Se rendre depuis Paris en Suisse Romande c’est facile, y’a même un TGV Lyria qui pousse des pointes à 300 km devant de braves charolaises qui n’ont même plus le temps de voir le train passer. Bien sûr il est bien loin le temps du wagon-restaurant avec service en gants blancs où Pierre Jancou trempait son croissant dans son chocolat fumant.
Bon il faut s’habituer à compter en septante [70], octante [80] et nonante [90]. Quelques cantons de Suisse utilisent huitante au lieu d’octante. Et puis, eux ils ont toujours leur franc, nous devrions, comme au temps de l’Édit de Nantes, y expédier tous nos souverainistes, Jacques Sapir en tête lui qui bécote la fille Le Pen.
Mais y’a aussi des vignes chez nos voisins suisses, des belles en terrasses, classée par l’UNESCO, et même des naturistes, oui, oui, donc même en escapade vous voyez bien que le vin me tient.
Pour preuve : un bel exemple d’échange épistolaire, la correspondance ça se perd, c’est bien dommage…
Le 28 août,
Cher Gilles Wannaz, (pour l'entendre c'est ICI)
Ce n’est pas par hasard que nous sommes passés devant chez vous l’après-midi du 15 août, l’un de vos vins avait séduit les jeunes gens qui nous y ont conduits. Nous pensions ne point vous trouver mais nous nous sommes pourtant arrêté et, bien nous en a pris car nous avons été accueilli par une charmante jeune femme avec chaleur et courtoisie. Elle nous a même ouvert une bouteille de Dézaley Grand Cru 2012 pour que nous goûtions.
Et puis vous êtes arrivé. Notre commune réserve naturelle aidant nous avons peu échangé mais de bonnes ondes ont été, elles, échangées. Pour ma part je suis peu bavard, c’est ma plume qui l’est. Il me faut ajouter que le lieu où vous vivez, où vous cultivez vos vignes, où vous élaborez vos vins, est splendide et que j’étais tout empli de ce que l’on coutume d’appeler l’esprit du lieu.
Et nous sommes reparti lestés de précieux flacons.
Et puis, ô surprise quelques jours ayant passés vous m’avez écrit via mon petit espace de liberté :
« Bonjour,
Ravi d'avoir croisé votre regard moi qui croise vos mots depuis des hectares...
Qu'entendez-vous par traitement de la vigne?
Comme toute porte qui s'ouvre s'offrant à un nouvel univers, la biodynamie ouvre à la réponse. Au plaisir de vous relire et au regret de ne vous avoir reconnu… mais l'écureuil a retrouvé une jolie noisette qui fait du bien.
Merci.
Gilles
Ça fait toujours plaisir de recevoir ce genre de message.
Le seul point qui m’intrigue c’est votre question à propos du traitement de la vigne.
Je pourrais vous répondre, à la manière de Pierre Dac dans le sketch cultissime avec Francis Blanche, que je n’entends rien par là mais ce serait céder à la facilité et je me dois d’être plus explicite.
Le terme traitement ne fait pas vraiment parti de mon vocabulaire pour ce qui concerne mon corps, disons, qu’autant que faire ce peu, j’en prends soin en m’alimentant sainement et en baguenaudant sur mon vélo. Ma pharmacopée personnelle se réduit à l’aspirine, je n’avale rien d’autre. Alors pour ce qui concerne le végétal comme l’animal je suis très attentif aux formes de soins que le vigneron, dans votre cas, ou l’éleveur, procure à sa vigne ou à son cheptel.
Pour faire simple je m’en remets à ce qui est naturel et non intrusif. Le respect de l’intégrité de son terroir et l’authenticité du vin exigent cette philosophie.
Je ne sais si ma réponse vous satisfera mais mon peu de goût pour la technique, et mon absence de savoir-faire, font que je ne peux guère aller au-delà de ce que je peux expliciter.
Comme nous n’avons fait que croiser nos regards il m’est à ce stade difficile de prétendre dire à mes lecteurs qui vous êtes. Alors, je m’en tiendrai, en attendant de mieux vous connaître lors d’une prochaine visite, à une citation.
« Gilles Wannaz est un explorateur qui aime repousser les frontières du possible.
À la tête d’un domaine cultivé en biodynamie, le vigneron vaudois multiplie les expériences pour sortir des sentiers battus. Le chasselas qui recouvre 60% de ses 4,5 hectares de vignes, est son sujet de prédilection. « Ce cépage est le bonheur et le drame de notre région estime-t-il. Dans une monoculture, il y a le risque que tout le monde fasse la même chose. Pour l’éviter je me suis lancé dans un processus de redécouverte du chasselas. »
Sa quête, qui s’appuie sur l’utilisation exclusive des levures indigènes pour la fermentation du raisin connaît plusieurs déclinaisons : un chasselas classique, un chasselas primeur pétillant et deux vins doux issus de techniques de vinification différentes : des « vendanges tardives et un « vin de plafond », jolie expression qui définit le séchage du raisin sur des fils suspendus sur le modèle du vin de paille du Jura ou des « vino santo » ou « passito » italiens. »
Voilà, cher vigneron, ce que je puis écrire pour aujourd’hui car je n’ai pas pris le temps d’ouvrir les flacons car au mois d’août Paris est vidé de mes amis et le vin ça ne se boit pas ça se partage.
À la revoyure, bonne vendange, bonne vinification naturelle, et avec mon meilleur souvenir et à bientôt j’espère.
Jacques
PS : pour les qui veulent tout savoir
- Article de David Moginier 24 heures
- Origine du nom Lavaux
« On dit Lavaux sans article et non « le » Lavaux, que l'on parle « de » Lavaux et non « du » Lavaux, de même que l'on dira « en » Lavaux et non « dans le » Lavaux. Ceci vient de l'étymologie de Lavaux. En effet, en arpitan « la vau » signifie « la vallée ». La lettre « x » a été rajoutée à la fin pour signifier que le dernier son voyelle, ici « au », doit être prononcé. Cette règle s'applique à tous les toponymes de langue arpitane »
Comme je ne vais pas faire l’intéressant en faisant accroire que je suis incollable sur le vignoble de Lavaux, pour les précédemment cités je leur conseille d’aller ICI