Moi, le petit vendéen baptisé à l’église Saint-Jacques le majeur de la Mothe-Achard, confirmé dans le même édifice par Mgr Cazaux évêque de Luçon, éduqué par les petites sœurs de Mormaison et les très chers frères du bienheureux Louis Grignon de Montfort, enfant de chœur de première catégorie – celui qui portait le goupillon, la croix et encensoir – programmé pour entrer au séminaire, je vous en supplie à genoux sur un prie-Dieu paillé, courez, ruez-vous à l’instant même chez votre kiosquier ou votre marchand de journaux, pour acheter le dernier numéro de la RVF, le N° 596, de novembre.
S’il vous reste une once d’estime pour moi, engagez cette dépense car c’est un futur collector comme le missel que l’on m’avait offert pour ma communion solennelle (j’avais omis dans ma déclaration préalable mes 2 communions : la petite, dite je ne sais pourquoi, privée et la grande, la solennelle).
Ça commence fort par une montée en chaire du révérend-père Denis Saverot ayant revêtu la chasuble brodée d’or des fêtes carillonnées (nulle allusion à la célèbre cloche)…
« Le vin est tout sauf un produit neutre. Arpentez les vignes de Saumur ou de Kaysersberg en Alsace, les collines de Madiran, les coteaux de Saint-Émilion ou de Vosne-Romanée. Qu’y voit-on, bordant les vignes ? Des croix. Des dizaines, des centaines de croix de pierre jalonnent les vignes de France, encore soigneusement entretenues aujourd’hui. L’essor du vignoble a aussi été et demeure un marqueur chrétien. »
À la fois héritage chrétien et conquête populaire, le vin reste donc aux racines mêmes de notre civilisation. Celle de la subtilité des saveurs, du respect de la terre, d’un goût certain de la liberté aussi. Il est notre culture et, dans ce monde déchiré entre l’uniformisation générale, les replis communautaires et la montée des interdits, une grande part de notre avenir. »
Après avoir convoqué Mélenchon, Hollande, Sarkozy, Fabius, il en appelle au vin populaire qui fut « une conquête révolutionnaire, au même titre que le droit de chasser. Il a accompagné la Révolution française, les Communards en 1870 et la guerre de 14-18, lorsqu’on servait aux soldats des quarts de rouge au moment de sortir des tranchées. Comment d’ailleurs ne pas noter que la baisse de la consommation de vin en France (100 litres par an et par habitant en 1960, moins de 50 litres aujourd’hui) a mécaniquement, fidèlement, accompagné le déclin du parti communiste français ? »
De la petite bière que tout ça, tel un prédicateur exalté mais débordé, le Denis a convoqué le Michel Onfray qui est au coeur d'une « polémique sur l'identité française » sic afin qu’il nous fasse une piqure de rappel, en remontant nos bretelles de mécréants, oui couvrons-nous la tête de cendres, repentons-nous car le vin tire sa liberté des racines judéo-chrétiennes de la France.
N’étant point abonné, une gorge profonde m’a communiqué l’intégralité de cette interview qui fera date dans les chais et dans toutes les églises de France.
Deux grands moments hormis la citation titre :
- Saint Michel l’archange du bocage normand pourfend les biodynamistes.
« De la même manière que certains chrétiens prennent des libertés avec l’enfer et le purgatoire, certains marxistes avec la lutte des classes et la dictature du prolétariat, certains producteurs qui se disent bio-dynamiques ou bio ignorent paradoxalement ce qu’est vraiment la doctrine qui inspire leur pratique. Certains n’ont jamais lu une ligne de l’anthroposophe Steiner qui théorise la biodynamie, soit ne pratique ni le vortex, ni la corne de bouse… Difficile dès lors d’avoir un débat. Je juge pour ma part à ce qui se trouve dans un verre. Arrêter la chimie suffit à produire de bons effets. Nul besoin de prétendre que les bons effets sont induits par ce qui s’ajoute une fois qu’on a renoncé à la chimie. »
- Pourquoi le Michel l’a pas fait le vigneron ?
Non, non, son père « n’était pas agriculteur, mais ouvrier agricole, ce qui change tout. Agriculteur, il aurait été propriétaire des biens matériels : une terre, des champs, des bois, une ferme, des animaux… J’y aurais alors été attaché. Mais ouvrier agricole, il ne possédait que sa force de travail et nous ne vivions pas dans une ferme avec les animaux de la basse-cour, des vaches ou des chevaux, mais dans une petite maison d’un étage qui faisait deux fois dix-sept mètres carrés. Je n’ai donc pas eu à me poser la question d’hériter, et je n’ai jamais eu envie d’être ouvrier agricole comme mon père. Quand à devenir viticulteur, ça supposait un investissement, donc de l’argent, des cautions, ce qui était impensable pour ma famille. Et puis mes parents avaient effectué le partage des rôles avec mon frère : il était manuel, ce qui était connoté positivement, j’étais l’intellectuel, plutôt une tare. Je n’ai donc pas eu de mal à vouloir ce que l’on déplorait pour moi. »
Merci Michel pour ces deux grands moments et tous les autres à découvrir dans l’apostolique et romaine RVF.
Amen.
Grand merci aussi au RP Denis de contribuer à faire avancer le débat dans le monde du vin et auprès de ceux qui le boivent…
NDLR : eu égard à mon lourd passé, certes non-marxiste, je ne me suis pas senti qualifier les saintes paroles de Michel Onfray qui aime tant les paysans honnis par le logiciel simpliste de la gauche des années marxistes, alors que lui serait plutôt dans l’Emmanuel Berl, la Terre ne ment pas, non revisité.