En cette période nous n’avons guère d’occasions de rire alors je ne résiste pas au plaisir de vous relater une minable partie de baston, une guignolade à la hauteur des deux cabotins dont je vous invite à découvrir les patronymes ci-dessous.
1er acte : Thierry Dessauve annonce «Le Grand Tasting aura lieu, pourquoi ?»
« Cela a été dit par beaucoup et à de nombreuses reprises : nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre contre un ennemi qui veut non seulement détruire notre pays, notre peuple dans toute sa diversité, mais aussi et surtout nos valeurs. Parmi elles, et certainement au cœur d’entre elles, il y a l’art de vivre, cet art si français et si multiple d’associer de manière instinctive une ribambelle de petits bonheurs – et même un chapelet de râleries, de jurons et de conversations enflammées qui font partie de ce jeu – pour en faire une façon de vivre. Dans cet art de vivre, le vin tient une place centrale, et pas seulement celle qu’il occupait sur les tables des bistrots qu’ont mitraillé ces lâches vendredi soir. Qu’il soit une passion, un symbole ou un simple plaisir de la vie, le vin fait si intimement partie de notre civilisation que nous ne saurions céder un pouce de terrain face aux forces de l’ignorance, du néant et de la barbarie. Beaucoup se sont émus de la tenue au Carrousel du Louvre, les 4 et 5 décembre prochains, de la dixième édition du Grand Tasting. Notre ferme volonté est non seulement d’en maintenir l’édition, mais aussi d’en affirmer avec l’ensemble des producteurs et des amoureux du vin présents les principes d’hédonisme, de fraternité et d’universalité. Sauf injonction spécifique des pouvoirs publics, mais en suivant à coup sûr des consignes de sécurité que nous vous communiquerons dans les prochains jours, Le Grand Tasting 2015 se déroulera et célèbrera cette idée si particulière et si essentielle qu’Hemingway avait résumé en une phrase : "Paris est une fête". »
2e acte : le gros canon avec un petit fut tonne contre le « pinard lucratif »
« Certes, mais une année sans Grand Tasting » constituerait une pause pour ceux qui dégustent le vin en tant que boisson sensorielle et culturelle, et pas comme un facteur médiatique de profits financiers. Je pense que cette obsession du reclassement, du sous classement, du déclassement, du surclassement dans le seul but de transformer une bouteille de vin en valeur marchande est totalement contraire aux valeurs de la viticulture à visage humain. Ce ne sont plus des grains que l’on met dans une cuve mais des grappes que l’on cote en bourse. Celle du grand marché bachique bon genre mondialisé. À quand un guide Minc-Attali du pinard lucratif pour savoir si château-mouton-de-panurge est arrivé devant le clos wall-street. »
3e acte : le 3ième couteau de la maison Roux&Combaluzier se mue en économiste de salon
« Eh ben, mon pépère, t’en connais des vignerons qui donnent leur vin, toi ? Pas moi. Et puis, je trouve cette ligne dégueulasse pour ces mêmes vignerons « à visage humain » qui se battent comme des lions sur tous les marchés pour écouler leur production au meilleur prix possible, ce que tu appelles, avec tout le mépris qui caractérise généralement tes interventions, le « grand marché bachique bon genre mondialisé ». Et moi, Légasse, je te dis que ces vignerons, s’ils peuvent obtenir un ou deux euros de plus par bouteille, ça change la gueule de leur compte d’exploitation et que c’est de ça qu’il est question. Tes errements psychotiques et tes blagues pourries sont une insulte à ce monde du travail qui t’es, à l’évidence, parfaitement étranger. Ne te mêle pas du fonctionnement d’entreprises auxquelles tu n’entends rien et, rassure-toi, personne ne songe à t’engager comme consultant. »
4e acte : vu de mon point-de-vue
- Que la maison B&D maintienne son Grand Tasting ne souffre d’aucune contestation.
- Que le débat sur l’utilité de ce genre de manifestation méritait mieux que la caricature qui nous est offerte par un juge qui n’instruit qu’à charge dans un vocabulaire confus et un défenseur qui manie une ironie à la hauteur de son petit calibre.
- Que l’affirmation de l’économiste de salon selon laquelle les vignerons qui viennent au Grand Tasting le font pour « obtenir un ou deux euros de plus par bouteille » et que « ça change la gueule de leur compte d’exploitation et que c’est de ça qu’il est question. » devrait faire rire jaune, sous le manteau, beaucoup d’exposants qui sont là pour d’autres motifs que celui-ci et qui se posent, toujours dans le silence de leur for intérieur, la question « j’y va-t-y, j’y va-t-y pas… »
- Je vous invite à consulter la liste des exposants pour cibler les « vignerons à visage humain » et les autres.
- Je pose la question : combien d’entreprises ou de « vignerons à visage humain » participant au Grand Tasting seraient prêt à engager l’économiste de salon comme consultant pour améliorer leur compte d’exploitation ?
- Je pose une autre question à la maison B&D : combien pèse le Grand Tasting dans leur compte d’exploitation ?
- Enfin, j’ai beaucoup de doute sur la qualité du retour sur investissement pour les exposants de ce genre de manifestation qui, tout compte fait, ne rassemble qu’une toute petite poignée d’amateurs et ne participe que pour très peu au recrutement de nouveaux consommateurs.
- Je ne m’y rends plus car je n’ai rien à y faire, en dehors de serrer quelques paluches, et je comprends parfaitement que ça ne trouble en rien la sérénité du couple B&D. Les affaires sont les affaires et chacun est libre d’aller ou de ne pas aller, moyennant un droit d’entrée, au Grand Tasting.
- Comme mon devoir c'est d'informer je vous signale que pour ses 10 ans, le Grand Tasting lance le Prix de l'innovation du vin pour récompenser tous ceux qui ont apporté leurs idées afin de faire évoluer le vin, sa culture et son commerce. J'ai hâte de découvrir l'heureux lauréat...
Les postillons de Périco Légasse
Et si vous voulez vous marrer grave lisez ce monument de flagornerie cire-pompes du roi de la retape : Et vous, au Grand Tasting, vous faites quoi ?