La tante Valentine, au Bourg-Pailler, ne mettait que très peu la main à la pâte, ses seules fonctions nourricières consistait à tourner chaque matin la manivelle de l’écrémeuse dans la souillarde située au-dessous de ma chambre, à baratter le beurre dans un grand tarrasson, à le mouler dans un moule ovale orné d’une marque imprimant une fleur sur le beurre et enfin à faire du riz au lait nappé de chocolat de ménage. La tante Valentine était une femme des champs où, protégée par sa quichenotte, elle abattait le travail de deux personnes.
Je dois avouer que le riz au lait nappé de chocolat de ménage de la tante Valentine fut ma madeleine de Proust. Au retour de l’école j’en mangeais à m’en faire péter la sous-ventrière. C’était l’extase qui virait à l’épectase.
Donc tout au long de ma vie déjà longue, j’ai perpétué la tradition riz au lait nappé de chocolat de ménage de la tante Valentine et Anne-Cécile a pu ainsi, elle aussi, atteindre les sommets des plaisirs simples.
Jérémie Couston, journaliste à Télérama, me demandait l’autre matin de l’aider à convaincre une de ses copines, naviguant dans la haute-finance, de cesser de manger de la mauvaise bouffe achetée an GD et dans le hard. J’ai argumenté, et dans la réponse qu’elle fit à mon ami, j’ai été frappé par le fait qu’elle se justifiait de donner de la nourriture toute prête à ses enfants en se réconfortant par un « Je crois sincèrement que les aliments pour enfants sont suffisamment contrôlés pour que mon fils ne soit pas malade parce que je lui donne du ficelo. »
Les bras m’en sont tombés et j’ai décidé de vous transmettre, photos à l’appui, mon parcours chaotique pour arriver à présenter à cette génération de mères ou de pères un riz au lait nappé de chocolat de ménage présentable pour séduire leurs mouflons.
Mon problème c’est que mon riz au lait nappé de chocolat de ménage était excellent, délicieux, succulent, mais présentait l’aspect d’une vague bouse marronnasse. Rédhibitoire face aux packagings affriolants des grands laitiers industriels qui utilisent jusqu’à Vermeer pour faire croire que leur laitière sait encore ce qu’est le lait.
1ière Tentative avec le matériel du bord… cata… moche !
2ième Tentative avec un nouveau moule… cata bis… effondrement !
Après consultation de mon amie Claire, qui a fait chocolatière chez Jacques Génin, j'ai appris ce qu'était une ganache - ne riez pas - 200g de chocolat pour 200g de crème fraîche, faire chauffer la crème puis incorporer le chocolat hors du feu...
Banco !
J'achète aussi un moule à gâteau...
3ième Tentative avec de la fleurette et du matos pro…
Claire a beaucoup ri en voyant mon gâteau de riz et elle m'a dit que je me compliquais la vie : je devais aller du côté des Halles acheter un moule pro en silicone. J'ai opiné et j'y suis allé à vélo mais un truc ma chiffonnait : la tante Valentine allait-elle, du haut du ciel où elle est maintenant logée vu le nombre de rosaires qu'elle a égrené, apprécier cette modernité ?
Arrivé chez Bovida, après discussion, j'ai opté pour 2 moules dôme en inox...
Autre précision, la Claire m'a donné le bon conseil pour m'éviter une nouvelle cata : il fallait que j'utilise de la crème fleurette et non de la crème crue beaucoup chargée en matières grasses... Que ferais-je sans Claire !
Le résultat est perfectible mais je puis vous assurer que ce riz au lait : 2 litres de lait cru, 200 g de riz Aquarello, 2 gousses de vanille Bourbon fendues, sucre Vanillé, sucre roux bio… nappé d’une ganache de chocolat Bonnat 200g et crème fleurette fermière 200g est un délice facile à réaliser si on s’y prend bien.
Dès que le riz est dans le moule il faut le placer un temps dans le freezer de votre réfrigérateur pour qu’il refroidisse vite mais sans le glacer. Le mettre ensuite dans un compartiment du frigo. Pour démouler vous passer la pointe d’un couteau fin autour de la couche supérieure puis plonger le cul du moule dans de l’eau bouillante.
Ça vous prendra une vingtaine de minutes chrono.
Comme moi faites vos courses à vélo : le résultat ci-dessous :