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15 juillet 2016 5 15 /07 /juillet /2016 06:00
Les fleurs de comptoir, ça ne s’arrose pas trop, au « blanc de facteur » selon Jean Carmet

« Le monde appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt »

 

Ça c’est une brève de comptoir de Jean-Marie Gourio glanée dans les bistros « là où il y a comme un air d’abondance, une générosité ambiante. Les bars des jours de marché, avec des cabas qui débordent de salades et des odeurs de viande chaude… Un petit coup par-dessus et la parole se libère. Ça marche mieux en buvant, mais attention, pas n’importe quoi. Le « blanc de facteur », comme l’appelait Jean Carmet, ça va, la bière aussi, éventuellement le kir, la coupette de champerlot ou le doigt de porto, mais au–delà, la brève s’empâte. Plus l’alcool est fort, moins c’est bien. Les fleurs de comptoir, ça ne s’arrose pas trop. »

 

Jean Carmet nul besoin de le présenter :

 

« Les petits vins de mon pays, de mon pays de Bourgueil, ont eu longtemps ma préférence sinon mon exclusivité. Ces petits vins blancs légers qui travaillent sous le soleil inimitable des bords de Loire. On leur laisse rarement le temps de s’accomplir au-delà d’une année, ils meurent avant l’âge, mais en beauté… »

 

Mais, il concédait aussi que si son père était un saint-cyrien de la vigne et qu’il a suivi son enseignement, il avait longtemps été étouffé par son patriotisme régional. « Quand je suis arrivé à Paris j’ignorais totalement qu’il existait d’autres vins. Je soutenais mordicus que rien ne pouvait égaler un saint-nicolas-de-bourgueil. Et puis j’ai acheté une maison dans le Gard, à 12 km de Bagnols-sur-Cèze et j’ai découvert les côtes-du-rhône avec ravissement… »

 

Dans Je suis la badaud de moi-même - Ed. Plon

 

« Vider une bouteille avec quelqu'un, c'est une manière pudique de se dire l'amitié. Il faudrait que les bistrots aient un parfum d'éternité. »

 

« Pour briller j'ai besoin de m'entourer de gens moins intelligents que moi. J'ai du mal à en trouver. »

 

« L'expérience n'intervient que quand on n'a rien à dire. Le plaisir des mots, c'est aussi le secret des mots, le silence. »

 

« Je considère la vieillesse comme une insulte. Je vais finir dans le désordre. »

 

« Sans mes amis je ne serais rien, c'est eux qui m'ont inventé. »

 

« J'aime transmettre les histoires qu'on me raconte et enjoliver les miennes. Comme acteur, je me promène dans la vie des autres. Et dans la vie, je fais pareil. »

 

Son pays, ses amis, ses histoires…

 

En voilà une bien belle histoire à la Carmet:

 

« J’avais déjeuné chez Bernard Blier. Nous nous étions attardés à table, mêlant les agréments de la discussion à ceux de la sélection des vins. La nuit est venue quand nous nous quittons gaiement. Je hèle un taxi et… au lieu de lui indiquer : « À Sèvres ! » où je réside, je lui communique : « À Tours ! ».

 

Je ne saurais vous expliquer pourquoi. L’automédon ne manifeste aucune surprise. Je monte à bord et plonge presqu’aussitôt dans le bienheureux sommeil de l’oubli…

 

On me secoue, on me réveille, c’est le chauffeur :

 

« Nous sommes arrivés ! »

 

Nous sommes en effet, à Tours.

 

Pourquoi Tours ?

 

Comment, étant à Paris, peut-on avoir l’idée saugrenue de rallier Tours en taxi ?

 

Le chauffeur rigole : « Je vous ai tout de suite reconnu, monsieur Carmet. J’ai entendu des reportages, je sais que vous êtes de Tours ou des environs, alors c’est normal que vous ayez voulu venir ici ! »

 

« Nous étions au petit matin et au cœur de l’hiver. Je propose d’aller prendre un café près de la gare. Nous tombons sur toutes les épaves de la nuit, hantées par un unique objectif : se goinfrer un pied de cochon. Et j’ai offert une tournée générale de pieds de cochon. J’ai voulu téléphoner à Sonia, mon épouse, à Sèvres. Sans résultat. Je devais apprendre plus tard qu’elle était partie à ma recherche en oubliant de brancher le répondeur.

 

Que faire ?

 

Toujours flanqué de mon fidèle chauffeur je rends visite à des cousins tourangeaux. Il est maintenant 7 heures, ils s’étonnent :

 

- Que fais-tu là ?

 

- J’ai déjeuné avec Bernard Blier.

 

- Ah bon ! Il est de passage à Tours ?

 

- Mais non, chez lui à Neuilly !

 

« C’est la confusion totale. Je les sens sur le point d’alerter hypocritement un quelconque service psychiatrique, je disparais. En taxi toujours. Nous sommes tombés en panne du côté d’Orléans. Le chauffeur marchait au fuel qui avait gelé tellement il faisait froid. L’homme était de bonne compagnie et savait s’adapter, nous avons fait la java pendant toute la nuit. Puis je l’ai raccompagné chez lui. Son épouse a failli me lyncher. La mienne aussi, un petit peu plus tard, ce qui vous expliquera pourquoi je dois périodiquement changer de compagne. Je les comprends et je les absous, ce sont toutes des saintes. »

 

Extrait du livre Alcools de Nuit -Antoine Blondin

 

Pour finir si vous souhaitez briller en société quelques brèves de comptoir dites par Jean Carmet.

 

- On s'en fout pas mal que le poulet soit élevé au bon air, après tout on ne mange pas les poumons.

 

- Ça revient, la mode du cheval. On en a encore mangé ce midi.

 

- Les moutons sont cons c'est pour ça que leur cervelle n'ont pas de goût...

 

- Il faut pas trop parler le matin sinon l'après-midi on sait plus quoi dire.

 

- Pour une cuite on dit pas overdose, on dit ivre-mort, ça fait quand même moins peur.

 

- En ce moment je lis rien, je garde pour plus tard... toi aussi...tu fais bien, sinon t'arrives à la retraite avec plus rien à lire.

 

- Ce n'est pas parce que l'homme a soif d'amour qu'il doit se jeter sur la première gourde.

 

- Une frappe chirurgicale c'est quand tu fous une claque à ta femme et qu'elle ne casse rien en tombant

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commentaires

P
Sébastien LAPAQUE raconte une aventure similaire vécue avec le chef Yves CAMDEBORDE qui les ont mené manger des huitres en Bretagne...!<br /> Toutes ces histoires de bistrots,cafés,bars tabac feront bientôt l'objet d'une inscription à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et on les fera revivre pour les touristes comme ont fait des sons et lumières et/ou des parcs d'attractions.Les mercantis forcenés qui s'évertuent à individualiser les êtres pour augmenter le nombre de consommateur ( une télé, un ordinateur par personne dans chaque foyer ou une, deux, voir trois voitures !) ne peuvent supporter c'est lieux de convivialité ( et de perdition diront les églises et leur pharisien qui ne supportent les communautés que<br /> dans leurs temples) contribuent à cette désertification de ces lieux de vie ! Et on s'étonne de la perte du " lien social " ! Aux bons messieurs qui s'indignent "des dettes que nous allons laisser à nos enfants " qu'allez vous leur laisser ? Des Starbucks Coffee ? Merci bien... ( Carnet, Blondin dans des endroits pareils !)
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