La blanquette de veau c’est le cauchemar de la Blanquette de Limoux.
Face aux altiers héritiers champenois les pauvres limouxins en furent réduits à chercher leur salut dans le Crémant sans pour autant sortir de leur roture.
La France est un pays de rentiers bien installés, frileux, pingres, qui longtemps firent de la rente Pinay l’instrument de leur domination sur l’économie du pays.
De Gaulle ne les aimait guère ces Vichyssois.
Philippe de Gaulle, le fils du Grand Charles, dans son ouvrage : «De Gaulle, mon père» indique qu’en juin 40, il dîne à l’hôtel Connaught. De Gaulle vient de stigmatiser l’armistice au micro de la BBC« Je le vois alors serrer son couteau nerveusement avant de le reposer avec délicatesse, puis il me souffle, à voix basse pour ne pas être entendu des convives qui dînent à la table voisine : «Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. »
Vous voyez je fais de la politique !
Et je continue sur un ton badin avec deux anecdotes :
La vache allaitante tout d’abord qui était la hantise de l’un de mes Ministres, Mitterrandien du premier cercle, ceux qui déjeunaient à l’Élysée après chaque Conseil des Ministres. Avant chaque passage dans les médias, il s’inquiétait :
- Dis-moi, toutes les vaches donnent du lait…
- Oui !
- Alors elles allaitent toutes…
- Non, celles qui font du lait pour nous sont des vaches laitières et les autres, qui font téter leurs veaux, des vaches allaitantes. Rappelle-toi les veaux sous la mère !
- Oui, c’est vrai notre ami de Confédération Paysanne de Corrèze m’en parle souvent…
Le veau sous la mère donc, pas celui cher aux éleveurs corréziens, mais le sobriquet dont Alain Ayache avait affublé Jean-Michel Baylet pour le brocarder, lui, le fils d’Evelyne-Jean Baylet régnant alors sans partage sur La Dépêche du Midi «Ce qui est à la Dépêche est à moi». Rappelons que cette brave Evelyne nomma en 1964 René Bousquet au secrétariat général du journal. Mitterrand toujours…
Oui je fais encore de la politique mais pour la bonne cause : celle d’un de nos plats nationaux la Blanquette de veau.
Depuis quelques temps je plaide, en tant que vieux bobo indigène, pour le retour dans mes cantines de la nourriture simple et roborative.
Et, comme ma surface médiatique est, vous le savez, aussi importante que celle des Radicaux de Gauche du Jean-Michel susnommé, on m’a entendu.
D'abord par les cantinières d’altitude, chères à mon cœur, qui pour leur première ouverture au déjeuner inscrivaient ce plat iconique à leur menu.
Excellente, faite dans les règles, plat simple et populaire, pas cher (voir les tarifs ci-dessus), qui plus est dégusté entouré d’amis, les piliers du Lapin Blanc.
Le Lapin Blanc c'est le lieu où il faut être, l'info qui passe sous le manteau c’est que cette cantine d'altitude elle monte, elle monte, et que dans les milieux autorisés on s’interroge : mais jusqu'où iront-elles ces cantinières de charme ?
La preuve :
Pour ceux qui ne le savent pas lors des Conseils des Ministres à l’Elysée les Ministres passent leur temps à s’envoyer des petits billets.
Une gorge profonde m’a procuré un échange entre Macron et une Ministre dont je tairai le nom :
- Emmanuel t’es chou avec ta barbe de 3 jours…
- C’est l’effet Lapin Blanc !
- … ?
- Tu ne connais pas le White Rabbit !
- Non…
- C’est une cantine naturiste…
- Tu te dévergondes Emmanuel…
- Normal je suis entouré que de gourgandines…
- On s’y envoie en l’air ?
- Oui c’est une cantine d’altitude…
- Tu m’y invite un de ces 4 ?
- Ok je t’embarque sur le scoot de François pour aller y licher 1 canon de Jo Pithon super réduit...
- Ha ! la réduction des déficits quelle jouissance...
PS. Les cantinières ne le dites pas à Philippe mais lorsqu'il quittera Bercy Emmanuel a prévu d'animer le blind test du samedi à la place de Stéphane qui, informé, a répondu « C'est propre !»
Là-bas j’ai bu ça :
Puis, lundi dernier, le sieur Verjus annonçait via le social réseau : blanquette de veau !
Illico j’enfourchais mon vélo.
Direction TABLE, car c’est à table que l’on parle le mieux de politique autour de la blanquette de veau de Bruno.
À pleurer !
Tout l'esprit de Table : magnifier le produit !
Entrée + plat + dessert : 25 euros
Chez Bruno j’ai bu ça :
À propos, pourquoi dit-on « pleurer comme un veau » ?
« Pleurer comme un vieau »
J’ignore l’origine mais on dit aussi « Pleurer comme une madeleine… ou comme une baleine. »
Pour la madeleine cette expression est une référence biblique. C’est Marie de Magdala, plus tard nommée Marie Madeleine, une ancienne prostituée, qui se présenta à Jésus lorsqu’elle apprit qu’il était à Magdala. Elle se mit à ses pieds, les arrosant de ses larmes et de parfums, tout en les séchant avec ses cheveux alors qu'elle lui confessait ses pêchés. Jésus lui pardonna, et Marie Madeleine devint sa plus fidèle disciple. Lors de sa résurrection, c’est à elle que le Christ se présenta en premier.
Je digresse mais c’est pour la bonne cause : l’édification de notre jeunesse.
Dans Honneur à la blanquette de veau en mars 2006 Florence Amalou du journal LE MONDE écrivait
« La blanquette de veau, dont le nom fait honneur à la blancheur - très valorisée dans la culture européenne - de la viande et de la sauce, puise ses racines au XVIIIe siècle mais continue de nourrir l'imaginaire collectif. La recette de Nicole s'apparente à celle que l'historien Jean-Louis Flandrin a attribuée dans son célèbre ouvrage La Blanquette de veau (éd. Jean-Paul Rocher) à Vincent de La Chapelle qui, le premier, l'a couchée sur le papier en 1735 dans son Cuisinier moderne. A l'époque, il n'existe qu'une blanquette, et elle est exclusivement de veau. Ce mets à l'origine constitué de restes de rôti était servi en entrée sans autre accompagnement que des oignons grelots et des champignons de Paris. A partir de la seconde guerre mondiale, la blanquette change de statut et entre au menu comme plat principal, accompagnée de riz blanc. Le plat est national, cuisiné dans toutes les régions, et on ne compte plus les variantes : on lui ajoute de l'ail en Provence, on lui enlève la crème à Bordeaux, par exemple. »
« En 1752, le supplément au Dictionnaire de Trévoux soulignait que « la blanquette est un mets fort commun chez les bourgeois lorsqu'ils ne sont qu'en famille »
« En tout état de cause, la qualité de la viande a toujours déterminé la réussite de la recette. "Au commencement, idéalement, il faut que le veau (...) ait 6 semaines ou 2 mois, qu'il soit gras et blanc. Plus fort, il est dur et n'est pas si délicat. Plus petit, il n'a ni suc, ni goût, ni saveur", insiste François Marin, auteur présumé de L'Art de la cuisine réduit en pratique, paru en 1740. Aujourd'hui, les veaux sont tués lorsqu'ils ont entre 4 et 6 mois et pas plus de 10 % d'entre eux sont élevés sous la mère. La plupart sont nourris en batterie et au lait en poudre, constate Patrick Rambourg, cuisinier et historien, attaché à l'université Paris-VII Denis-Diderot. »