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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 06:00
Jean Effel France Soir 25 février 1960

Jean Effel France Soir 25 février 1960

Moi, le petit vendéen baptisé à l’église Saint-Jacques le majeur de la Mothe-Achard, confirmé dans le même édifice par Mgr Cazaux évêque de Luçon, éduqué par les petites sœurs de Mormaison et les très chers frères du bienheureux Louis Grignon de Montfort, enfant de chœur de première catégorie – celui qui portait le goupillon, la croix et encensoir – programmé pour entrer au séminaire, je vous en supplie à genoux sur un prie-Dieu paillé, courez, ruez-vous à l’instant même chez votre kiosquier ou votre marchand de journaux, pour acheter le dernier numéro de la RVF, le N° 596, de novembre.

 

 

S’il vous reste une once d’estime pour moi, engagez cette dépense car c’est un futur collector comme le missel que l’on m’avait offert pour ma communion solennelle (j’avais omis dans ma déclaration préalable mes 2 communions : la petite, dite je ne sais pourquoi, privée et la grande, la solennelle).

 

 

Ça commence fort par une montée en chaire du révérend-père Denis Saverot ayant revêtu la chasuble brodée d’or des fêtes carillonnées (nulle allusion à la célèbre cloche)…

 

« Le vin est tout sauf un produit neutre. Arpentez les vignes de Saumur ou de Kaysersberg en Alsace, les collines de Madiran, les coteaux de Saint-Émilion ou de Vosne-Romanée. Qu’y voit-on, bordant les vignes ? Des croix. Des dizaines, des centaines de croix de pierre jalonnent les vignes de France, encore soigneusement entretenues aujourd’hui. L’essor du vignoble a aussi été et demeure un marqueur chrétien. »

 

À la fois héritage chrétien et conquête populaire, le vin reste donc aux racines mêmes de notre civilisation. Celle de la subtilité des saveurs, du respect de la terre, d’un goût certain de la liberté aussi. Il est notre culture et, dans ce monde déchiré entre l’uniformisation générale, les replis communautaires et la montée des interdits, une grande part de notre avenir. »

 

L’ensemble du sermon ICI 

 

Après avoir convoqué Mélenchon, Hollande, Sarkozy, Fabius, il en appelle au vin populaire qui fut « une conquête révolutionnaire, au même titre que le droit de chasser. Il a accompagné la Révolution française, les Communards en 1870 et la guerre de 14-18, lorsqu’on servait aux soldats des quarts de rouge au moment de sortir des tranchées. Comment d’ailleurs ne pas noter que la baisse de la consommation de vin en France (100 litres par an et par habitant en 1960, moins de 50 litres aujourd’hui) a mécaniquement, fidèlement, accompagné le déclin du parti communiste français ? »

 

De la petite bière que tout ça, tel un prédicateur exalté mais débordé, le Denis a convoqué le Michel Onfray qui est au coeur d'une « polémique sur l'identité française » sic afin qu’il nous fasse une piqure de rappel, en remontant nos bretelles de mécréants, oui couvrons-nous la tête de cendres, repentons-nous car le vin tire sa liberté des racines judéo-chrétiennes de la France.

 

N’étant point abonné, une gorge profonde m’a communiqué l’intégralité de cette interview qui fera date dans les chais et dans toutes les églises de France.

 

Deux grands moments hormis la citation titre  :

 

  • Saint Michel l’archange du bocage normand pourfend les biodynamistes.

« De la même manière que certains chrétiens prennent des libertés avec l’enfer et le purgatoire, certains marxistes avec la lutte des classes et la dictature du prolétariat, certains producteurs qui se disent bio-dynamiques ou bio ignorent paradoxalement ce qu’est vraiment la doctrine qui inspire leur pratique. Certains n’ont jamais lu une ligne de l’anthroposophe Steiner qui théorise la biodynamie, soit ne pratique ni le vortex, ni la corne de bouse… Difficile dès lors d’avoir un débat. Je juge pour ma part à ce qui se trouve dans un verre. Arrêter la chimie suffit à produire de bons effets. Nul besoin de prétendre que les bons effets sont induits par ce qui s’ajoute une fois qu’on a renoncé à la chimie. »

 

  • Pourquoi le Michel l’a pas fait le vigneron ?

Non, non, son père « n’était pas agriculteur, mais ouvrier agricole, ce qui change tout. Agriculteur, il aurait été propriétaire des biens matériels : une terre, des champs, des bois, une ferme, des animaux… J’y aurais alors été attaché. Mais ouvrier agricole, il ne possédait que sa force de travail et nous ne vivions pas dans une ferme avec les animaux de la basse-cour, des vaches ou des chevaux, mais dans une petite maison d’un étage qui faisait deux fois dix-sept mètres carrés. Je n’ai donc pas eu à me poser la question d’hériter, et je n’ai jamais eu envie d’être ouvrier agricole comme mon père. Quand à devenir viticulteur, ça supposait un investissement, donc de l’argent, des cautions, ce qui était impensable pour ma famille. Et puis mes parents avaient effectué le partage des rôles avec mon frère : il était manuel, ce qui était connoté positivement, j’étais l’intellectuel, plutôt une tare. Je n’ai donc pas eu de mal à vouloir ce que l’on déplorait pour moi. »

 

Merci Michel pour ces deux grands moments et tous les autres à découvrir dans l’apostolique et romaine RVF.

 

Amen.

 

Grand merci aussi au RP Denis de contribuer à faire avancer le débat dans le monde du vin et auprès de ceux qui le boivent…

 

NDLR : eu égard à mon lourd passé, certes non-marxiste, je ne me suis pas senti qualifier les saintes paroles de Michel Onfray qui aime tant les paysans honnis par le logiciel simpliste de la gauche des années marxistes, alors que lui serait plutôt dans l’Emmanuel Berl, la Terre ne ment pas, non revisité.

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commentaires

P
Touché " Vieille Canaille " A propos de la RVF je t'invite à te reporter à la page 139 ou un entrefilet fait état d'un passage de M.ONFRAY au Domaine DRAPPIER ( Champagne préféré de bibi et du Grand Charles ) Peux être que cela nous annonce de nouveaux articles comme autant de futures lices de discussion.
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P
Suite d'un commentaire parti trop vite.<br /> BERL c'est tout autre chose que cette phrase citée à tort et hors du contexte. Tu sais autant que moi ce que l'on peut faire dire dans ces conditions. Pour te rejoindre sur un terrain qui t'est cher c'est la même chose que d'amputer la phrase de M.ROCARD sur la misère du monde,comme le fait trop souvent la droite en oubliant la deuxième partie " mais elle doit en prendre sa part " et ce qui permet à Daniel Cohn Bendit de dire "suffit avec cette tricherie ce qui importe à présent c'est de s'occuper de cette part. " Emmanuel BERL c'est autre chose que cette phrase.Bernard MORLINO a commis une biographie de BERL qui vaut le détour. Puisqu'on parle de terre BERL a écrit , en 1975 un joli ouvrage intitulé "Regain au Pays d'Auge" ( Livre de Poche) qui chante le retour à la terre et aux petites exploitations bien avant tout ce qu'on connait aujourd'hui tel les circuits courts les consommer local etc. Et puis un homme qui fut le mari de MIREILLE qui l'appelait THEODORE ne peut être aussi mauvais que cette phrase voudrait nous le faire croire.<br /> Quant à ta tête de turc je te concède aisément qu'il se fourvoie en émettant autant de discours tout azimut ( telle une autre mouche du coche toute proportion gardée ? - lol !) Mais on peut dépasser le mot à mot et savoir que sa méfiance de la biodynamie vient du fait que pour lui elle est inspirée de Rudolf STEINER qui est une des idoles qu'il a pourfendu dans sa contre histoire de la philosophie. C'est un peu cours en effet . Ses raccourcis sont regrettables. Je pense qu'au lieu de persister à se défendre contre des attaques superficielles basées sur une connaissance plus que sommaires d l'homme et de son oeuvre il ferait mieux de s'abstenir et/ou préparer une riposte globale comme il l'a fait aux attaques dont son ouvrage sur Freud fut l'objet.<br /> Les communions ! Tu ne nous feras pas croire subtil Taulier que tu ne connais pas la différence. La communion dite "première" ou "privée" consiste à recevoir pour la première fois le sacrement de l'eucharistie alors que la " solennelle " consiste , devant la communauté ecclésiale, à renouveler et faire sien les voeux de baptême prononcés par les parrains et marraines à la naissance du bébé. Blagueur va !
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J
Pour ne rien vous cacher PAX mon appât Berl a bien fonctionné... je suis une canaille...
P
Salut Taulier ! Tu penses bien que ta chronique ne me laisse moins que jamais indifférent.<br /> Emmanuel BERL tout d'abord. Il a effectivement été le nègre de PETAIN alors président du Conseil.Contrairement à ce que la phrase sans cesse rappelée et qui le résume fort mal ce fût essentiellement un homme de gauche et surtout un pacifiste convaincu et résolu. Il a quitté Vichy en 1941. En tant que pacifiste il rejoint GIONO a qui on ne cesse également de reprocher des engagements pourtant des plus louables. Ber
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