Concomitamment, de façon concomitante, en concomitance donc, la Margarine en revenu en force dans mon univers.
Prononcer son nom au Bourg-Pailler, patrie du beurre salé baraté par la tantine Valentine, c’était blasphémer.
Bien plus tard, se poser la question : beurre ou margarine à propos du Dernier Tango à Paris relevait de la bonne provocation post-68 hard, de veine coluchienne.
La margarine c’est la faute à Badinguet.
« Elle fut mise au point en France en 1869, à la suite d’un concours lancé par Napoléon III pour la recherche d’un « corps gras semblable au beurre, mais de prix inférieur, apte à se conserver longtemps sans s'altérer en gardant sa valeur nutritive » propre à suppléer au beurre qui, à cette époque, était cher, rare et se conservait mal. Le pharmacien français Mège-Mouriès réalisa une émulsion blanche résultant de graisse de bœuf fractionnée, de lait et d’eau, baptisée « margarine » (à partir du grec margaron : « blanc de perle » et du nom polyalcool-glycérine). Le brevet est déposé en 1872 et la commercialisation de la margarine va alors se développer. »
« L'oléo-margarine est un beurre artificiel produit par la graisse ou suif de bœuf broyé, puis chauffé. Ce résidu solide, coloré, baratté avec du lait constitue l'oléo-margarine : on a donné à ce produit les noms de simili-beurre, beurrine, oléo-normand, etc., pour dérouter le public. Avec les nouvelles manières d'opérer, le public est absolument lésé, car on emploie des suifs vieux et de mauvaise qualité et on y ajoute des huiles dangereuses. […] Il conviendrait dans ces conditions de protéger à la fois et l'agriculteur et le consommateur en employant un colorant qui permettrait à tous de distinguer la margarine du beurre, mais les marchands en gros redoutent ce procédé qui restreindrait la fraude pratiquée sur les beurres. Le bon beurre étant indispensable à la bonne cuisine, il faut se mettre en garde autant que possible contre les falsifications. »
Catherine de Bonnechère, La Cuisine du siècle, Coulommiers, Chez l'auteur, 1895.
Exposé des faits :
- J’achète dimanche Margarine à l’Écume des pages
« Margarine ! Quel nom pour une fille, penses-tu ? Tu vas comprendre : nous sommes six cent cinquante troufions ici. Et il n’y a qu’une seule femme. Tous les soirs, nous touchons notre ration de pain et trente grammes de margo. C’est avec trois rations de margo qu’elle se fait payer. Mais comme nous sommes nombreux, elle prend d’avance les rations et donne en échange un papier signé de sa main qui indique le jour et l’heure pour la « chose », tu me comprends ! C’est pour ça qu’on la nomme « Margarine »
Pierre Giolitto « Volontaires français sous l’uniforme allemand »
Cité en exergue du roman de Guillaume Lemiale « margarine » éditions du sonneur
2- JP Géné dans LE MONDE du 05.11.2015 publie La margarine, un pur produit d’usine
« Voici l’exemple parfait de ce que peuvent engendrer les multinationales de l’agroalimentaire avec le soutien sans faille du marketing, de la pub et de la grande distribution. Rien que des huiles et des additifs, le tout bien emballé et bon marché. Pas un poil de produit frais à l’intérieur, et pas question d’en trouver en circuit court ou chez le paysan du coin (sauf dans son frigo s’il a été lui-même contaminé). Vous l’avez reconnue, c’est la margarine, l’ersatz du beurre, celui du pauvre dont le leader mondial s’appelle Unilever, qui vient de financer le premier magazine du même nom en collaboration avec Menu Fretin : Margarine, le corps gras qui ne compte pas pour du beurre.
En effet sur le marché des corps gras solides, soumis en permanence aux alertes hygiénistes, la margarine connaît une nouvelle jeunesse et soutient la concurrence avec l’original. En 2012 (selon Agrimer), la France a produit 410 000 tonnes de beurre et reste leader mondial avec une consommation annuelle de 8 kg/habitant. Mais, depuis trente ans, les ventes baissent régulièrement face à la concurrence des huiles végétales et de la margarine. En 2012, la production française de margarine a atteint 93 000 tonnes pour des ventes estimées à 471 millions d’euros et une consommation annuelle de 2,66 kg par habitant. »
Lire aussi Beurre 1, margarine 0 : les dessous d'une défaite de l'industrie agro-alimentaire après une guerre de 20 ans signé Périco Légasse - Patrick Tounian
Pourquoi un tel revirement dans sa stratégie ?
Périco Légasse : Unilever, qui est tout de même le quatrième groupe alimentaire mondial, obéit à une stratégie commerciale évidente, habillée d'un souci de plaire au consommateur. Mais dans la réalité les consommateurs se trouvent très méfiants vis-à-vis de l'huile de palme, et plus globalement des huiles hydrogénées, notamment en France. Un "amendement Nutella" a d'ailleurs été voté par le Parlement, puis retoqué par la ministre de la santé Marisol Touraine, au prétexte que la question devait être abordée plus sérieusement dans une prochaine loi. On sait que les produits à base d'huile de palme sont mauvais pour le système cardiovasculaire et sont générateurs d'obésité, mais ils sont très juteux pour les entreprises agroalimentaires.
Il faut aussi noter que les prix des produits laitiers connaissent une baisse conséquente, qui les rend compétitifs par rapport aux graisses végétales. Le revirement d'Unilever participe donc d'une stratégie purement économique, préparée depuis longtemps. Le discours consistant à dire que le groupe opère une révolution culturelle en "réhabilitant" le beurre n'est que communication et publicité.
Patrick Tounian : Dans les régions françaises, que ce soit en Normandie ou en Bretagne, le beurre est un élément clé de la gastronomie. Lorsqu'on a parlé des problèmes cardiovasculaires présentés par la matière grasse saturée du beurre, la margarine est arrivée en masse. Les derniers travaux sérieux montrent que si un revirement scientifique s'opère actuellement, c'est parce que les graisses saturées ne sont pas sis mauvaises que cela. On a trop fui les graisses saturées, et trop privilégié les graisses polyinsaturées. L'excès est toujours nocif, et un excès de margarine est aussi nocif qu'un excès de beurre. Le haro sur le beurre, en définitive, était moins justifié qu'on ne le pensait. D'autant que ce dernier présente un net avantage en termes de goût.
Je n’ai jamais mangé de margarine…
Selon Maria Schneider décédée le 3 février 2011 à 58 ans ni Brando ni le metteur en scène ne l’avait prévenue de l’usage du beurre – destiné à faciliter une scène de sodomie qui l’a traumatisée. «Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies», a-t-elle déclaré à plusieurs reprises. «J’étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd’hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m’a déboussolée», confiait-elle dix ans plus tard. Elle avouait alors avoir «perdu sept ans de (sa) vie» entre cocaïne, héroïne et dégoût de soi.
Bernardo Bertolucci a affirmé qu’il aurait «voulu demander pardon» à Maria Schneider. «Sa mort est arrivée trop tôt. Avant que je ne puisse l’embrasser tendrement, lui dire que je me sentais liée à elle comme au premier jour, et, au moins pour une fois, lui demander pardon», a déclaré le réalisateur à l’agence italienne Ansa.
«Maria m’accusait d’avoir volé sa jeunesse et aujourd’hui seulement je me demande si ce n’était pas en partie vrai. En réalité, elle était trop jeune pour pouvoir soutenir l’impact qu’a eu le succès imprévisible et brutal du film. Marlon s’était réfugié dans sa vie privée impénétrable et tout le poids de la promotion du film est retombé sur Maria et moi», a-t-il ajouté.