mme Le Pen aura entre 5 et 10 points d'avance au premier tour sur le deuxième finaliste. Trois hypothèses:

 

Le Pen-Hamon, il est plus que possible qu'elle soit élue.

 

Macron-Le Pen, et là je pense que Macron serait élu, que la droite sortirait brisée de l'épreuve, et que Le Pen structurerait l'opposition à Macron. D'où un risque de victoire du FN en 2022.

 

Fillon - Le Pen : la capacité de Fillon à rattraper son retard sur la candidate du Front national est très très douteuse. Contrairement à ce que disent les dirigeants de LR, Fillon a cessé d'être un rempart contre l'arrivée de l'extrême droite. Il est plus que temps que les responsables de LR et de l'UDI en prennent conscience.

 

Le fameux plafond de verre du second tour risque donc de se briser sous la double conjonction des ultras des deux bords ; rappelons-nous le deuxième tour des Régionales où dans deux grandes régions, bastion du FN, la Gauche s’est fait hara-kiri pour faire barrage. Il est moins que certain que la frange la plus radicale de la Droite classique en soit capable. Hamon ou Mélenchon, assis sur union circonstancielle, de type gauche plurielle, soit en capacité de faire barrage à une droitisation de la France profonde. N’oublions pas que Mitterrand pour se faire réélire avait joué la carte Rocard pour séduire la frange centriste et que le FN n’était pas dans le jeu.

 

Le problème de cette équation c’est Macron. En faire la dernière digue contre la fille de Montretout c’est supposer que la volatilité de son électorat ne le transforme en baudruche dans la dernière ligne droite.

 

Revenons au fil rouge d’une non-campagne.

 

Dimanche 12 février à Notre-Dame de la Paix, à Saint-Gilles ce n’était ni Don Camillo en chaire, ni Peponne flanqué de sa pieuse épouse, mais Russel Torpos et François Fillon sans Pénélope qui faisait ses dévotions.

 

Sous le soleil austral, face à l’Océan Indien, la « meute », avant qu’il n’entre à l’église l’avait bombardé de questions ironiques «Certains disent que vous avez beaucoup de choses à vous faire pardonner ? » ou encore « Qu’allez-vous confesser ? » face auxquelles le François avait opposé un silence dépourvu de sourire.

 

Notre « harcelé national » espérait sans doute trouver dans ce lieu saint, justement nommé, un répit, un havre de paix, mais il y a des moments, dans une campagne où l’on ne sait plus à quel saint se vouer. À l’intérieur de l’église, un éventail à la main, les paroissiens contemplaient le ballet des caméras autour du député de Paris. Et puis vint le moment de la lecture des Evangiles.

 

Et là, patatras, la tuile, le chapitre 25 du livre 5 de l’Evangile de saint Matthieu. «Accorde-toi vite avec ton adversaire tant que tu es en chemin avec lui pour éviter que ton adversaire ne te livre aux juges, le juge aux gardes et qu’on ne te jette en prison» «Amen, je te le dis, tu ne t’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou

 

Pauvre François ce n’est, depuis quelque temps, jamais son jour et dans son homélie le curé n’a pas été beaucoup plus charitable, il en a remis une couche : «Si nous pensons être quittes de tout ce que nous avons fait au motif que personne ne nous a vus, nous nous trompons.»

 

À Paris aussi il en prend plein la tronche :

 

« Chez Fillon, c'est très net. On a à faire à un candidat qui est, à la fois, sournois, arrogant et corrompu. C'est terrible pour son camp. C'est certainement le pire candidat que la droite de gouvernement pouvait avoir », assure Jean-Louis Bourlanges.

 

« À mon âge je n'ai plus la mémoire des gens que je ne vois pas », a affirmé l'ancien président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré.

 

« La République s'est construite parce qu'il y avait des journaux satiriques l'Assiette au beurre, Le Charivari, qui ont été des aiguillons qui ont empêché un certain nombre de déraillements », a-t-il estimé.

 

L'ancien soutien d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre a également salué le travail du Canard enchaîné. « Aujourd'hui, le Canard enchaîné a joué un rôle important pour éviter que lorsqu'on est au pouvoir, on abuse du pouvoir »...

 

Le Canard parlons-en !

 

Claude Angeli : « On ne peut pas se contenter d’une presse sage et complaisante »

 

  • Depuis trois semaines le Canard enchaîné a révélé le “Penelopegate“, qui embarrasse grandement François Fillon. Que pensez-vous de sa réaction depuis le début de cette affaire ?

 

Claude Angeli – Elle est similaire à celle de beaucoup d’hommes politiques qui ont été mis en cause par les informations du Canard depuis le début des années 1970. Ils se considèrent souvent comme des “intouchables”, même quand ils sont pris la main dans le sac. Ils nous accusent donc systématiquement de servir leurs adversaires, de faire du “lynchage médiatique”. A une époque, on nous accusait de “terrorisme journalistique”. Maintenant ce mot n’est plus à l’ordre du jour mais on parle de “tribunal des médias”, et on nous accuse de vouloir la peau de Fillon. Xavier Bertrand a même parlé de “méthodes fascistes” à propos de Médiapart. C’est une idéologie imbécile qui tombe systématiquement dans l’insulte pour éviter d’aborder les vraies questions. Bref, un déni de toute responsabilité mâtiné d’une dose de paranoïa.

 

La suite ICI

 

«Haïr le journalisme, c’est haïr la démocratie»

 

Edwy Plenel Le président et fondateur de «Médiapart» analyse le «journalist bashing» pratiqué par François Fillon.

 

  • Edwy Plenel, que vous inspire ce «journalist bashing»?

 

La haine du journalisme est toujours associée à la haine de la démocratie. Il est parfaitement légitime de critiquer les journalistes qui ne sont pas au-dessus des lois. Mais ce n’est pas cela qui est en cause avec ce «journalist bashing» qui, en fait, récuse le droit à l’information, à l’information qui bouscule, qui questionne, qui dérange. Il met en cause la démocratie elle-même, avec son agencement de pouvoirs et de contre-pouvoirs. Ce qui est visé, c’est le cœur même du droit d’être informé, indissociable de l’exercice de la démocratie. Et sans information indépendante et fiable, les citoyens peuvent voter pour leur pire ennemi et provoquer leur pire malheur. Nous ne stigmatisons personne, c’est pourquoi Médiapart s’est toujours refusé à parler de «Penelopegate». Nous ne cherchons que les faits.

 

La suite ICI 

 

Fillon : saint François, victime de la transparence par Raphaël Glucksmann

 

Il était digne, propre sur lui, bien élevé, bien habillé, bien coiffé. Son passage dans l’émission "peopolitique" de Karine Le Marchand, en mode réhabilitation du Barbour versaillais et recette de pâtes à la saucisse, avait suscité un orgasme collectif dans nos chaumières droitières. Sa voix posée, sa famille parfaite, son drone, son sourire timide, sa chemise nickel, sa chasse aux "assistés" et son conservatisme revendiqué : tout en lui faisait rêver la France bourgeoise.

 

Il n’était ni vulgaire comme Nicolas ni empêché comme Alain. Les tristes temps du bonapartisme erratique et de l’orléanisme soporifique étaient révolus, la primaire avait vu triompher un légitimisme assumé et assuré. Toute une classe socioculturelle, rebutée tant par le bling-bling sulfureux du parvenu de Carla que par le néocentrisme bobo-compatible du géronte girondin, tenait enfin son héros.

 

Elle allait pouvoir voter pour un homme qui lui ressemble, un homme bien de "chez nous", un homme vivant comme si Mai-68 et Juin-1936 n’avaient jamais eu lieu, se moquant de la couv des "Inrocks" comme d’une guigne, refusant ostensiblement de se marrer aux blagues de France-Inter, osant rabrouer Charline Vanhoenacker en direct sur France 2, recadrant les journalistes sans hausser la voix, comme il convient à un bon père de famille ou un chef d’Etat, bref, un homme de qualité, un gentilhomme, disait-on jadis. Et patatras.

 

Il aimait l'argent. Trop

 

L’admirateur de Tante Yvonne aimait donc l’argent. Il ne l’aimait certes pas comme on le fait dans le Sentier, à Deauville ou chez les Balkany (il n’aurait probablement pas fêté sa victoire au Fouquet’s). Il l’aimait discrètement, lui, comme il se doit, comme avant, sans l’afficher, ni le proclamer. Avec pudeur. Secrètement. Mais il l’aimait quand même. Trop. Et les "journalopes" – ces "socialopes" masquées ! – ont sauté sur l’occasion. Ils l’ont livré aux loups (l’opinion), lui, sa femme et ses enfants. Et aujourd’hui la fierté retrouvée des conservateurs français laisse place à l’amertume. Voire parfois à la rage.

 

Les fans de François Fillon crient donc au complot du "système médiatico-politique". Le ridicule de leur plainte est à la mesure de leur déception, ne remuons donc pas le couteau dans leur plaie. Ses défenseurs avisés, en revanche, nous disent quelque chose de sérieux. Ils soulignent que des dizaines de parlementaires font la même chose, puis prennent un ton grave pour nous mettre en garde contre les "pulsions de lynchage" et dénoncer ce fameux "populisme" qui ébranle nos démocraties. En nous "acharnant" sur le candidat LR, nous ferions du tort à la République.

 

La suite ICI 

 

Insert personnel : la tentation politique de la comtesse !

 

Sur l’écran de Face de Bouc elle apparut soudain en supportrice du Stade Toulousain ; anguille sous roche me dis-je ; ça sent l’appel du pied au peuple du Sud. Mon pif flairait la suite logique de la Manif pour tous et la voilà faisant un selfie avec François. Défi difficile en terre rose cassoulet, sans compter avec les scories du passé, courageuse donc. Et puis voilà que son François, chevalier blanc, si en phase avec sa vision de la France, chute lourdement de son piédestal. Dur, dur, d’entonner le couplet du complot médiatique, de répéter les éléments de langage, de ramer à contre-courant. Sans ironie je compatis. Pour bien la connaître, je me dis que pour assurer un tel contre-emploi il faut, soit une forte dose d’inconscience, soit assumer un rôle par procuration. Ainsi va la vie, la roue tourne, chacun sa route, chacun son chemin.

 

Je suis né dans un pays où le curé nous faisait chanter « sauvez, sauvez la France Au nom du Sacré-Cœur »

 

Dieu de clémence, ô Dieu vainqueur,

Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur ;

Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur.

 

Pitié, mon Dieu ! C’est pour notre patrie

Que nous prions au pied de l’autel.

Les bras liés et la face meurtrie,

Elle a porté ses regards vers le ciel.

 

Attrapé sur un blog :

 

« Il y a chez les militants fillonistes des accents qui reflètent les attaches gaullistes et chrétiennes de leur Guide avec un zeste de ce pétainisme – ce n’est pas contradictoire – qui fleure encore bon la France profonde, la Sarthe comme la Vendée très chrétienne de son directeur de campagne Taïaut-et-Retaïaut. J’ai pensé à eux, à tous ces Croisés portant sur la poitrine le Sacré-Coeur de François. En d’autres temps, ils auraient chanté des cantiques sulpiciens inspirés de la sainte figure du père de Montfort. C’était un missionnaire breton de la Contre-Réforme. Il avait sévi dans tout l’Ouest au début du XVIIIème siècle. »

 

De Jacques Duquesne

 

« MEA CULPA » SUR LA POITRINE DES AUTRES

 

« Car la France a péché. Et c’est parce qu’elle a péché qu’elle a été battue en un mois de combat. Telle est la conviction qui s’est répandue au lendemain de l’armistice. Le Maréchal Pétain a donné le ton dans l’un de ses premiers messages, le 26 juin en dénonçant « l’esprit de jouissance ». Notre défaite, a-t-il dit, « est venue de nos relâchements. »

 

Weygand, le généralissime en chef, s’exonère à bon compte : « la France a mérité sa défaite ; elle a été battue parce que les gouvernements depuis un demi-siècle ont chassé Dieu de l’école. »

 

Les coupables, le Front Populaire en tête, comme aujourd’hui la foutue gauche molle et, bien sûr, les jouisseurs comme moi fruits dévoyés de mai 68.

 

Je goûte à sa juste saveur cette rhétorique de sauveur qui se hausse du col pour quitter ses anciens vêtements de serviteur du quinquennat de Nicolas. Revoilà la vraie droite et, pour ne rien vous cacher ça ne me déplaisait pas, comme le disait son ancien camarade de la bande à Philippe Séguin, Henri Guaino : «La droite n’aurait-elle rien de plus sérieux à proposer qu’une politique obéissant à la même inspiration que celle de Laval en 1935 ?»

 

Il s’agit du Laval de 1935, donc fréquentable !

 

Fermons le ban, et revenons au dur : le DROIT !

 

Affaire Fillon : pas d’atteinte à la séparation des pouvoirs

 

Par le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau

 

La séparation des pouvoirs ne signifie pas droit pour le pouvoir exécutif de faire ce qu’il veut, droit pour les parlementaires de faire ce qu’ils veulent, droit pour les juges de juger comme ils le veulent. Elle signifie que chacun des trois pouvoirs doit être indépendant dans sa formation et dans l’exercice de ses compétences.

 

Ainsi, pour les parlementaires, afin de protéger l’exercice de leur mandat de toute intrusion de l’exécutif et du judiciaire, l’article 26 de la constitution prévoit qu’aucun « membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou vote émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Ce que la séparation des pouvoirs protège, c’est la liberté d’expression politique de la Nation qui parle par la voix du parlementaire – « ses votes et ses opinions » – ce n’est pas l’utilisation qu’il peut faire du crédit affecté à la rémunération de ses collaborateurs. Soutenir le contraire revient à dire que la Nation en la personne de son représentant peut utiliser les fonds publics à d’autres fins que le service de la Nation. Un juriste ne peut soutenir un tel raisonnement. Et, il faut l’espérer, pas davantage un politique.

 

D’autant que la révision constitutionnelle de 1995 a supprimé la nécessité de l’autorisation préalable de l’assemblée pour poursuivre un parlementaire qui doit désormais répondre de ses actes devant la justice comme n’importe quel citoyen. Il est donc parfaitement légal que le Parquet National Financier se soit saisi de la question d’un éventuel détournement de fonds publics par le député François Fillon – et non le candidat à l’élection présidentielle – puisque cette infraction entre dans son champ de compétence défini à l’article 705 du code de procédure pénale.

 

Le détournement de fonds publics est, selon l’article 432-15 du code pénal, « le fait par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public de détourner des fonds publics qui lui ont été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission ». La Nation est titulaire de l’autorité publique et le parlementaire, qui est le représentant de la Nation, est le dépositaire de cette autorité publique. D’autre part, tous les parlementaires disent, à juste titre, qu’il n’y a pas de plus belle mission de service public que de représenter la Nation et de voter les lois qui façonnent le vivre-ensemble. Enfin, personne ne conteste que les crédits avec lesquels un parlementaire paie ses collaborateurs sont bien des crédits publics qui lui sont attribués en raison de sa mission et pour cette mission. Par conséquent, au sens du droit constitutionnel, le Parquet National Financier est parfaitement dans ses compétences pour enquêter sur d’éventuels détournements de fonds publics par un parlementaire.

 

La protection nécessaire du statut de parlementaire est faite pour lui permettre de parler librement au nom de la Nation, pas pour lui permettre de détourner des fonds publics. Derrière tout ce tohu-bohu, la question en droit est simple : le député François Fillon a-t-il utilisé les crédits publics pour payer des collaborateurs à faire des tâches sans lien avec l’exercice de son mandat de parlementaire ? Cette question ne porte atteinte ni au principe de la séparation des pouvoirs ni à la dignité du mandat de parlementaire ni aux droits constitutionnels des citoyens.

Dominique Rousseau

Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

 

À un petit paquet de jours du premier tour, des partants à grosse casaque, deux sont sûrs de concourir : la de Montretout même avec ses grosses casseroles et le Macron, même si des peaux banane vont se glisser sous ses Richelieu bien cirées. Pour les autres : Fillon droit dans ses bottes risque fort de chier dans les bottes de son camp, et à gauche Hamon, le petit héritier de Tonton, va sans doute absorber Jadot pour une poignée de circonscriptions, dont celle …, mais buttera, au grand désespoir de ceux qui rêvent du grand soir, sur l’ego de Mélenchon.

 

Mais reste l’héritier du MRP, l’ancien parti des curés, François Bayrou !

 

Y aller ou pas ?

 

Philippe Ridet du Monde c’est donc glissé Dans la tête de François Bayrou

 

On l’imagine tard le soir, dans la cuisine de sa maison de Bordères, dans les Pyrénées-Atlantiques. Tout le monde dort, sauf lui qui s’interroge. Y aller ou pas ? Etre candidat une quatrième fois consécutive à une élection présidentielle ? Pour gagner, pour peser, pour témoigner, pour perdre à plate couture ? De temps en temps un aboiement, un meuglement, un hennissement ponctuent la nuit. La campagne n’est jamais silencieuse.

 

Après trois échecs (2002, 2007 et 2012), quelque chose pousse encore François Bayrou à tenter sa chance. François Fillon pourrait être mis en examen, la « bulle » Emmanuel Macron pourrait éclater, ne laissant qu’une auréole. Quant à la gauche, elle restera en miettes. C’est maintenant ou jamais, pense-t-il, en ouvrant la porte du frigo à la recherche d’un petit quelque chose à grignoter. Il se sent prêt. D’un autre côté, il aura 66 ans en mai, il est même plus vieux que Jean-Luc Mélenchon, à quelques mois près. Juppé, Sarkozy, Hollande, Valls sont tombés. Il sait que les temps sont durs pour les hommes d’expérience au rang desquels il se compte. Le ball-trap ? Très peu pour lui. Compromettre sa carrière par une nouvelle candidature de témoignage ? A quoi bon. Pourquoi ne pas se contenter de Pau ?

 

Deux colonnes, pour et contre

 

Il y a plus de vingt ans, pareil dilemme s’était présenté à Jacques Delors et à Valéry Giscard d’Estaing. Le premier avait renoncé, arguant qu’il n’aurait pas de majorité pour gouverner en cas de victoire : « Vous savez, avait-il dit à la télévision, le 11 décembre 1994, me retrouver dans les salons de l’Elysée comme le couronnement de ma carrière, cela n’a jamais été mon but. » Trois mois plus tard, le 7 mars 1995, l’ancien président de la République jetait lui aussi l’éponge au terme d’un long débat intérieur constatant « avec tristesse » que ses idées « ne rencontrent pas d’écho dans l’opinion publique française ».

 

Longtemps après, Jacques Delors ajoutera : « Même si je ne m’en suis pas rendu compte immédiatement, c’était renoncer à la politique. Et renoncer à la politique, ce n’est pas renoncer aux glorioles, c’est renoncer au fait de faire quelque chose d’utile à un endroit. » Bref, la retraite.

 

François Bayrou, lui, ne s’y résout pas. Il prend une feuille blanche, qu’il divise d’un trait noir en deux colonnes. Dans celle de gauche, il écrit « Pourquoi je me présente » ; dans celle de droite, « Pourquoi je ne me présente pas ». Il mâchouille son crayon, fait quelques pas, revient s’asseoir. La nuit promet d’être longue. Et si je me faisais un café ?, se demande-t-il.

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P
Autre conseil de Sarkozy à Fillon en regardant la carte avant de passer aux choses sérieuses : " Je te conseil les avocats " (Dessin de Besse dans le Marianne de cette semaine.)<br /> Et pendant ce temps, quid de l'avenir ? On en reste aux ras des pâquerettes. Le seul problème intéressant serait le nom du gagnant, comme pour le tiercé . A moins que ce ne soit justement ce combat tel le championnat du monde de F1 - qui est avant tout une querelle des egos qui passionne les foules et rien d'autre. On commence à comprendre le clan des abstentionnistes . A quoi bon ? On pourrait essayer " la tentation belge " sage pays qui a démontré au monde que le pays s'en sortait fort bien tout seul en restant de nombreux trimestre sans gouvernement.
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