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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 08:00
 CHAP.15 opération Chartrons, « 1 dîner de gens de droite abonnés à Figaro Magazine, à l’île de Ré, cela m’étonnerait qu’on m’y trouve » Fabrice Luchini

Je le confesse, j’ai toujours aimé le confessionnal, sa pénombre, l’odeur fade, être à genoux en attendant que le curé fasse coulisser le petit volet de séparation, il bossait en duo, à la chaîne notre curé-doyen, débiter le je confesse à Dieu, attendre avec gourmandise la question rituelle sur le plaisir seul ou avec d’autres, mentir alors que j’étais là pour laver mon linge sale de péchés véniels et mortels, bref il faudra qu’un jour je m’offre un petit tour à confesse, donc je le confesse sans honte autant le Onfray me gonfle, autant le Fabrice Luchini me réjouis le cœur. C’est un saltimbanque, de ceux, qu’au temps de Molière, auxquels on refusait les derniers sacrements et qu’on enterrait la nuit.

 

Lui, le gamin du XVIIIe, qui vient faire le garçon-coiffeur avenue Montaigne, lorsqu’il affirme que « la certitude de classe m’est insupportable » je le crois. En plus, il est drôle, ce qui n’est pas le cas de l’hédoniste constipé du bocage normand.

 

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« Il y avait la gauche et la droite. La droite incarnée par le renouveau, le projet, l’ambition culturelle, le côté joyeux, l’espoir. Je suis très œcuménique, je prends tous les défauts pour la droite et toutes les qualités pour la gauche. Je pense que la mesquinerie, l’anxiété, la méfiance sont plutôt des réflexes de droite. Je sais que les choses sont plus nuancées que cela, mais je provoque. Cohn-Bendit étaient plutôt les premiers coiffeurs, les riches, ceux qui gagnaient beaucoup d’argent, mais qui pensaient à la Révolution merveilleuse. Ceux qui défendaient De Gaulle étaient les shampouineurs, ceux qui dépendaient du pourboire, les manucures, les pédicures. J’avais devant moi une lutte de classes. J’avais toutes les valeurs de la gauche, l’invention, l’espoir, la générosité et toutes les valeurs de la rétraction, ce qu’on appelle parfois les valeurs de la réaction. Maintenant, j’opte beaucoup plus pour le camp de la réaction. »

 

Il a changé le Fabrice.

 

« Oui, en 1968, j’y ai cru, j’allais vendre Lutte Ouvrière, j’ai été vaguement trotskiste, je n’ai pas très bien compris ce que voulait dire Léon et j’ai préféré lire Céline, mais en gros j’avais l’impression que 1968 allait balayer le passé, que le réel allait être vitalisé, qu’on allait en finir avec l’aliénation, j’adhérais à toutes les critiques d’Herbert Marcuse et Marx. J’étais persuadé qu’une chose nouvelle allait surgir. J’ai été militant quatre mois, j’ai dû aller débats marxistes auxquels participaient Daniel Bensaïd et Hugo Blanco l’Argentin, un marxiste révolutionnaire de 80 ans aujourd’hui. Après j’ai complètement quitté cette idée de progrès, de catéchisme. Comme dirait Céline : alors tous en bicyclette et pas de fausse note. En Pologne, lorsque j’ai joué j’étais devant les membres du parti communiste qui avaient des salles pour leurs films porno pendant que le peuple était dans la misère. C’est un catéchisme auquel je ne crois absolument plus. J’éprouve même une répulsion pour tout ce qui est progrès. Si Mélenchon passe, il n’y a pas d’histoire, je me barre, si Marine passe aussi. Je l’aime bien Mélenchon, nous avons dîné deux ou trois fois ensemble, mais je n’aime pas sa passion de l’égalitarisme. Tout mon parcours dit le contraire. »

 

Il dîne Fabrice.

 

« J’ai dîné cette semaine avec Emmanuel Macron, jusqu’à une heure du matin. « Je ne suis pas un industriel, me dit-il, je suis venu pour parler de Molière. » j’étais heureusement surpris, ce couple est divin, cela fait du bien de constater qu’un homme politique peut répondre à une réplique de Molière, à ton souci sur Rimbaud, qu’il a une connaissance et une admiration pour Flaubert. Cela fait du bien, Emmanuel Macron m’a impressionné. »

 

Et les clientes du salon !

 

« Je les séduisais, je regardais leur poitrine et cela me rendait hystérique de désir. J’ai quand même passé quatre ans à pratiquer la masturbation dans des proportions inquiétantes. Je n’avais que 9,8 de tension. Le toubib du coin avait dit « Vous voyez, ce sont les cadences infernales de la bourgeoisie. » toutes les coiffeuses se déshabillaient dans le vestiaire, elles avaient de petits soutiens-gorge merveilleux, elles mettaient en avant leurs petites pommes. Je passais les épingles pendant que Marlène Jobert se faisait faire le maillot avec l’épilation à la cire. Je voyais Sylvie Vartan en peignoir. Marlène Jobert en petite culotte. Tout ça me rendait dingue. Le toubib m’a dit qu’il fallait faire un procès au patron. On m’a donc mis dans un petit endroit où pendant un mois j’étais éloigné des soutiens-gorge, mais, à cette époque-là, j’ouvrais Jours de France et il y avait des pubs pour les soutifs. C’était trop. »

 

Mon rêve : comme il y a maintenant des journées sans « voiture », « tabac », une journée sans Onfray m’irait bien…

 

Je plaisante même si je n’ai guère le cœur à plaisanter avec le spectacle que nous donne certains politiques de ce pays qui me semble de plus en plus déboussolé, sans repère, frileux, comme tétanisée.

 

J’ai honte car ils n’ont pas de honte.

 

Piètre spectacle que celui de la droite française, dans la crise des migrants.

 

Maurice Szafran note avec pertinence que c’est « Comme si notre pays, dans l'esprit de ses chefs politiques, était à jamais sorti de la grande Histoire pour se racornir chaque jour davantage. Et à cet égard la gauche ne vaut guère mieux que la droite. »

 

Je suis atterré.

 

Mais où est passée la droite républicaine, humaniste, libérale, au sens de Tocqueville ?

 

Bien sûr Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon et sans doute des sans-grades se sont exprimés en réaffirmant que « la France doit accueillir des réfugiés, qu'il est indispensable de mettre au point une politique nationale d'accueil ».

 

Causez toujours les bonnes âmes, l’heure n’est pas à l’humanité la plus basique mais à courir derrière Marine Le Pen, s’afficher plus anti-immigrés, plus xénophobe et plus replié sur nous-même que jamais est très tendance. La pêche aux voix est ouverte.

 

Le pompon dans ce concert minable doit être attribué sans contestation à Baroin.

 

À juste raison Maurice Szafran parle de « débandade éthique »

 

« Paradoxalement, François Baroin, sénateur-maire LR de Troyes, récent président de l'Association des Maires de France, la toute-puissante AMF, a donné le premier signal de cette débandade éthique en précisant d'emblée que sa ville restera fermée, close, aux migrants: « Tous nos centres d'accueil des demandeurs d'asile (CADA) sont remplis, nous sommes sursaturés. On ne peut pas avoir des Calais partout en France »! Des mots technocratiques, glaçants, sans chair ni âme, les remarques d'une comptable riquiqui de la politique incapable de prendre la mesure historique du drame. Baroin, le gaulliste! Baroin, le fils préféré de Chirac! Baroin, l'incarnation de la droite ouverte et modérée! Baroin rétréci et rabougri. Les réactionnaires et les ringards de LR n'allaient évidemment pas manquer cet d'occasion pour se laisser aller à toute une série de provocations et, parfois, de délire. »

 

Dans la même tonalité rabougrie, l’assureur Xavier Bertrand donne toute sa mesure : « Ma ville n'accueillera pas de nouveaux réfugiés. Je ne sais pas les accueillir, je ne sais pas les former, je ne sais pas les intégrer, je ne sais pas leur donner un emploi. Vous ne pouvez régler un problème avec des bons sentiments. Je demande un blocus au marge des côtes libyennes pour empêcher tous ces malheureux de partir et de mourir. Je refuse d'y voir un manque de générosité »

 

Pour ne pas être en reste le chef court derrière sa troupe de pleutres avec une position de compromis calamiteuse « Je souhaite qu'on soit généreux avec les Syriens et ferme avec les émigrés économiques. Il fait des contrôles drastiques aux frontières de l'Europe. Et créer des centres de rétention des réfugiés politiques dans les pays sources, en Afrique du Nord, en Serbie, en Bulgarie. Bref, trouver une réponse équilibrée ».

 

Dans une interpellation faussement naïve à la droite Mgr Di Falco, l'évêque de Gap, pas particulièrement un progressiste, pose le doigt sur la plaie, là où ça lui fait mal à cette droite égoïste : « Mais qu'est donc devenue la Manif pour tous? Si elle est pour tous, elle est également pour les migrants ».

 

J’avoue que j’espérais sur ce sujet l’esquisse d’une forme d’Union Nationale hormis bien sûr les xénophobes avoués ou masqués. François Fillon qui se souvient que son mentor était gaulliste plaide pour « la grandeur de la France » Atterré François Grosdidier, sénateur (LR) de la Moselle, prévient « Veillons à ce que la barbarie ne gagne pas la France, non pas par la migration comme le redoutent certains, mais par notre propre régression intellectuelle, morale et politique »

 

Reste les boutefeux, les va-t’en en guerre, avec à leur tête Bruno Le Maire qui double sur sa droite le petit Nicolas. Pour lui, et d’autres, il de prendre le problème par l'autre bout, en faisant intervenir des troupes terrestres pour éliminer Daesh en Syrie et en Irak. Il considère que l'éradication de cette organisation ferait disparaitre les causes de l'exil de ces millions de réfugiés dont l'écrasante majorité - 99,4%, selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU - est installée dans les pays limitrophes de ceux qui sont en guerre.

 

Ce n’est pas faux. Charles de Gaulle expliquait dans Mémoires de guerre à propos de son départ pour l'armée du Levant en 1929 : « Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. » Il ajoutait : « Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être. » Depuis 85 ans, les choses ont-elles vraiment changé ? De ce point de vue, pas vraiment ! Alors de grâce, cessez vos coups de menton messieurs, expliquez-nous clairement comment notre pays peut s’engager dans une guerre terrestre ? Je suis preneur.

 

Reste à écouter Onfray qui bien sûr un avis tranché sur cette question.

 

Depuis plus d'un an, la coalition internationale intervient, mais Daesh continue à agrandir son territoire, principalement en Syrie. La France ne doit pas bombarder, dites-vous. Alors, que faire pour freiner l'avancée des djihadistes ?

 

  • Moi, je serais pour qu'on se désengage absolument de tous les conflits planétaires dans lesquels on s'en va bombarder des populations musulmanes.

Quitte à laisser avancer les islamistes ?

 

  • Mais, c'est leur problème ! Pourquoi on aurait le droit d'intervenir au Mali mais pas le droit d'intervenir à Cuba, le devoir d'intervenir en Libye mais pas en Corée du Nord... ? Qu'est-ce qui fait qu'on a des indignations sélectives ? On ne peut pas aller faire le gendarme sur la planète entière ! Donc on a des indignations sélectives parce qu'il faut penser en termes de géologie, de stratégie, de sous-sol. Faites une carte géologique et vous verrez que ce sont les endroits géostratégiques où ont lieu les guerres. Parce que là où il y a du pétrole, il y a toujours des militaires.

Une majorité de Français, si l'on en croit les sondages, ne voit pas d'un bon œil les arrivées de migrants. En Allemagne, on voit les gens accueillir les trains de réfugiés dans les gares, avec sourires et applaudissements. Comment expliquer la différence d'accueil ?

 

  • Je pense qu’il faut faire l’histoire. L’France, c’est le pays du nazisme.

Oui, mais, est-ce qu’on n’a pas une dette morale aussi en France ?

 

  • Ce n’est pas exactement la même chose… Je pense que c’est difficile d’être allemand quand on hérite de ce qu’a été le nazisme, parce que le nazisme, ce n’est pas seulement Adolf Hitler, c’est tout un peuple qui a fait confiance à cet homme. Donc, forcément, ça crée ensuite un pays particulier. C’est un grand peuple qui a le sens de l’ordre, au bon sens du terme, qui a le sens de la communauté, qui a aujourd’hui une tradition d’accueil qui s’est constituée et qu’il n’y a pas en France. Parce que la France ne s’aime pas, parce qu’on se déteste, qu’on est dans la haine de soi… On est en train de vivre, nous en France, une espèce d’effondrement de l’histoire de France avec des hommes politiques qui ne nous aident pas à faire que l’histoire de France se poursuive dans de belles lumières.
  •  

Selon vous, la réponse est politique en France face aux réfugiés. Au FN, le choix est clair, Marine Le Pen dit : « Nous ne devons pas accueillir de clandestins supplémentaires. » À droite, à gauche, on hésite…

 

  • Il faudrait déjà s’entendre sur cette idée de migrants, d’émigrants, d’immigrés. Vous avez vu qu’on n’utilise plus le mot immigrés, on ne parle plus d’immigration, on parle de migration, et puis maintenant on parle de réfugiés. De toute façon, en France, c’est interdit de penser cette question-là… Il faudrait déjà commencer par penser cette question des immigrations. Quand on dit : oui, mais, regardez, on a accueilli les Polonais, les Espagnols, les Portugais… Oui, mais c’était dans un même espace qu’était l’espace judéo-chrétien !

Mais, quand les boat people fuyaient le Vietnam, personne ne se demandait s’il fallait les accueillir ! Est-ce que vous ne pensez pas que les réticences d’une partie des Français sont dues à l’origine de ces migrants ? Parce qu’ils sont arabes, on les craint davantage ?

 

  • D'abord, il y a une méconnaissance des raisons qui font que ces gens arrivent chez nous. Parce qu'on vit dans une espèce de matraquage médiatique et politique qui nous explique que les guerres que nous faisons sont des guerres contre le terrorisme, donc, évidemment, on est pour ces guerres ! Il faudrait juste une explication, faire de la philosophie politique, et les Français sont assez capables de comprendre ça. Il faut leur expliquer d'où ça vient, comment ça fonctionne quand des gens arrivent ici ! Et on arrête de faire ces guerres à des populations qui ne nous ont rien fait, on arrête d'investir des milliards dans les budgets de l'armement... On n'a pas d'argent pour augmenter le smic, mais on en a toujours pour faire une guerre supplémentaire !

Onfray Président !

 

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commentaires

P
Dans le monde de ce jour ( dimanche/lundi ) : tribune de Michel ONFRAY sur le fait qu'il roulerait du F.N avec d'autre avis non dénués d'intérêts. Dont Eric NAULEAU rappelant à Viktor ORBAN combien accueillante fut l'Europe pour ses compatriotes au moment du relâchement du rideau de fer. Le jeune Nauleau(1961) ne peut se souvenir des Hongrois fuyant leur pays en 1956 lors de la reprise en main du pays par l'URSS . J'y étais avec mon popa, aider la croix rouge, le dimanche matin, en gare de Strasbourg. Une ,hélas banalité, " autres temps - autres moeurs."<br /> P.S Dans ses propos et sa rhétorique, il y a chez M.O plus de la logique radicale de Spinoza que des thèmes cher à Nietzsche qu'il affectionne par ailleurs. J'aime.
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