Que le Royaume-Uni quitte l’Union n’est pas pour me déplaire, ce qui me chagrine ce sont les arguments utilisés par les partisans du Brexit pour convaincre le peuple. Je n’applaudis pas en compagnie de la fille du borgne et je ne joins pas ma voix à celle d’une extrême-gauche qui ne sait que dire non. L’Europe de monsieur Junker ne me plaît pas loin s’en faut mais ce n’est pas pour autant que je vais aller me jeter dans les bras des premiers démagogues venus.
Ceci écrit il s’agit d’un divorce autorisé par le Traité, le peuple s’est exprimé, reste à trouver les modalités de la séparation et, quoi qu’on écrive sous l’effet de l’émotion, rien n’est écrit, les liens existent et ils ne vont ni se dénouer, ni être coupés sans qu’une rude négociation ne s’engage.
Toute rupture a bien évidemment des conséquences plus ou moins importantes sur les affaires ménagères. En clair puisque le Royaume-Uni est le deuxième importateur de vins au monde en valeur derrière les USA et en volume derrière l’Allemagne, c’est un marché-clé pour nous et nos voisins italiens et espagnols.
Pour les vins français c’est le très haut de gamme qui va sentir passer le vent du boulet, les grands crus bordelais, les vins de Bourgogne et le champagne tout particulièrement. Depuis que nous avons perdus la bataille de l’entrée de gamme au profit des Australiens et les Chiliens nous pesons que sur le segment de la valeur. La GD anglaise est rapiat, casseuse de prix, la bataille va être à l’avenir encore plus féroce pour nous.
À l’annonce du divorce la livre a dévissé de 8% par rapport au dollar et à l’euro, réaction épidermique des fameux marchés. Attendre et voir, mais si la baisse de la livre se confirme- elle est au plus bas par rapport au dollar depuis 1985 -, ce taux de change n’incitera pas les acheteurs britanniques, cela constituera un handicap supplémentaire car la GD anglaise, comme toutes les GD, fera assumer les aléas monétaires par ses fournisseurs.
Dans le travail de détricotage qui va commencer le Commonwealth va constituer une zone à part, les importations d’Australie et de Nouvelle-Zélande risquent d’être plus encore en position de force. La Grande-Bretagne va aussi renégocier seule tous les accords de libre-échange, qui la liaient ou non, aux pays partenaires commerciaux de l’UE. On peut faire confiance à des pays comme l’Argentine et le Chili pour en tirer parti.
Reste aussi la question des droits de douanes et des accises !
Mais le vin n’est pas le seul produit de bouche en cause
Une perte de 200 millions d'euros pour le vin.
Les exportations de l'agroalimentaire français à destination du Royaume-Uni ont pesé 4,6 milliards d'euros en 2015 dont 5,7 % dans le vin, 2 % dans les produits laitiers (fromages et beurre) et 1,6 % dans les viennoiseries et les produits issus de boulangerie, a indiqué l'Ania.
Une étude de l'assureur crédit Euler Hermes sur l'effet du Brexit évalue la perte à l'exportation de l'agroalimentaire français à 500 millions d'euros d'ici à 2019. Sur cette base, l'Ania indique qu'il représenterait une perte de l'ordre de 200 millions d'euros pour le secteur du vin, de 70 millions pour les produits laitiers et de 57 millions pour les viennoiseries.
Danone, un de ses membres les plus importants, présent au Royaume-Uni depuis 1991, a déclaré travailler sur les conséquences du Brexit pour anticiper les potentiels scénarios d'évolution de la livre sterling.
« Comme dans tous les pays où on opère dans des contextes volatils notre objectif est d'atténuer les risques à travers la couverture classique de taux de changes », a déclaré à Reuters une porte-parole du groupe agroalimentaire français.
«Pour les vins du Languedoc, le Royaume-Uni représente un marché très important. En volume, il se trouve à la 2e place derrière la Chine, et à la 3e place en valeur derrière la Chine et les États-Unis», explique Jérôme Villaret, directeur général du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc. Pour les AOC, ces ventes représentent 68 000 hectolitres, soit 10 millions de bouteilles, et même 48 millions si on y ajoute les vins d'Indication géographique protégée (IGP). En 2015, ce marché a représenté tout de même 81 millions d'euros.
Brexit : quelles conséquences sur l'exportation de chablis ?
« Les vins blancs, dont les chablis, sont depuis une vingtaine d’années les artisans du succès de la Bourgogne au Royaume-Uni (85% des bouteilles expédiées en 2014). Une situation qui s’était confirmée l’an dernier.
Les vins blancs, dont les chablis, sont depuis une vingtaine d’années les artisans du succès de la Bourgogne au Royaume-Uni (85% des bouteilles expédiées en 2014). Une situation qui s’était confirmée l’an dernier.
Le Royaume-Uni représente 26 % des bouteilles de vin de Chablis exportées dans le monde. Mais la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait rebattre les cartes. À Chablis, les viticulteurs attendent de voir.
Deuxième marché export des vins de Bourgogne, mais premier en valeur comme en volume des vins de Chablis : le Royaume-Uni a choisi hier de sortir de l’Union européenne. « C’est un sale tour que viennent de nous jouer nos amis anglais », admet Louis Moreau. Viticulteur à Beines, travaillant à 25-30% à l’export avec la Grande-Bretagne, le président de la commission chablis au sein du BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) se montrait néanmoins circonspect.
« Nous allons devoir être vigilants d’ici à six mois. Le Royaume-Uni va devenir un pays tiers, mais on ne sait pas encore comment cela va se concrétiser au niveau des droits et des taxes. Il va falloir un certain temps avant que tout cela se mette en place. Cette sortie de l’Europe est d’autant plus dommage que nous étions parvenus à regagner des parts de marché, cela en poursuivant notre montée en gamme, depuis les petits chablis jusqu’aux grands crus ».
« Pour l’heure, il faut garder la tête froide »
Très affecté par la crise financière de 2008 et ses conséquences, handicapées par un euro fort, le marché britannique avait dévissé en 2009, contraignant les vins de Chablis à revoir leur positionnement sur des segments plus valorisants (+ 19% en 2014 par rapport à l’année précédente).
« On espère que le marché britannique va rester l’un de nos marchés porteurs. Aujourd’hui, la décision de sortir de l’Europe a sonné tout le monde. Il faut prendre du recul, estimait Frédéric Gueguen. Président de la fédération de défense de l’appellation chablis, le vigneron de Préhy n’entendait pas céder à la panique. Les marchés financiers aiment bien affoler le monde. Certes, la livre sterling va perdre de la valeur dans un premier temps, mais la Grande-Bretagne est une puissance économique de poids, et l’Etat va faire en sorte de maintenir le niveau de sa monnaie. Quant aux droits de douane, ils existaient déjà. Est-ce qu’ils vont encore augmenter ? Il est bien trop tôt pour le dire. Le pays va devoir renégocier tous ses accords avec les différents partenaires de l’Union européenne dont la France. C’est alors qu’il faudra être particulièrement vigilant. Mais pour l’heure, il faut garder la tête froide. Il n’y a pas péril en la demeure ! »
Véronique Sellès
veronique.selles@centrefrance.com
Brexit: Quelles conséquences pour la vente d’alcool dans le Calaisis?
Si les Britanniques viennent régulièrement dans la région pour ses vertus touristiques et les paysages de la Côte d’Opale, n’en déplaise à certaines mauvaises langues, ils ont fréquemment une autre motivation pour traverser la Manche : le vin français, et ses prix considérablement plus attractifs qu’au Royaume-Uni. À Calais et dans ses environs, les boutiques proposant alcools et vins à des prix très compétitifs pullulent. Et celles qui ciblent spécifiquement la clientèle britannique sont encore plus nombreuses que les françaises, ou à défaut elles brassent des volumes bien plus importants que celles qui sont destinées à une clientèle plus locale. C’est par exemple le cas d’immenses magasins comme Majestic Wine, qui dispose de deux antennes dans le Calaisis, l’une dans la zone Marcel Doret et l’autre à Coquelles, près de l’autoroute, ou encore du Calais Wine Superstore.
« Je fais 90 % de mes affaires avec des Anglais »
Ces boutiques ont vraisemblablement du souci à se faire en cas de Brexit. Mais c’est aussi le cas de certaines enseignes de taille plus modeste, dans un rayon plus étendu autour de Calais. C’est par exemple le cas du magasin Boursot Vins, situé à Ardres. Son propriétaire, Guy Boursot, est inquiet des conséquences éventuelles du Brexit sur son commerce. « Je fais 90 % de mes affaires avec des Anglais. Ils viennent pour chercher de bons vins, qui sont nettement moins chers en France qu’en Grande-Bretagne. Mais je suis vraiment très, très inquiet sur ce qui se passera si le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne. J’ai peur qu’il y ait moins d’Anglais qui viennent en France. »
En effet, en cas de sortie du Royaume-Uni de l’UE, les Britanniques qui viennent en France faire leurs courses ne pourraient plus remporter que quatre litres de vin par personne au retour, et 16 litres de bière, selon la loi britannique.
« En moyenne, mes clients prennent 60 bouteilles! »
Une disposition qui pourrait bien avoir des conséquences désastreuses pour Guy Boursot : « En moyenne, les clients britanniques qui viennent chez moi prennent soixante bouteilles de vin. En ce moment, j’ai un couple qui est en train de remplir son coffre avec environ 300 bouteilles ! »
« Il y a énormément d’incertitudes, on ne sait pas ce qui va se passer. Beaucoup parlent d’une baisse du taux de change de la livre sterling, ce qui serait très néfaste pour le pouvoir d’achat des Britanniques. » Pour le négociant en vins, il risque aussi d’y avoir une crise au Royaume-Uni, dont il parle en évoquant le choc financier de 2008. « Il pourrait y avoir une dépression comme en 2008. Il y aurait moins d’argent, moins de dépenses, moins de confiance. »
« Brexit » : quelles conséquences concrètes ?
LE MONDE | 23.06.2016
« Le terme « rosbif » en tant qu’insulte est attesté officiellement depuis 1774, mais pourrait bien être antérieur. Il désignerait en fait les traiteurs anglais installés à Calais qui accueillaient leurs compatriotes fraîchement débarqués en France, une pièce de bœuf à la main pour les réconforter, histoire de leur rappeler la mère patrie.
Et oui, le bœuf c’est pour ainsi dire l’animal sacré en Angleterre, l’ingesta prédominant des Beefeaters (mangeurs de bœuf), célèbres gardiens de la Tour de Londres ; le bœuf, c’est l’incarnation du sentiment national anglais et de la force mâle, figure construite en opposition à l’hégémonie culturelle française qui sévissait alors dans toute l’Europe du XVIIIème siècle et dont l’art culinaire raffiné, fait de fricassées et autres ragoûts, était jugé trop dévirilisant par nos anglois cousins. »
Filer à l'anglaise :
L'origine de cette expression n'est pas certaine.
Il peut s'agir d'une vengeance relativement récente vis-à-vis du peuple d'Outre-Manche qui utilise l'expression "to take French leave" (filer à la française) pour signifier la même chose.
Il peut aussi s'agir d'une déformation orale du mot anguille.
Parmi d'autres explications, au XVIe siècle, un créancier était appelé un Anglais, et on imagine bien le débiteur filer à l'anglaise lorsque son créancier "préféré" était dans les parages.