Les livres, toujours les livres, alors comment pouvais-je échapper au livre d’Eric Hazan : Une traversée de Paris au Seuil.
L’auteur emprunte le méridien de Paris d’Ivry à Saint-Denis et, si cette traversée commence à Ivry ce n’est parce que Paco y a installé son bouiboui plein de vins nus mais c’est à cause d’une librairie « Envie de lire » qui est un « lieur de flânerie et de découverte » et d’où l’on sortira non pas avec le titre qu’on est venu chercher mais avec un « roman mexicain ou les souvenirs d’un révolutionnaire. »
Et comme son méridien passe au bas de chez moi il est logique que vous y ayez droit :
« Le boulevard Arago croise ensuite la rue de la santé, frontière des XIIIe et XIVe arrondissements. Cet angle fut le lieu des exécutions publiques de 1909 à 1939, après quoi elles eurent lieu à l’intérieur de la prison. En face de de la porte d’entrée, blindée et toujours fermée, un immeuble a remplacé vers 1960 des maisons basses et un café à l’enseigne de la Bonne Santé Le mur de la prison porte à l’angle de la rue Jean Dolent une plaque rappelant les noms de dix-huit résistants exécutés ici après avoir été jugés et condamnés par les sections spéciales, tribunaux créés en 1941 par Pierre Pucheu ministre de l’Intérieur, et Joseph Barthélémy, ministre de la Justice. Il faudra sans doute attendre une cinquantaine d’années pour qu’une autre plaque signale que dans ces mêmes murs furent guillotinés des membres du FLN condamnés par des tribunaux militaires pendant la guerre d’Algérie, lors de procédures comparables à celles des Sections Spéciales.
Les visiteurs de la Santé entrent aujourd’hui par une minuscule guérite sur la face opposée à la grande porte, dans une courte rue Messier. Il y a quelques années, je suis passé plusieurs fois par là pour aller voir un ami incarcéré ; c’était l’hiver, des bonnes sœurs installées dans une roulotte sur le trottoir d’en face offraient du café aux pauvres gens qui attendaient dans le froid. Dans la queue parmi toutes ces familles, je n’ai jamais vu un seul Blanc. Il n’y en avait pas beaucoup non plus chez les matons qui contrôlaient les entrées ; comme dans les hôpitaux parisiens, les emplois subalternes de l’administration pénitentiaires se recrutent beaucoup aux Antilles.
On entend dire que la Santé va être détruite (en fait les ¾ ont été rasés pour être reconstruits et ce qui reste debout côté rue de la Santé sera rénové). Elle serait la dernière d’une longue série de prisons disparues depuis qu’a été démantelée à l’été 1789 la plus célèbre d’entre elles, la Bastille : l’Abbaye, près de l’église Saint-Germain-des-Prés, où débutèrent les massacres de Septembre ; la Force, rue Saint-Antoine à l’angle de la rue Mahler, où furent enfermés Claude-Nicolas Ledoux – qui en sortira vivant – et plus tard les quatre sergents de La Rochelle, guillotinés en place de Grève le 21 septembre 1822 pour avoir comploté contre la restauration monarchique ; les Madelonnettes, prison pour femmes à l’emplacement du lycée Turgot, rue Turbigo ; Sainte-Pélagie, entre la rue de la Clef et la rue du Puits-de-l’Ermite, prison politique sous la Restauration et la monarchie de Juillet, qui vit passer toutes les têtes de l’opposition républicaine et aussi Gérard de Nerval qui l’évoque dans un poème :
Dans sainte-Pélagie,
Sous ce règne élargie,
Où, rêveur et pensif,
Je vis captif…
Il y avait encore Clichy, prison pour dettes qui s’ouvrait au 68 de la rue homonyme, où les débiteurs étaient enfermés et entretenus aux frais des créanciers ; et la petite Roquette, panoptique hexagonal pour femmes qui ne fut détruit qu’en 1974 »
Notes du taulier :
- Le Garde des Sceaux de l’épisode FLN était un certain François Mitterrand…
- Une autre prison celle du Cherche-Midi a fermé en mars 195à et fut détruite en 1966 (j’y reviendrai lors d’une prochaine traversée de Paris)
Un matin l’une de mes amies sur Face de Bouc me demande conseil pour trouver un millésime difficile à trouver : 1968 « Une année médiocre où un record de pluie fut enregistré durant le mois d'août. Les pluies continuelles de septembre produisit des vins dilués, maigres et sans caractère. » à Bordeaux bien sûr car en ce temps-là notre Michel, Hubert et leurs frères n’oxygénaient pas encore et les critiques faisaient le boulot sans craindre les foudres des châteaux.
J’eus pu télégraphier à Jacques Dupont Le Guide de Bordeaux mais je ne suis dit : prends donc ton vélo pour faire le boulot !
En traversant les Tuileries c’était le « péril jaune » la bande à Zlatan y faisait gentiment du bruit même si les packs de bière étaient omniprésents… un peu loin égarés quelques Irlandais tout vert erraient.
Bien sûr je n’ai pas trouvé une goutte de 68 sur la Rive Droite, sans doute est-ce l’effet Sarkozy qui n’aime pas les 68 hard.
Cependant, je ne suis pas revenu bredouille puisque j’ai acheté 2 bouteilles pour vous en mettre une sous le nez. L’autre viendra à qui sait attendre.
TOUT'EN BULLES 2011 - bulles Domaine Gramenon Vinifié par Michèle AUBERY-LAURENT Région : Rhône Classé en Cépage(s) : 100% Viognier Agriculture biologique Agriculture biologique Vin naturel Vin naturel Bio dynamique Bio dynamique Label VCN Label VCN Saveur : Taux d'alcool : 10,5% Vol. - Sulfites ajoutés
Puis au retour je suis passé chez Poilâne pour me mettre un flan sous la dent vu qu’à Paris y’a pas de musettes de ravitaillement pour les cyclistes. Là, surprise, au beau milieu d’un essaim de Japonais je me retrouve nez à nez avec ça :