Comme j’ai du mal avec mes mots j’ai convoqué ceux de Baudelaire.
Ma tristesse infinie, cette tristesse plus que personnelle que j’appelle «le Grand Deuil», elle est fichée en moi, souvenir de ma petite enfance passée entourée de ma grand-mère Marie et de sa sœur la tante Valentine toujours vêtue et résillée de noir. Bien plus tard, mon vieil ami, Jacques Geliot, portant le deuil éternel d’un fils trop disparu, portait chaque jour sur sa chemise blanche une cravate noire.
Nos morts, nos blessés, nos estropiés…leur famille, leurs proches, leurs amis…s’incliner… porter le crêpe à la boutonnière… signe muet d’un deuil éternel… inextinguible… et puis marcher dans la rue… s’asseoir à une terrasse… entrer dans une salle de concert… vivre… rire… boire...chanter… danser… aimer…
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Convoquer Baudelaire :
La rue assourdissante autour de moi hurlait
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet…
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! — Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire Fleurs du mal
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