Loin d’Hubert, de ses fastes, de ses paillettes, de ses cloches, de ses bottes, de sa valise à roulettes au prétoire, de sa fréquentation échevelée des hubs du monde entier,
Isabelle Saporta, nouvellement chroniqueuse dans l’émission de Thomas Thouroude « Ac Tuali Ty »sur France 2 à partir du 5 septembre à 17 h 45, a arpenté la Corse, son maquis, ses brebis bonnes marcheuses, ses cochons Nustrale en goguette, bouffant du gland, ses vaches à boucle d’oreille errant au long des routes départementales serpentant au flanc de la montagne.
Bien sûr, elle prend des précautions la leveuse de lièvres entre les ceps des GCC survitaminés par le paroissien de Jean-Pierre RICARD, archevêque de Bordeaux, évêque de Bazas, « Il ne faudra citer ni les noms ni donner de lieux précis. » Je connais ayant, bien avant elle, fréquenté avec ma casquette de « M. Corse de Michel Rocard » les sinueuses arcanes de la profession agricole des 2 Corse, la Haute et celle du Sud. En ce temps-là on risquait sa peau.
Leveuse de lièvres mais pas que, notre parisienne est aussi une grande défenseuse de la brebis corse !
« L’homme est bourru, un peu sévère. Derrière ses lunettes, il vous juge en un clin d’œil. »
Sont perspicace ces Corses !
Pour ce Corse « … hors de question… d’élever autre chose qu’une brebis locale. »
C’est pourtant vers les races lacaune ou sarde que les instances agricoles – comme les industriels qui lui achètent son lait – le poussent.
Pensez !
Pourquoi perdre son temps avec une brebis corse quand les autres sont de véritables pisseuses de lait ?
Elle est soupe au lait l’Isabelle quand il s’agit de défendre la corsitude ovine…
Sur le continent on parle d’éleveurs de moutons, en Corse se sont tous des bergers, du moins sont-ils inscrits à la MSA.
C’est au début des années 80 que cette poignée de bergers a décidé de sauver la race corse et travaillé pour que cette brebis perdure. « Ils ont porté cette démarche à bout de bras, sans financement. »
Enfin, si je puis dire, à la fin des années 80, les subventions arrivent mais quand la majorité change à la chambre d’agriculture le robinet se ferme et nos bergers se retrouvent « dehors, sur la route, avec leurs 150 béliers » j’oserais l’écrire sur les bras.
Pas question d’abandonner pour eux, avec l’arrivée d’une nouvelle génération et l’appui de l’INRA, ils obtiennent enfin la manne publique de l’Etat et de la région.
Notre Isabelle, fine lame politique, fait remarquer que tout ne fut pas une affaire de génétique dans cette affaire la politique y a tenu une large place « l’appartenance aux clans nationalistes des bergers corses a sûrement compté dans la méfiance de l’Etat. »
Les valeureux bergers d’Isabelle se voient accordé par l’Etat « un bail emphytéotique de 25 ha sur le domaine pénitencier de Casabianda, propriété du Ministère de la Justice. » pour y construire un centre de sélection.
« … en vingt ans, cette petite brebis de 35 kg est passée de 90 litres de lait par an à… 180 voire 250 pour les élevages les plus productifs. »
Je vois bien Isabelle Saporta donner des cours à Sciences-Po sur la courbe de lactation des brebis corses.
Combat identitaire.
« Bien sûr, on aurait pu aller chercher de la sarde qui crache plus de lait. Ça aurait été moins de contraintes. Mais quand on vend un produit corse, on a une identité à défendre, et cette identité, elle vient de nos brebis. »
Tout est dit, à méditer du côté de la charcuterie corse !
Pour autant, tout n’est pas rose au royaume de Jean-Guy et de Gilles, « l’élevage corse reste dans une posture difficile avec une chute importante de ses effectifs et un vieillissement des bergers. On enregistre une installation pour cinq départs. »
Beau combat qui réchauffe le petit cœur d’Isabelle mais une fois que le lait de la brebis corse est tiré – on dit trait – il faut en faire du fromage, du fromage corse.
Mais là la barre est encore plus haute, celle de nos services sanitaires « rationalisateur, les « tueurs » des petites structures, les DSV, la DGAL, les Ministres indifférents…
Face à l’hydre, en Corse, se dressa une association fermière, Casgiu Casanu, menée par une jolie pinzuta, Nelly Lazarrini, mariée à un Corse comme son patronyme l’indique. « Arrivée en 1999 sur l’île de Beauté, son diplôme de microbiologie en poche, elle affiche une volonté farouche de vivre de l’élevage, elle qui a passé toutes ses vacances à aider sa tante mariée, elle aussi, à un éleveur corse. »
Mais ceci est une autre histoire à lire dans Foutez-nous la paix ! de la néo-bergère Isabelle Saporta.
Plutôt que de chercher des POKEMON vous feriez mieux de lire !