Les marieuses et les marieurs de vin sont à la peine, pensez-donc, chaque jour que Dieu fait, il leur faut accorder le dernier petit plat tendance, la carotte nouvelle de Créances, avec le pur jus d’un GCC, d’un champagne millésimé, surtout d’un flacon qui draine de la publicité.
Ça lasse, usé le procédé, ils ou elles ne savent plus à quel saint se vouer : faut du nouveau coco ! Racole ! Déniche-moi vite fait sur le gaz un mec ou une nana qui fasse le buzz !
- Un Chef, chef…
- Explicite !
- Un truc du genre : un chef, un plat, un vin…
- Emballé c’est pesé ma poule, mais c’est toi qui choisit le vin à sa place. Faut bien placer notre camelote ma cocotte ! Faire plaisir au petit Michel...
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, mon rédachef m’a convoqué dare-dare pour que je m’engouffre dans la brèche. J’ai cogité et je lui ai proposé c’est dur la culture : l’art et le vin ! Je dois vous avouer que ça ne l’a pas enthousiasmé mais de guerre lasse il a cédé.
Me restait plus qu’à concrétiser. C’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon…
J’ai enfourché mon vélo pour dénicher une idée et je suis tombé sur des fèves qui sont, selon Jean-Marie Pelt dans sa petite encyclopédie gourmande des légumes, les plus vénérables ancêtres du monde des légumes.
Emballé c’est pesé, retour à la maisonnée pour dérober mes fèves. En effet, la fève doit être débarrassée de sa robe avant d’être consommée.
Un pet d’Histoire :
« Déjà connues des hommes du néolithique - on a trouvé des graines de fèves sur les emplacements de la ville de Troie – la fève a longtemps traîné une très mauvaise réputation due essentiellement à sa forme mais pas seulement !
Les égyptiens n'en supportaient pas la vue parce qu'ils y voyaient le lieu de transmutation des âmes. En Grèce, Pythagore en fait une vraie phobie. Les romains qui ne l'apprécient guère voient dans les fleurs de fèves des taches noires qui leur semblent un mauvais présage. Quant aux gens d'Eglise... ils prêtaient à la fève des vertus aphrodisiaques forcément incompatibles avec la vie monastique.
La fève est cependant consommée dans le bassin méditerranéen depuis l'Antiquité mais c'est surtout au Moyen-Age et à la Renaissance que la fève trouve vraiment sa place dans l'alimentation humaine. Elle paraît avoir été un des principaux légumes du paysan français avec les choux, les raves, les aulx, poireaux et oignons (cf. Histoire des légumes de Georges Gibault). N'oublions pas qu'avant la découverte de l'Amérique et des haricots mexicains, le cassoulet était confectionné avec des fèves. »
Rassurez-vous je ne vais pas faire tout un plat de mes fèves
Le Mangeur de Fèves d’Annibal Carrache ou Carracci
(1580-90). Huile sur toile, 57 × 68 cm, Galleria Colonna, Rome. Annibal Carrache a commencé par des scènes de genre très réalistes. Une telle approche n'est pas commune au 17e siècle, d'autant que ce tableau, sans aucun artifice de composition, acquiert paradoxalement une modernité surprenante.
« Signe d’une transformation importante, ce tableau d’Annibal Carracci est une des toutes premières représentations de paysans en train de manger. Son repas, servi sur une nappe blanche, même chez les plus pauvres, est fait de fèves appelées « haricots noirs », originaires d’Afrique – bientôt supplantés par le haricot de la famille Phaeasalus plus facile à cultiver – d’oignons qui remplacent la viande, d’une assiette de salade qu’on souhaiterait un peu plus verte, de vin rouge réservé aux paysans et de pain en petites miches accolées. Aliment essentiel à la nutrition, le pain est l’objet de tous les soins. Sa composition, ses ingrédients, la qualité du blé et de la farine varient énormément d’un lieu à l’autre. Pain blanc pour les riches, pain noir ou complet pour les pauvres, son goût et sa qualité sont commentés par ceux qui ont la chance de pouvoir comparer. L’œil allumé, le sourcil levé, la bouche prête à avaler la cuillerée évoquent la gourmandise, celle du pauvre qui préfère la quantité à la qualité. Mais de même qu’on attribue au pauvre une gloutonnerie qui l’assimile à l’animal et au sauvage, il ne lui est pas interdit de faire preuve de goût dans la différenciation de la qualité de ses plats, aussi simples fussent-ils. »
Manuel Vásquez Montalbán
Je me confectionne une petite Salade de fèves à la ciboulette et je me débouche une bouteille de Capitancelli du domaine Piana dei Castelli achetée au Lieu du Vin chez le grand Philippe.
Normal c’est le vin de Matteo Ceracchi, un rouge IGP Lazio
Le domaine Piana dei Castelli est situé près de Velletri, au sud-est de Rome, dans le Latium, il est consacré à la vigne depuis neuf générations. Son positionnement géographique se situe à la convergence entre des masses d’air sèches et humides, froides et tempérées d’origines maritimes et subcontinentales, provoquant une alternance climatique continue favorable à une lente maturation du raisin. L’identité du domaine est garantie par ces vents qui proviennent de l’est des monts Lepini.
Les 30 ha de vignes, à proximité de la mer, sont implantées sur un terroir crayeux/siliceux, typiquement volcanique La diversité des cépages : Malvasia Puntinata, Trebbiano, Grechetto, Sauvignon, Pinot Gris, Cesanese, Merlot etc. permet au domaine Piana dei Castelli d’élaborer une large palette de cuvées originales portant la signature de Matteo Ceracchi qui pratique une viticulture respectueuse de l’harmonie entre le sol et la plante et une vinification douce.
Capitancelli
Cépages : Sangiovese 30% - Shirah 30% - Cabernet Franc 20% - Merlot
Age des vignes : 60 ans
Rendement : 20/30 hl/ha
Date de récolte : Fin Octobre
Vinification : Vendange manuelle. Macération en cuve inox sur peaux pendant 6 mois.
Non-filtré
Robe rouge avec des reflets violacés. Nez très présent et mature. La bouche est concentrée et harmonieuse avec une longue finale sur les épices et la réglisse.